Nouvelles Ardentes de Jean-Yves Buron

Aujourd’hui, je vous présente une lecture du terroir, celle du recueil de nouvelles de Jean-Yves Buron. Cela faisait un moment que j’étais tentée par cette lecture et j’ai finalement craqué lorsque j’ai trouvé l’ouvrage dans la librairie indépendante du coin de ma rue « L’Oiseau Lire ».

J’ai dévoré ce recueil en quelques heures. Je n’ai pas l’habitude de lire des nouvelles car je reste souvent sur ma faim, mais le fait d’avoir pour cadre commun la ville de Liège m’a donné une impression de microcosme même si les 5 premières nouvelles dépeignent des univers totalement différents et si le style d’écriture est éclectique. Dans chaque nouvelle, on retrouve néanmoins des éléments récurrents : la transmission des ambitions de justices sociale et écologique de l’auteur, une dose agréable d’histoire du patrimoine (on sent l’historien amoureux de sa ville) ainsi qu’une touche plus ou moins importante de surnaturel ou en tout cas de décalé. Un hommage poétique à Boris Vian dans « Lettre à ma fille » m’a également touchée. En lisant la dernière nouvelle, j’aurais aimé qu’elle soit un peu plus développée, mais c’est sans doute parce que je ne suis pas habituée aux formats plus courts.

Je ne regrette pas ma lecture et cela m’a donné envie de soutenir davantage d’auteurs de ma région qui s’engagent dans une démarche d’auto-édition.

Petits meurtres à Endgame d’Alexandra Benedict

Petite lecture complètement hors saison. Je l’ai vu partout partout sur mon instagram durant la période de Noël, j’ai fini par le lire en février et voilà seulement que je livre mon avis. J’abandonne toute idée de cohérence.

Alors celui-ci il cochait aussi toutes les cases de ce qu’on attend d’un cosy mystery de Noël : la campagne anglaise, une demeure familiale mystérieuse, au moins un meurtre, des énigmes, des descriptions culinaires et un arbre généalogique au début du roman. Malheureusement, j’ai été déçue. J’ai trouvé cette histoire de famille à la fois trop tordue et trop prévisible. Je ne vais pas m’étendre sur ce qui était prévisible car beaucoup de gens ont aimé et n’ont peut-être pas vu venir la fin. Mon feeling et mon avis n’engagent que moi. J’ai trouvé qu’il y avait trop de meurtres, pas assez de cosy (et pas suffisamment bien écrit pour que cela devienne un vrai polar), trop d’invraisemblances alors que les idées de départ (les énigmes) étaient bonnes. Il y a beaucoup de bonne volonté à vouloir moderniser le genre en introduisant des personnages issus de la communauté LGBT. Tout va trop vite et au final l’ambiance est malsaine. Bref, j’ai été déçue, probablement parce que j’en attendais beaucoup, j’attendais sans doute un « Testament à l’Anglaise » (le meilleur de Jonathan Coe) version cosy mystery. Je serais vraiment curieuse d’avoir l’avis de personnes qui ont lu ce roman, qu’est-ce qui vous a plu ? Déplu ? Je me sens presque mal de ne pas l’avoir apprécié et je ne suis personne pour critiquer la plume d’un(e) autre, mais je ne peux par dire autre chose.

Dans le même style, j’ai nettement préféré les deux volumes des « détectives du Yorkshire » (de Julia Chapman) que j’ai eu l’occasion de lire, « Agatha Raisin » (l’une des deux séries de cosy mysteries de M.C. Beaton) , « le cercle des derniers libraires » (de Sylvie Baron qui importe le genre en France) ou encore « le murder club du jeudi » (Richard Osman). Pour les amateurs, Caroline, de la chaine et boutique Caro from Woodland, a fait une vidéo assez complète sur le sujet. Vous pouvez la retrouver ici. Pour ma part, je pense que je lirai volontiers d’autres tomes des détectives du Yorkshire, c’est la série qui m’a le plus convaincue.

Super Hôte de Kate Russo

Nouvelle box Kube, nouvelle lecture, nouvelle chronique.

Cette fois, j’avais choisi de recevoir une des lectures chroniquée par les trois fondateurs de Kube (soit on donne des instructions soi-même, soit on demande à recevoir l’un des livres qu’ils recommandent chaque mois).

