« Evelyn » d’Orlando Von Einsiedel

J’ai récemment décidé de changer le format de mes bilans. En effet, en commençant ce blog, j’ambitionnais de parler de mes coups de cœur et si j’aime l’idée de conserver une trace de tout ce que je consomme, je trouve que ce qui me plait vraiment reste trop souvent noyé dans la masse. C’est pourquoi je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler d’un documentaire que j’ai regardé sur netflix. Je ne sais pas comment je suis tombée dessus (le hasard des suggestions, mais ça veut dire que je regarde vraiment des trucs assez glauques) ni pourquoi j’ai cliqué (thématique : le suicide…ah mais n’aurais-je pas un master en psycho ? ce doit être cela…), mais en tout car j’ai vraiment aimé et c’est pourquoi je lui dédie un article pour lui tout seul. ?

Evelyn Von Einsiedel (le frère du réalisateur donc) est un jeune homme d’une vingtaine d’années qui s’est ôté la vie il y a de cela une dizaine d’année. S’apercevant que les années passent et que la famille ne parvient toujours pas à exprimer ses émotions, Orlando, son frère et sa sœur, trentenaires, décident de partir pour une longue marche, notamment à travers l’Ecosse, dans des endroits que leur frère affectionnait. Au long de cette marche, ils seront accompagnés successivement par leur mère, puis leur père et leur belle-mère et enfin leurs meilleurs amis. Ils évoqueront leurs souvenirs, heureux et traumatiques, la mémoire de leur frère, ce qui les lie et ce qui les sépare… Ils auront également l’occasion d’interagir avec des étrangers au long du périple, qui les questionnent sur ce qu’ils sont en train de faire (puisqu’ils sont tout de même suivis par des caméras) et s’aperçoivent que beaucoup ont connu, de près ou de loin, une tragédie semblable. J’ai trouvé ce film intime (notamment grâce aux extraits de vidéos familiales du temps où tout allait bien) mais pas impudique, comme si cette famille nous faisait un cadeau. J’ai été extrêmement émue par l’émotion, mais aussi la poésie et la lumière qui se dégagent de cette œuvre brute. Elle a également le mérite de briser les tabous autour de la maladie mentale (Evelyn avait un diagnostic de schizophrénie), de montrer des hommes qui acceptent de montrer leurs émotions et leurs larmes et de rappeler que le deuil n’est pas un processus linéaire avec une ligne d’arrivée claire. A la fin, j’avais envie de leur faire à tous un énorme hug (ce que fait d’ailleurs un inconnu avec la sœur à un moment).

Si vous parlez/comprenez l’anglais, je vous partage ci-après un poème de Nicholas Evans que la fratrie lit à la fin du film…

If I be the First of us to Die

If I be the first of us to die,
Let grief not blacken long your sky.
Be bold yet modest in your grieving.
There is a change but not a leaving.
For just as death is part of life,
The dead live on forever in the living.
And all the gathered riches of our journey,
The moments shared, the mysteries explored,
The steady layering of intimacy stored,
The things that made us laugh or weep or sing,
The joy of sunlit snow or first unfurling of the spring,
The wordless language of look and touch,
The knowing,
Each giving and each taking,
These are not flowers that fade,
Nor trees that fall and crumble,
Nor are the stone,
For even stone cannot the wind and rain withstand
And mighty mountain peaks in time reduce to sand.
What we were, we are.
What we had, we have.
A conjoined past imperishably present.
So when you walk the wood where once we walked together
And scan in vain the dappled bank beside you for my shadow,
Or pause where we always did upon the hill to gaze across the land,
And spotting something, reach by habit for my hand,
And finding none, feel sorrow start to steal upon you,
Be still.
Close your eyes.
Breathe.
Listen for my footfall in your heart.
I am not gone but merely walk within you.

Je vous laisse avec l’envie, ou non de voir cette jolie œuvre/hommage.

Wish list pour un Noël plus responsable

Bonjour à tous,

Les fêtes approchent et, bien que ce soit une période que j’adore (voir mes articles des autres années ici et ), je suis de plus en plus effarée par la frénésie qui les entoure. Black Friday, razzias sur Amazon, stress des cadeaux et déception… Personnellement, je fais peu ou pas de cadeaux à cette époque. Ce n’est pas une tradition dans ma famille. Cela me permet de ne pas courir dans tous les sens, de ne pas surconsommer et participer à un système complètement fou, mais aussi d’économiser car, scoop, ne pas acheter, c’est toujours moins cher que d’acheter au black Friday.

