A la recherche du temps perdu…
Je vous écris d’un coin de paradis, le temps est suspendu, dans mes oreilles les cigales, face à moi une vue plongeante sur les olivier et nichée au fond de la vallée, ma précieuse Florence. Bientôt arriveront la limonade maison et des olives savoureuses bien que toute petites.
Pendant ce temps-là, je sais qu’en Wallonie et en Allemagne, beaucoup vivent un drame. J’agis et agirai comme je pourrai. Je me sens privilégiée et un peu honteuse d’être en vacances et de me sentir bien, de n’avoir rien perdu… J’ai décidé d’en profiter, même si j’ai peur de ce que je vais trouver en rentrant et de me sentir bien impuissante. Je referme cette parenthèse.
Cet article porte le nom d’un célèbre roman que je n’ai jamais pris le temps de lire. Tout comme je n’ai plus réussi à prendre le temps d’écrire, emportée dans un tourbillon d’activités, de travail et de stress. Stress lié aux maladies de certains collègues, à l’incertitude sanitaire sanitaire et aussi à mon incapacité à gérer correctement mon temps et les inévitables corvées du quotidien ces dernières semaines. A peine fini le travail, je devais me préparer à partir 10 jours et cela m’a mis dans un état de nervosité absurde sans qu’il y ait vraiment de cause…
Du coup, non je n’ai pas écrit le bilan du mois de juin. Je ne me suis pas non plus étendue sur le film Drunk et je n’ai pas cherché à vous persuader qu’il faut absolument que vous le voyiez pour tout un tas de raisons. Mais faites moi confiance et allez le voir et si vous n’êtes pas content je vous rembourse.
Je n’ai pas réussi à trier et ranger correctement mon appartement (et tout cela me parait si dérisoire à l’heure actuelle et je revois sérieusement mon rêve d’avoir une maison avec vue sur l’eau). Je n’ai pas appelé ma grand tante qui a été opérée il y a un mois (mais je l’ai fait aujourd’hui, lors d’une étape d’un tour que je faisais à vélo dans les collines toscanes).
A la place, je me suis couchée tard, j’ai essayé de reprendre le sport de manière régulière, mais je me suis choppé une tendinite, j’ai fait un stage de guitare le soir après le boulot et surprise c’était gai mais pas un super timing.
Puis je suis partie, enfin, quand même. Et je suis arrivée en Italie. J’ai lézardé au bord d’une piscine dans un agritourisme couronné par les vignes . J’ai vu de la famille. Découvert un peu mieux les rives du lac de Garde. Sur mon vélo électrique de location. La sensation de bien être que j’avais vécue à Texel en 2017 m’a pénétrée à nouveau.
Et enfin direction la Toscane et la pensione Bencistà, découverte avec émerveillement il y a deux ans. Une petite déception d’abord car je n’ai pas la même chambre qu’il y a deux ans et elle était parfaite. Mais je m’en accommode vite. Je me gave à nouveau de cette vue imprenable. Je revois mes amies, je fais connaissance avec un nouvel enfant. Je lis les aristochats en Italien à sa grande sœur, qui me corrige car j’ai dit jaloux (geloso) au lieu de gourmant (goloso) puisque comme tous les enfants de son âge, elle connait les histoires par cœur même si elle ne sait pas lire. J’apprends de nouveaux mots, je me souviens d’autres.
Le deuxième soir, hier, je descends dans le jardin de la pension au crépuscule et je revis cette sensation de calme et d’alignement que j’avais déjà vécue en arrivant ici. Etrange. Une connexion à cet endroit auparavant inconnu. Comme si j’avais toujours dû venir ici et que l’endroit prenait soin de moi. Au-dessus de moi, j’entends les autres clients qui terminent de souper. Leurs voix me parviennent telles des murmures.
Il est de certains lieux comme des personnes. Certains vous marquent et feront partie de vous quoi qu’il arrive. Ce n’est pas quelque chose du type « wow c’est tellement mieux ici, je voudrais y vivre, c’est nul chez moi ». C’est vraiment au-delà.
Je me suis laissée emporter. Mais à dire la vérité je n’avais pas de fil conducteur en tête en allumant mon ordinateur. Je voulais juste garder une trace de ces moments et me laisser dériver un peu. Savourer cet instant où rien ne presse et où un vent léger sèche mes mèches rebelles.
Je vous laisse avec ce que j’avais écrit en 2019 en ce même lieu…
Je vous souhaite une bonne suite de mois de juillet et je pense à tous ceux qui n’ont pas ma chance.