Résumé : Bennett Driscoll avait jadis un nom dans le monde de l’art londonien. Depuis que sa femme l’a quitté et que sa fille vole de ses propres ailes, il a décidé de mettre en location sur AirBed sa maison devenue trop grande pour lui. Pas loin de devenir accro aux commentaires laissés sur le site par ses hôtes, Bennett, à cinquante-cinq ans, est retranché dans l’atelier au fond du jardin avec la nette impression de faire du surplace. Est-ce l’image d’Alicia, par la fenêtre, qui le renvoie à sa propre solitude ? Celle d’Emma à ses obsessions et à ses angoisses d’artiste ? Ou celle de Kirstie à son incapacité à rebondir ? Sa rencontre avec Claire, serveuse dans un bar à vins de Soho, est peut-être l’occasion de faire un pas en avant ; encore faut-il lui expliquer pourquoi il est un étranger dans sa propre maison. Dans ce roman au sarcasme et à la liberté de ton savoureux, Kate Russo nous fait presque oublier, par sa légèreté, la profondeur des maux qu’elle dépeint.

Ce livre cochait plein de cases a priori : un personnage d’artiste, un questionnement existentiel, Londres… En plus la couverture m’avait aussi séduite. Au final, j’ai bien aimé mais sans plus. C’est très bien écrit et là n’est pas le problème, mais j’ai été un peu frustrée par le fait que l’autrice nous présente des personnages féminins bien dessinés et vivant un moment charnière de leur vie pour ensuite les zapper lorsqu’elles quittent la maison de Bennett. J’aurais aimé connaitre la suite de leur histoire, les choix qu’elles allaient faire, la façon dont chacune allait se reconstruire. Finalement, elles m’intéressaient autant sinon davantage que Bennett qui est également un personnage sympathique mais dont les choix m’ont parfois laissée perplexe. Au final une bonne lecture détente, mais pas de coup de cœur.

« Le bruit du dégel » de John Burnside

« N’importe qui aurait pu s’aventurer jusque-là, jusqu’à une maison qui ne figure même pas sur le plan et, dans ce cas, je me demande combien de temps la personne en question aurait mis à se rendre compte, d’une façon ou d’une autre, que l’histoire n’est pas le summum de ce qui compte en l’occurrence. Que ce n’est pas un récit unique, ni même multiple, qui fait la réalité. Que ce qui compte c’est l’étoffe du temps et du lieu, tous les évènements survenus un jour menant tous autant qu’ils sont à une rencontre qui ne dut rien au hasard, la chaleur du matin, les chants d’oiseaux et une conversation entre deux femmes qui avaient besoin, chacune à sa manière, de dire tout haut les histoires qu’elles conservaient in petto depuis bien longtemps – des histoires ordinaires, certes, d’amour perdu et de chagrin, et par-dessus tout de choses ni dites ni faites, mais des histoires qui ne font pas moins partie de l’étoffe pour autant. »

Kate, étudiante à la dérive, fait des « enquêtes » cinématographiques dans les rues désertées des banlieues pavillonnaires. Son père vient de mourir brutalement et elle noie son chagrin dans la défonce. Au cours d’une de ses déambulations, elle rencontre Jean, une vieille dame en pleine forme qui coupe son bois et prépare des thés délicats. Jean propose un étrange marché : elle veut bien raconter ses histoires, mais à condition que Kate cesse de boire.

Tandis que Jean déroule le mirage du rêve américain et règle ses comptes avec quelques fantômes, Viêtnam, guerre froide, mouvements contestataires, Kate affronte enfin son deuil impossible et retrouve une place dans le monde.

Avec sa prose magnétique et tendre, John Burnside rend le monde aux vivants et rappelle que seules les histoires nous sauvent.