Ce n’est pas pour cela que je n’ai jamais envie de rien, je suis humaine. J’ai décidé de compiler une petite liste de choses qui me font envie ou dont j’aurais besoin. Peut-être m’en offrirai-je l’un ou l’autre. Dans cette liste, vous ne trouverez pas de liens vers Amazon ou vers les grandes enseignes. J’ai envie de soutenir les artistes et artisans, les démarches respectueuses de la planète et du travail, ainsi que les cadeaux immatériels.

Je commence donc :

  • Un bijou en bois de chez Layla Amber : j’adore l’univers fleuri et forestier de cette artisane anglaise. J’ai déjà eu la chance de recevoir pour un anniversaire ce collier et je craquerais volontiers pour une pièce plus automnale. Tout est peint à la main et fabriqué en Angleterre.

  • Un bijou de chez Eclectic Eccentricity : autre marque anglaise, uniquement gérée par des femmes. Inspirée par les astres et la nature pour une touche originale. Pour ne rien vous cacher, je me suis commandé une paire de boucles d’oreilles et une bague que j’attends avec impatience. Si la qualité est au rendez-vous, je risque de m’offrir d’autres pièces ou de les demander à mon anniversaire.

  • Une écharpe ou un plaid en laine recyclée de chez The Tartan Blanket Co…pensez-vous que j’ai une obsession avec la Grande-Bretagne ?
  • Un abonnement presse. L’an dernier, mes parents me l’ont offert et je pense que je vais renouveler. J’apprécie d’avoir accès à une presse de qualité, de savoir que mon argent va à de vrais journalistes et de pouvoir lire tous les articles. J’étais tellement frustrée de ne pouvoir lire les articles réservés aux abonnés. Je ne regarde jamais de journal télévisé, n’écoute pas la radio tous les jours et je ne suis pas sur facebook. Je m’informe essentiellement en lisant la presse en ligne plusieurs fois par jour donc c’est un investissement que je referai sans hésiter.
  • Des bougies à la cire de soja ou de colza. Je suis en train de tester les bougies de Charroux et je voudrais aussi tester les Brandtkaarsen. J’ai trouvé ces références sur la page instagram de Mango and Salt, une blogueuse/influenceuse que je prends beaucoup de plaisir à suivre et qui poste des photos et articles très inspirants.
  • Je n’ai pas encore de smartphone et mon vieux nokia est mourant. Je n’ai pas encore franchi le pas, mais je pense qu’en 2020, je vais devoir entrer dans la modernité et m’acheter un smartphone. J’hésite sur le modèle, mais je sais que je l’achèterai sur Back Market, un site qui vend des téléphones (il y a aussi des tablettes, ordinateurs et de l’électroménager) de seconde main, reconditionnés et sous garantie. J’ai lu d’excellentes revues sur le site et j’aime que pour chaque article, il soit indiqué combien de déchets sont économisés par rapport à un achat neuf. Je trouve cela très satisfaisant. Avez-vous eu une expérience avec ce site ?
  • Une Kube box : sur le modèle des boites mensuelles beauté et autres qui fleurissent, cette box propose un livre et des accessoires autour de la lecture. On peut choisir entre un livre petit ou grand format et il y a aussi des box thématiques. On peut en commander une ou choisir un abonnement. Ce qui me séduit, c’est que le livre est choisi pour vous par des libraires indépendants sur base d’un questionnaire en ligne. C’est donc une surprise mais qui devrait nous correspondre. Pour les flemmards, cela évite d’aller en magasin, ça évite aussi les erreurs de castings si on l’offre à quelqu’un et ça encourage une petite entreprise et des libraires indépendants. Tout ce qu’on aime !

Le Coffret (Terres d'Irlande)
Le coffret Terres d’Irlande, malheureusement en rupture de stock…

  • Et enfin, plus surprenant, mais j’offrirais bien ou je m’offrirais bien un bain de forêt. En regardant « Les pouvoirs extraordinaires du corps humain » (j’adore cette émission), j’ai entendu parler de la sylvothérapie d’Eric Brisbare dans les Vosges et l’idée de me reconnecter à la nature ne peut que me séduite. Prendre un weekend pour ne faire que cela, méditer et être guidée. Ca a l’air de faire tellement de bien. Et puis j’adore les Vosges…

Voilà, comme vous le voyez, mes choix encouragent les artisans, la vraie presse, le retour à la nature et les choix écologiques. Je pense qu’il y a vraiment moyen de (se) faire plaisir pour tous les budgets et respectant la planète et sans céder à la surconsommation et à Amazon. Je n’en ferai pas un article, mais le Black Friday et l’effervescence qui a précédé m’ont vraiment rendue triste et en colère. L’idéal reste de moins consommer et je recycler. Bien sûr, je sais que ce n’est pas moi qui vais faire couler Amazon, mais chaque fois que j’investis un peu d’argent pour (m’) offrir quelque chose en seconde main ou en dehors des circuits de la production de masse, je me dis que je vote pour un autre monde, que j’encourage une personne et non des actionnaires de multinationales et que je suis en accord avec mes choix.

Et vous, qu’est-ce qui pourrait vous tenter de cette liste ? Qu’avez-vous peut-être déjà testé ou quelles alternatives pourriez-vous aussi proposer ?

Bilan culturel d’octobre

Bonjour à tou-te-s,

Je cours après le temps d’écrire en ce moment. J’accumule du retard, mais je constate avec bonheur que tous les jours d’anciens articles sont lus. Je vous remercie donc chers lecteurs, que vous soyez abonnés ou non. Je prends toujours autant plaisir à créer et rédiger le contenu que vous lisez et je pense que je le ferais même sans être lue, mais c’est sûr que ça motive ! N’hésitez pas à commenter et à me dire quels articles vous préférez. J’ai l’impression que ceux qui concernent l’écologie et le slowliving vous plaisent. Aujourd’hui, on se retrouve pour mon bilan culturel d’octobre, mais à l’approche des fêtes, je prévois également des billets sur la consommation responsable et l’écologie. A suivre donc…

En octobre, j’ai retrouvé une de mes séries anglaises chouchous, Les enquêtes de Vera. Cette saison, la neuvième, ne fait que 4 épisodes, donc je la savoure. Le personnage de Vera, vieille fille au look de paysanne fait toujours mouche avec son intelligence et sa bienveillance qui surprennent derrière son air bourru.

Je suis restée en Angleterre et j’ai poursuivi les aventures ou plutôt les mésaventures de la famille Shelby dans Peaky Blinders. A l’heure où j’écris, j’ai terminé la saison 5 et j’en parlerai en novembre. Je me demande tout de même à combien de flingues sur la tempe ou le front Tommy Shelby pourra survivre. Rien à voir, mais la musique de la série est tout simplement dingue, je pourrais écouter les épisodes les yeux fermés et ça vaudrait toujours la peine.

Je n’ai pas quitté le Royaume-Uni, mais j’ai rejoint l’Ecosse pour regarder, à la télévision cette fois, une autre série de la BBC « The Victim ». J’avais été quelque peu déçue par « The Bay », le mois dernier, mais « The Victim » a été une claque. Peut-être pas du niveau de Broadchurch, mais j’ai adoré cette série et je la recommande chaudement. L’histoire est originale. Ici point de meurtre, en tout cas au temps présent de la série. Les personnages principaux sont :

– une mère (à l’antipathie brillamment jouée par Kelly Mac Donald) qui a perdu son fils, assassiné des années plus tôt par un adolescent à peine plus âgé

– un jeune père de famille qui se fait tabasser et laisser pour mort sans raison apparente un soir d’Halloween.

Ces deux personnes, qui ne se sont jamais rencontrées, se retrouvent lors du même procès lorsque la première est accusée d’avoir provoqué et poussé à l’agression du second en révélant sur les réseaux sociaux qu’il était en fait le responsable de la mort de son enfant. L’adolescent coupable avait à l’époque reconnu les faits et retrouvé la liberté quelques années plus tard sous une nouvelle identité censée lui permettre de prendre un nouveau départ. Nul ne sait ce qu’il est devenu et Anna considère cela comme une injustice.

Cette série est un vrai suspense (Anna va-t-elle être condamnée ? Qui a agressé Craig ? Craig et Eddie J. Turner sont-ils la même personne ? et si ce n’est pas lui, où est-il ?), mais pose surtout intelligemment des questions nécessaires qui créent le malaise et pousseront chacun à se faire sa propre opinion : à quoi sert la justice ? à punir ? à réparer ? à protéger ? dans quel(s) cas a-t-on ou n’a-t-on pas droit à une seconde chance et qui peut en décider ? qui est la vraie victime du procès ?

Je ne spoile rien, mais vous aurez compris que j’ai été plus qu’emballée. Si vous l’avez vue, qu’en avez-vous pensé ?

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Côté cinéma, je suis redescendue en Angleterre et je suis allée voir Downton Abbey. J’ai savouré avec un grand plaisir mes retrouvailles avec le château, le personnel et la famille Crawley. Les scénaristes ont une nouvelle fois mis Dame Maggie Smith à l’honneur avec quelques répliques qui ne m’ont pas déçue, mais également des moments d’émotion. Certains trouvent que ce film est l’équivalent d’un Christmas Special, mais j’ai tout de même trouvé que c’était davantage que ça. J’ai aimé la dimension comique très présente et je trouve que c’est une belle conclusion pour la série. A noter que le film est visible sans avoir vu la série. On est sans doute un peu perdu au début évidemment, mais il suffit de se renseigner un peu. Par contre, attention, le film spoile la série bien entendu…

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Un peu de bonheur pour Tom et Thomas, deux de mes personnages favoris!