J’ai beaucoup aimé ce roman, cette rencontre presque fortuite entre deux personnes. Au fil du roman, on se demande qui de Jean ou de Kate sauve l’autre. Kate troque sa sobriété contre des histoires et offre à Jean un réceptacle à l’histoire de sa vie et de ceux qui ont compté pour elle. C’est une histoire de deuil, de transmission, de guérison. L’auteur est écossais mais son roman se déroule aux U.S.A. et évoque souvent l’histoire, certains personnages des récits de Jean s’engageant dans l’armée ou dans la lutte pour les droits civiques. J’ai aussi adoré l’atmosphère feutrée et intimiste du roman. Kate évoque les évènements de sa vie qui se déroulent en parallèle de leurs rencontres, mais le cœur du roman ce sont les échanges entre les deux femmes, dans un café en ville où Jean tente de débusquer les aliments secrets contenus dans les pâtisseries de la patronne ou dans la cuisine de sa maison, nichée au cœur de la forêt et dont la description fait presque monter aux narines l’odeur des beignets aux pommes cuisinés par les deux femmes. Cette maison est un cocon où l’on vit en harmonie avec la nature. Le roman débute en plein été et se referme quasiment sur ton titre. Si je devais lui donner une note, ce serait sans doute un 8/10.

Rétrospective 2022

Fidèle à la tradition (parfois dans un carnet, parfois sur mon blog comme en 2018), j’ai dressé la liste non exhaustive des choses accomplies cette année. Cette année a été riche en célébrations puisque la plupart de mes amis et moi sommes nés en 1982, ce qui a donné lieu à de jolies fêtes d’anniversaire. J’ai également assisté à deux mariages et refréquenté les théâtres avec grand plaisir…

Janvier:

  • j’ai passé une soirée aux thermes Sané à Tongres
  • j’ai été à la patinoire de Liège avec ma filleule, sa soeur et leur maman
  • j’ai participé à un atelier d’écriture avec Le mot qui délivre

Février:

  • j’ai été voir une pièce en wallon au Trianon, une expérience amusante qui m’a fait me sentir jeune!
  • Je suis retournée au cinéma voir des films italiens « Io sto bene » et « Gli anni più belli« . Le second m’a fait pleurer de nostalgie
  • Je suis allée voir une expo immersive sur Magritte au musée de la Boverie
  • J’ai assisté à une représentation de « La Cerisaie » avec la divine Isabelle Huppert

Mars:

  • j’ai organisé un jeu de piste pour un anniversaire (pour une adulte) et cela a égayé mes journées pendant plusieurs semaines
  • j’ai participé à un atelier d’écriture
  • j’ai passé un weekend à Domburg, en Zélande et, malgré la saison, nous avons eu une chance incroyable car nous avons pu admirer l’éclosion du printemps sous un soleil radieux
  • je suis allée à Paris et j’ai pu y retrouver des amies, faire une balade en bateau sur la scène et visiter l’expo sur Marcel Proust au Musée du Carnavalet, organisée à l’occasion du centenaire de sa mort

Avril:

  • j’ai fêté mon anniversaire en au moins trois fois, entourée de la plupart des gens qui me sont chers, hormis ceux qui vivent à l’étranger
  • j’ai rejoué notre spectacle « Petit théâtre sans importance », créé en novembre 2021, lors d’un festival
  • je suis allée voir Alain Souchon qui, à 78 ans, a encore une voix qui tient très bien la route et déploie une énergie quasi juvénile sur scène

Mai:

  • j’ai organisé et animé une soirée quizz – blind test pour et avec ma troupe de théâtre. Une première!
  • j’ai présenté et réussi mes évaluations de solfège à l’académie. Je continue et petit à petit, ce que je joue commence à ressembler à quelque chose. Et surtout, cela m’amuse et me détend.
photo de bonheur choisie un peu au hasard

En juin, j’ai réalisé un de mes voyages de rêve. Je suis partie en Norvège! Les randos étaient difficiles, j’ai eu le mal de mer et mon sommeil était entravé par un soleil qui ne se coucha jamais, mais le sentiment qui m’habite en repensant à ce voyage est l’émerveillement. Calme, dépaysant, sauvage et merveilleux pays! Et une maison hyggelig à souhaits!

En juillet:

  • j’ai assisté à deux mariages sous le soleil
  • j’ai eu pour la première et j’espère dernière fois le covid!
  • je suis allée aux thermes Elaïsa, au coeur du part naturel de Haute Campine
  • j’ai passé à nouveau quelques jours en Zélande, à la Maison la Tulipe, à Zoutelande. Les Hortensias étaient en pleine floraison, la maison était magique et les plages d’une surprenante sérénité
  • j’ai à nouveau participé à un atelier d’écriture, mais en plein air cette fois!