Côté littérature, j’ai changé de pays pour me rendre en Italie avec le court roman de Niccolo Ammaniti « Moi et toi ». Ammaniti est l’un des romanciers italiens contemporains les plus lus et il a récemment été le scénariste de la série « Il miracolo » (le miracle), chroniquée ici. Ce court roman parle de Lorenzo, un jeune adolescent doté d’une personnalité particulière et qui a du mal à s’intégrer. Pour se soustraire aux tracas de ses parents, il s’invente un groupe d’amis et une invitation à une semaine aux sports d’hiver. Le but : se ménager une semaine de tranquillité totale avec livres et jeux vidéos dans la cave de son immeuble. C’était sans compter sur le débarquement d’une demi-sœur quelque peu perturbée et avec laquelle il n’a jamais vécu. Ce roman se lit hyper vite et il est rempli d’humour et de sensibilité. J’ai été conquise et je le recommande, c’est un beau texte très touchant sur l’adolescence et l’amour.

Enfin, en octobre, j’ai eu l’occasion d’aller plusieurs fois à Bruxelles pour des activités diverses et variées, mais je pense rédiger un jour un article complet sur les adresses et activités insolites que j’ai pu découvrir dans cette capitale que j’aime de plus en plus.

D’ici là, je vous souhaite de bonnes lectures et de bons visionnages. Si vous avez des suggestions de livres pour cette saison, je suis preneuse. J’ai envie de lire des récits qui se passent dans des ambiances hivernales.

Bilan culturel de mai et juin

Cette fin de printemps a été bien chargée pour moi, entre répétitions et cours d’espagnol, j’ai peut-être regardé moins de choses, mais j’ai surtout l’impression que c’est le premier weekend depuis longtemps où je ne dois pas travailler ou courir pour respecter mes engagements.

Ma mémoire me jouera peut être des tours, mais voici ce dont je me souviens. Ce que j’ai oublié ne m’aura pas marqué.

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J’ai lu le second roman de la série « l’amie prodigieuse » de Elena Ferrante. Toujours en italien et toujours assez vite et en me rendant compte qu’il me manque pas mal de vocabulaire, même si cela ne gêne absolument pas ma compréhension du roman. Je suis toujours aussi accro et j’ai déjà entamé le troisième. J’ai aimé suivre Lila et Elena dans leur entrée à l’âge adulte. Rappelons qu’on ignore toujours, malgré les rumeurs, l’identité exacte d’Elena Ferrante, qui est un pseudonyme. Certains pensent même que c’est un homme ou que les romans sont écrits à 4 mains. J’ai rarement été aussi passionnée par des livres qui ne sont pas des thrillers, mais l’auteur réussit tellement bien à saisir au plus près l’intimité des pensées de ses protagonistes qu’elles ont eu tôt fait de me coller à la peau, ou plutôt à l’esprit. L’âge venant et avec lui la conscience politique qui s’éveille ajoutent encore une dimension supplémentaire qui en fait, en plus des chroniques d’une relation très particulière, la chronique de l’Italie secouée par la lutte des classes et de la féminité rebelle en quête d’émancipation. A suivre.

J’ai regardé la seconde saison de « 13 reasons why » aussi. Je trouve toujours cette série d’utilité publique. On aurait tort de croire qu’elle est faite pour être regardée par les ados. Je suggère un visionnage accompagné. Il y a des plus et des moins dans cette série. J’ai apprécié le traitement des séquelles d’un viol par exemple, il n’y a pas ici de bonnes et de mauvaises victimes et en cela la série, bien qu’étant militante, les soustrait à la pression de porter plainte absolument. Je n’ai pas aimé les apparitions de Katherine Langford, en vision pour Clay, ce n’était clairement pas nécessaire. Sauf lors de la veillée pour lui dire au revoir. Clay lui-même m’a énervée, mais je suppose que geindre et être en colère perpétuellement était une étape nécessaire de son processus de deuil. J’ai été touchée énormément par Alex, Justin et Zach. J’ai aussi aimé qu’on donne plus de place aux adultes. Même si tout cela reste très américain (le cas particulier du traitement réservé aux sportifs n’est pas pertinent chez nous) et que le tout donne parfois l’impression qu’on nous fournit les tous les stéréotypes possibles d’adolescents, je la conseille. Elle a le mérite d’être unique en son genre, d’offrir une représentativité large aux (soi disant) minorités et d’être un fabuleux appel à tendre la main et à ne plus détourner les yeux face à la détresse des autres.

Marcella-series-2

J’ai enfin regardé la saison 2 de « Marcella », série britannique teintée de scandinoir diffusée sur netflix. Le personnage principal est insupportable, mais très bien joué. Marcella est une enquêtrice en plein divorce et en plein conflit avec son ex. De plus, elle est toujours hantée par la mort de son bébé six ans auparavant. Elle est incapable de gérer ses émotions et souffre d’absences qu’elle s’efforce de cacher aux autres. Mais elle assure en tant qu’enquêtrice. La voici ici confrontée à des meurtres d’enfants qui portent une signature rituelle. La série est violente et parfois choquante, mais c’est vraiment du bon suspense. Et je me suis surprise à penser que ce qu’on ne pardonne pas à Marcella, c’est peut-être d’être une femme. Un personnage qui ici ne contrôle pas ses émotions, manque parfois d’empathie et n’est pas vraiment une bonne mère. En fin de saison, elle a le mérite de se confronter à ses traumatismes et la série en général fait des traumatismes (infantiles ou non) un thème récurrent. Alors s’il y a une saison 3, ce que semble présager le final, je donnerai encore sa chance à Marcella.

 

Bilan culturel d’avril

Me voici de retour pour un bilan printanier. Il est plus léger que le précédent, notamment parce que nous avons eu de beaux jours qui m’ont éloignée des écrans, mais aussi parce que j’ai eu des weekends off (voyage et réception d’amis) qui ne m’ont pas laissé le temps de « consommer ». Cependant, je dois dire que le peu que j’ai regardé était de qualité.

J’ai dévoré la seconde partie de « La casa de papel », toujours en espagnol sous titré. Cette seconde partie a fait la part belle aux histoires plus personnelles qui ont amené les protagonistes à effectuer ce braquage. On a moins vu les otages et c’est un peu dommage. Je trouve que la série aurait davantage pu exploiter cette forme de résistance, les scénaristes ont préféré se concentrer sur la lutte police/braqueurs. Bien sûr le syndrome de Stockholm est évoqué et on souffre pour cette pauvre Ariadna, mais la seule figure d’opposition qui reste est un Arturo Roman de plus en plus caricatural et c’est pour moi la petite faiblesse du produit. J’ai tout de même adoré la série, les questions qu’elle pose, son côté militant. Les policiers ne sont pas de mauvais bougres, mais on a envie de chanter « Bella Ciao » avec Denver, Moscou et les autres… On annonce une saison 3, ce qui me laisse dubitative, mais j’ai quand même envie de savoir ce qu’ils sont devenus et d’en savoir plus sur le lien qui unit Berlin et le Professeur, ainsi que sur le passé de Tokyo. Ce personnage, qui tient la narration et est donc central, m’est apparu comme une salope égoïste la majorité du temps. J’aurais besoin de savoir comment elle en est arrivée là.

J’ai aussi regardé la cinquième (déjà) série d’ « Endeavour » (« les enquêtes de Morse » en français). Pour ceux qui l’ignorent, cette série anglaise, dont l’action se déroule dans l’Oxford des années 60, est le prequel d’une autre célèbre série anglaise qui a fait les beaux jours de la chaine ITV (pour une fois que ce n’est pas la BBC) de 1987 à 2000. Endeavour (que l’on peut traduire par « effort ») est en réalité le prénom que cache honteusement l’Inspecteur Morse, célibataire mélomane et cruciverbiste acharné. La série originale a également fait l’objet d’un autre spin off, « Lewis », qui suivait, dans les années 2000, les aventures de Lewis, autre fois sergent de Morse et qui formait avec lui un tandem complémentaire. Pourquoi regarder ces séries et plus particulièrement « Endeavour » :

  • Pour la complexité de leurs personnages, l’évolution y est explorée davantage en profondeur et sur la longueur, ce qui me plait. Pas de rebondissements comme dans les séries américaines, mais davantage d’introspection et de fêlures.
  • Les duos de flics anglais sont toujours intéressants et complexes
  • Pour la reconstitution de l’époque : les codes sociaux, l’esthétique, les luttes sociales des années 60.
  • Pour la beauté d’Oxford et la musique de Barrington Pheloung qui a composé le générique de Morse et Endeavour en utilisant du code Morse pour intro
  • Pour les personnages féminins, peu nombreux, mais touchants et progressistes telle la douce Joan qui cherche à s’affranchir de son père trop protecteur (l’Inspecteur Thursday) et la jeune recrue Shirley Trewlove qui brille par son esprit et son professionnalisme mais est confrontée au sexisme de certains

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« Nos plus belles années » (1973) de Sidney Pollack. Je regarde trop rarement des classiques ou simplement des films plus anciens. Celui-ci m’a captivée et touchée. Les tempéraments bien dessinés des protagonistes, tiraillés entre leur amour, les ambitions artistiques de l’un et le militantisme ardent de l’autre…et Robert Redford était vraiment magnifique.