En août, je suis partie en Italie. Retrouvailles, pizza, marche en montagne, piscine. J’ai également à nouveau visité une expo immersive, cette fois sur Léonard de Vinci. Elle se tenait dans une église désacralisée du centre de Florence et j’aurais bien passé la journée étendue à profiter des projections à 360 degrés sur les parois richement décorées et sculptées…

En septembre:

  • j’ai participé à deux jours de formation sur le thème des récits de vie et des albums jeunesse, cela m’a donné des idées de reconversion professionnelle partielle
  • j’ai passé un petit weekend à Bruxelles au cours duquel j’ai fait une matinée de yoga, suivie d’un brunch healthy et copieux

En octobre:

  • j’ai réitéré l’expérience du théâtre en wallon, dans une petite salle perdue dans la campagne à 45 minutes de chez moi. Une ambiance particulière et un public qui avait souvent deux fois moi âge ou presque
  • j’ai participé à une activité de team building façon escape game en extérieur dans les ruines d’un château médiéval. J’ai pu manipuler un arc à flèche mais je suis loin de posséder une adresse elfique
  • j’ai vu « Italie-Brésil 3 à 2« , une pièce de Davide Enia adaptée et interprétée par Fabrice Piazza. Le titre évoque un match de foot épique de la coupe du monde de 1982 et comment il est vécu minute par minute par les membres d’une famille sicilienne passionnée et superstitieuse. Un excellent moment pour tous, amateurs de football ou non, italiens ou non, je pense que tout le monde peut s’y plaire. Le tout accompagné d’un guitariste.
l’aubépine en automne
cosy à onderdepoort

Novembre:

  • j’ai joué dans 6 représentations des « Amoureux » de Carlo Goldoni, un classique du 18° siècle transposé dans l’univers musical et esthétique des années 60.
  • j’ai assisté, pour la première fois, au concert de la chorale d’une amie.

Et en décembre…je pense avoir tout dit dans le post précédent. J’ai le sentiment d’avoir bien profité de cette période que j’aime tant, même si elle est à nouveau passée à toute vitesse. Merci 2022 pour les souvenirs. Je réfléchis à présent à ce que je garde, ce que je laisse et ce que j’entreprends en 2023… Et vous? Quels souvenirs? Quels projets?

La magie de Noël

Et oui, déjà la veille de Noël, déjà le crépuscule de 2023. Malgré les mauvaises nouvelles sur l’état du monde, malgré les tracas pour des personnes proches qui ne vont pas bien, malgré le stress de la fin d’année au boulot, elle a encore opéré, la magie des fêtes. J’ai guetté comme chaque année les premières illuminations derrière les rideaux, dans les jardins, en ville. J’ai mis de l’huile essentielle parfumée à la cannelle dans mon diffuseur, j’ai regardé « Une tempête de Noël » sur netflix (et cela m’a rappelé mon voyage en Norvège, en transit par deux fois à l’aéroport d’Oslo, théâtre des intrigues de cette jolie série), j’ai profité de mon intérieur bien décoré et de boissons chaudes réconfortantes. Et en cette veille de Noël, j’ai décidé de réunir ici les petits plaisirs qui ont jalonné mon bien aimé mois de décembre…

Faire mon sapin bien entendu et aussi profiter de celui que mon amoureux a mis chez lui. Par chance, il aime la période lui aussi et son arbre est même plus joli que le mien. J’ai craqué sur quelques nouvelles décorations chez Intratuin moi…

J’en ai profité pour boire un verre et me promener sur les marchés de Noël de Maastricht, Liège et Visé. Peu friande de la foule et préférant les marchés de Noël artisanaux (sur lesquels je n’ai pas eu l’occasion de me rendre cette année), nous avons terminé hier la soirée dans un café historique de ma petite ville…

Je me suis émerveillée face aux matins couleur pastel avec une vue imprenable sur Liège…

Je me suis offert de jolis livres pour bouquiner au calme dans les prochains jours. « Je serai le feu » de Diglee, le routard « Voyages Italie » qui est sublime » ainsi que « Bournville », le dernier Jonathan Coe en version anglaise. Mais j’aurai l’occasion de reparler de ces pépites.