Documentaire « embrace » de Taryn Brumfit. A voir absolument. C’est un film réalisé par une photographe australienne. C’est beau, touchant, féministe, body positive et ça ouvre les yeux une fois de plus en nous encourage à nous accepter et à concentrer notre énergie sur des choses tellement plus importantes que notre aspect.

J’ai également lu plusieurs pièces de théâtre car je suis en recherche de notre nouveau projet, mais je n’ai pas encore eu de coup de cœur. Je n’en parle pas ici car personnellement je ne lis du théâtre qu’en vue de trouver un texte à mettre en scène. S’il s’agit juste de profiter d’un moment de lecture, je préfèrerai souvent un roman ou un ouvrage de référence.

Bilan culturel de février et mars : entre féminisme, Histoire et poésie

Je peine à maintenir le cap et la régularité sur mon blog. Pas que je ne vive rien d’intéressant à raconter, au contraire. Je m’astreins à beaucoup de discipline sportive et théâtrale (avoir étudié un minimum avant de me présenter aux répétitions) et je suis frustrée car j’ai tellement d’objectifs parallèles, mais je suppose que la procrastination fait partie de moi et que j’aime bien aussi être vautrée sur mon canapé. Voici que nous sommes en route vers le solstice d’été et que la clarté me donne le courage, entre une séance jambes à la salle de sport et un épisode de mon bien aimé Endeavour Morse, de m’attabler et de pianoter sur mon clavier.

Voici donc ce que j’ai consommé ces deux derniers mois :

Séries : la saison 2 de Grace et Frankie, la saison 1 de Lovesick, la saison 2 de Stranger Things, la saison 1 de la Casa de Papel, 7 seconds , Collateral, One of us et Requiem. Les 4 derniers titres sont des coproductions anglaises de netflix (sauf Seven Seconds qui est américaine). Le format est la mini série (entre 4 et 8 épisodes) et, mis à part Requiem qui appelle une suite, il n’y aura pas de saison 2. Peu de comédie, beaucoup de drame, de suspense et de tension dans ce binge watching hivernal. Ce qui ressort du lot c’est :

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  • Lovesick !!!! Le pitch – un mec avec une MST forcé de recontacter toutes ses conquêtes sexuelles – ne m’emballait pas plus que ça. Puis j’ai lu un article sur Madmoizelle et je me suis dit « pourquoi pas ? ». Et effectivement, pourquoi s’en priver ??? Ca se passe en Ecosse, ça parle d’amour et d’amitié, le héros (celui qui a la MST donc) est cute à se damner, et cet humour sarcastique….what’s not to love ? Le seul problème c’est que c’est trop court, 3 saisons rikiki à ce jour. Je me suis freinée et n’en ai regardé qu’une seule pour pas être en manque après. Go watch it !
  • La saison 2 de Stranger Things…faut il vraiment une explication ? Bon ok : bande de gosses pas farouches, années 80, nostalgie, monstres…excellent ! Sean Astin I love you !
  • La Casa de Papel : à trop trainer, maintenant tout le monde en parle, mais, quand je l’ai regardée, c’était pas comme ça. J’ai trouvé cette série en cherchant quelque chose à regarder en Espagnol pour rendre mon apprentissage sur Babbel plus vivant. Et comment dire ? Quel suspense, quelle originalité scénaristique, quel sens du détail et que de charisme (el Profesor te quiero…oui j’ai un homme dans chaque série, l’intelligence me séduit toujours). On se demande où cette histoire de prise d’otage dans la Maison de la Monnaie espagnole va nous emmener. On le saura demain puisque la seconde partie débarque sur Netflix. Ce sera la fin, on imagine mal une suite à une histoire de prise d’otage qui se termine et c’est sans doute mieux ainsi.
  • Dans les mini séries, j’épinglerais 7 seconds (dont je n’ai pas saisi le titre) pour son traitement périlleux et délicat de la question raciale aux USA (un thème qui revient dans beaucoup de séries et de films, ce qui est à la fois bon signe (on arrête de nier) et mauvais signe (ça n’a jamais été réglé) je suppose. En second, je dirais One of Us…je suis biaisée sans doute on me donne l’Ecosse, un double meurtre et un quasi huis clos familial et count me in ! C’est bien ficelé à nouveau mais c’est triste, je vous avertis.

Un documentaire : Secrets d’histoire « Les démons de Michel-Ange ». J’avoue, j’aime bien Stéphane Bern et puis ça m’a rappelé pas mal de souvenirs de ma vie en Italie. En ce moment, je ressens le besoin d’approfondir mes connaissances en histoire. Je n’étais pas réceptive ado et on ne me l’a, je pense, pas très bien enseigné. Je le regrette un peu maintenant et, moi qui aime me tenir au courant de l’actualité, je me sens très souvent extrêmement peu outillée pour comprendre les enjeux du monde moderne. De la lecture pas trop lourde à me recommander ?

J’ai pris le temps de lire 2 romans : « La maison du sommeil » de Jonathan Coe et « L’attentat » de Yasmina Khadra.

Le premier m’était tombé des mains il y a deux – trois ans et là, je l’ai lu en quelques soirs. Comme quoi c’est parfois une question de timing. Mes timides pas vers le minimalisme m’ont incitée à faire le tri dans ma bibliothèque et j’ai bien fait de donner une seconde chance à la maison du sommeil. Il y a pas mal de suspense et il faut un peu se concentrer car l’intrigue se déroule à deux époques différentes (un chapitre sur deux). Le twist final est inattendu, une fois de plus Coe ne fait pas dans la sobriété et aime les personnages absolutistes (un peu absurdes aussi). Son meilleur roman reste toutefois « Testament à l’Anglaise », saga familiale tourbillonnante et sidérante sur fond de tatchérisme.

J’avais déjà lu plusieurs livres de Jonathan Coe, mais encore jamais Yasmina Khadra, pourtant habitué des éloges du monde littéraire. Khadra, comme son nom ne l’indique pas, est un homme et Yasmina Khadra est un pseudonyme composé en réalité des deux prénoms de sa femme. C’était à la fois nécessaire (car il a servi dans l’armée pendant 25 ans) et révolutionnaire (quel acte féministe pour un algérien, je vous invite à aller lire ce qu’il dit de sa femme et ce qu’elle dit de lui, ça vous redonnerait foi en l’humanité). Je ne m’exprimerai pas sur la question israélo palestinienne, je n’ai pas eu la sensation de lire un ouvrage démagogique, même si la neutralité absolue n’existe pas. Bien sûr un tel roman ne peut qu’être politique, mais ce n’est pas ici son essence même. J’ai avant tout lu une histoire d’amour, une histoire d’amour qui se fracasse. J’ai lu une quête. J’ai lu l’histoire d’un homme qui perd tout ce qu’il a passé sa vie à gagner en fonçant aveuglément dans une seule direction en omettant de regarder en arrière de temps en temps. J’ai lu l’histoire de peuples qui avaient tout perdu et des fractures irrémédiables infligées à leur histoire et à leur dignité. J’ai lu de la nuance qui évitait la complaisance. Et plus que le fond, c’est la forme qui m’a séduite. Quel travail d’orfèvre et quelle puissance poétique. Ca chamboule et l’espace d’un instant, j’ai frôlé la sensation d’y être. Assurément je lirai d’autres livres de Yasmina Khadra.

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J’ai aussi vu 3 films au cinéma : « Wonder Wheel » de Woody Allen, « The Post » de Steven Spielberg et « Darkest Hour » (« Les heures sombres ») de Joe Wright. Je me suis beaucoup questionnée sur ce que signifiait pour une personne qui se dit féministe, d’aller voir un film de Woody Allen. Ses acteurs ne savent trop sur quel pied danser face aux accusations portées contre lui. La polémique suite à la couverture des Inrocks figurant Bertrand Cantat m’a amenée à me poser beaucoup de questions : si j’y vais, est-ce que je cautionne ? Peut-on aimer l’œuvre et mépriser les actes de l’homme ? A-t-on le droit de refuser à un homme, au nom de la décence, de s’afficher alors qu’il a purgé sa peine ? Est-il légitime d’exiger de lui une disparition plutôt qu’une réinsertion ? Le cheminement est toujours en cours et c’est l’important je pense, se poser des questions. Je n’écoute pas Bertrand Cantat, mais je suis allée voir « Wonder Wheel », l’atmosphère et est et Kate Winslet est tout bonnement au top, mais ça reste du Woody Allen sans trop d’inventivité, on sait où il va. Mais l’ambiance rétro et les couleurs de la fin de l’été dans une station balnéaire de la côte est en font tout de même un bon moment. Nous nous sommes tout de même demandées qui se moque de qui lorsque le personnage joué par Kate Winslet accuse son mari d’avoir un intérêt anormal (je ne me souviens plus des mots) pour sa propre fille (belle fille de Kate donc). Pied de nez à l’actualité ? Il faut oser ? Et convaincre une actrice de cette envergure de le jouer… A moins qu’Allen ne profite de cette réplique pour glisser une attaque plus directe à Mia Farrow , accusée d’avoir instigué ses enfants contre lui… Le saurons-nous un jour ?

« The Post » et « Darkest Hour » combinent un ensemble d’éléments appréciables qui les rendent difficilement criticables :

  • Des performances oscarisables et oscarisée pour Gary Oldman (qu’on ne reconnait tout simplement pas, big up au maquillage aussi)
  • On y apprend des choses, confer ce que j’ai dit plus haut
  • C’est compliqué au début, mais les éléments de compréhension de qui est qui nous sont distillés de sorte qu’on s’y retrouve avec un minimum de concentration
  • Du féminisme pour Meryl Strip
  • Tom Hanks a davantage de charme en vieillissant, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, malgré ce qu’on en dit !
  • Ces scènes au parlement anglais…ça vous prend aux tripes et je sais déjà que je visiterai l’endroit où se tenaient les réunions du cabinet de guerre de Churchill lors de ma prochaine escapade londonienne.
  • Voir Ben Mendelshon (Danny dans Bloodline) en George VI m’a fait plaisir et ses scènes avec Gary Oldman m’ont donné envie de revoir « A King Speech » (avec Colin Firth dans le même rôle faut il le rappeler) à la lumière de ce film ci. Ils devraient faire un coffret dvd si ça existe toujours…

Voilà, c’est tout pour le moment. Long et digressif, mais ça fait toujours autant de bien de ne pas juste laisser les choses filer mais de fixer ce qu’on a apprécié et qui mérite qu’on en laisse une trace. Je pense qu’en fin d’année, je ferai mon propre palmarès de découvertes toutes catégories…

Bilan Culturel: octobre

J’inaugure ici une nouvelle série d’articles qui me permettront de garder une trace de toutes mes découvertes. Je pourrai y revenir pour en approfondir l’une ou l’autre et faire des liens ou livrer une plus ample réflexion si un sujet m’amène à faire des recherches par la suite.

J’ai pensé à plusieurs catégories : séries, films, documentaires, musique, concerts, littérature, vidéos inspirantes, spectacle vivant, visites…

Ce mois d’octobre n’a pas été particulièrement riche culturellement. Cela s’explique sans doute par le manque de temps et de motivation à sortir, tous deux liés à mon implication dans les répétitions du spectacle dans lequel je joue actuellement. Néanmoins, voici mes découvertes du mois d’octobre.

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Séries :

  • « Happy Valley » (BBC), vu sur netflix
  • « Luther » (BBC), vu sur netlfix
  • « Stranger Things » (Netflix) Saison 1
  • « Mindhunter » (Netflix), première partie de la saison 1

Flims :

  • « le sens de la fête » (2017) de Toledano et Nakache, vu au cinéma
  • « Gosford Park » (2001) de Robert Altman
  • « American Sniper » (2014) de Clint Eastwood
  • « Kingsman 2 : le cercle d’or » (2017) de Matthew Vaughn

Vidéo : Ted Talk de Laurent Gounelle « comment devenir pleinement soi-même

De cette sélection, je retiens surtout Stranger Things et les trouvailles plus British. Stranger Things car cela me rappelle mon enfance et les films des années 80. De plus j’ai toujours aimé les films centrés sur les enfants et la bande de préados de cette série claque carrément. Pour le reste, Happy Valley et Luther comblent mon amour pour les séries policières anglaises, avec des personnages bien fouillés, écorchés vifs mais tellement charismatiques. La seconde mouture de Kingsman n’était pas aussi incroyable que la première, mais la barre était placée très haut. Quant à Gosford Park, je me souviens avoir voulou le voir à sa sortie, il y a très longtemps donc. Le casting est lêché et, si je l’ignorais au début, on reconnait très bien la signature de Julian Fellowes, scénariste de…Downton Abbey. L’intrigue criminelle sert déjà ici à dépeindre les rapports étroits entre le monde « d’en haut », les nobles, et celui d’en bas, « les domestiques ». Le tout est virevoltant et puis il y a Maggie Smith…what’s not to love ?

Pour le mois de novembre déjà en cours, j’espère avoir le temps de me poser devant un bouquin, je me rends compte que cela manque à cette sélection. Je sais aussi que j’irai prochainement au théâtre. A suivre…