J’ai bossé mes morceaux à la guitare et passé de belles évaluations dans mon académie. J’ai pris le temps et remis des dizaines de fois l’ouvrage sur le métier. J’ai eu davantage le temps depuis la fin de mon spectacle et ça a porté ses fruits. J’ai fait du sport, pas intensément mais régulièrement, en écoutant à chaque fois ce que j’avais envie de faire plutôt que de suivre à la lettre un programme qui ne m’amuserait pas. Et ça c’est un progrès.

J’ai lorgné sur des boules de Noël d’un autre style que mon style traditionnel (rouge, doré, blanc, vert si vous ne m’avez pas encore cernée) et d’un autre budget aussi. L’an prochain, il se peut que je craque, que je décore un deuxième sapin où une branche à suspendre…

Les merveilles, dans un style slave…chez Sissy Boy

N’oublions pas les plaisirs du palais partagés avec des gens que j’aime. Un repas dans l’atmosphère chaleureuse à La Bonne Femme à Maastricht, après une promenade dans un froid glacial et un tour de grande roue!

Et enfin, un brunch de fin de spectacle, pour se retrouver un mois et demi après nos aventures théâtrales, reposés et festifs, à la Brasserie Curtius, située au pied de la montagne de Bueren dans des bâtiments classés… Un délice et un cadre magnifique. Je ne manquerai pas de tester la terrasse en été….

Voilà, j’arrête ici. Je me rends compte que j’ai bien de la chance d’avoir eu le temps et les moyens de profiter de cette période qui me tient à coeur et je me sens reconnaissante. Je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année…

Chronique littéraire: « Un bûcher sous la neige » de Susan Fletcher

Aujourd’hui, je viens vous parler de mon dernier coup de cœur littéraire ou plutôt d’un coup de cœur tout simplement. Il est venu à moi dans une box kube. Si vous ne connaissez pas le concept, il s’agit d’un abonnement mensuel (on peut aussi le faire en one shot, en offrant une carte cadeau ou pour soi-même, il existe également des coffrets thématiques mais je vous conseille de visiter leur site) à une box qui comprend un livre, ainsi que des goodies et souvent un thé à découvrir et/où une gourmandise. Le livre est choisi par un libraire indépendant sur base d’envies de lectures (style recherché, auteurs favoris, derniers livres lus) renseignée auparavant. Vous pouvez aussi choisir de recevoir l’un des trois livres chroniqués chaque mois par les fondateurs de Kube. Pour ma première box, j’avais renseigné des envies et j’ai donc reçu un roman qui se passe en Ecosse au XVII siècle.

Je vous laisse lire la quatrième de couverture : « Au cœur de l’Ecosse du XVII siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d’une prison putride, le révérend Charles Leslie, venu d’Irlande, l’interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Depuis sa geôle, la voix de Corrag s’élève au-dessus des légendes de sorcières et raconte les Highlands enneigés, les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse. Jour après jour, la créature maudite s’efface. Et du coin de sa cellule émane une lumière, une grâce, qui vient semer le trouble dans l’esprit de Charles »

J’ai d’abord été dubitative face à ce roman parlant de solitude et d’une époque tellement révolue, mais finalement, j’ai été happée en quelques pages par le personnage de Corrag, jeune femme au cœur pur condamnée pour sa différence, l’écriture parfois lyrique de Susan Fletcher et l’atmosphère générale du roman. Les chapitres alternent entre la longue « confession » de Corrag, de sa fuite depuis l’Angleterre à son témoignage à propos du massacre du clan Mc Donald, et les lettres écrites par le révérend Leslie à sa femme, empreinte au fil du temps de plus en plus d’empathie envers la soi-disant sorcière.

Ce roman m’a plu car il mêle un côté historique (le contexte politique de l’écosse est brièvement résumé en fin d’ouvrage et permet de s’y retrouver) et un autre très contemplatif. Corrag fait à certains moments quasi corps avec la nature et certains passages sont d’une beauté bouleversante. Je ne me suis pas du tout ennuyée malgré les longs passages descriptifs qui nous transportent vraiment dans un autre temps et d’autres lieux et aident à comprendre qui est Corrag. Ce roman est aussi un hymne à la tolérance face à la différence, à ces gens en marge, que nous ne comprenons pas, qui sont pourvus d’une sensibilité différente. Bref, si vous aimez l’Ecosse, que vous êtes fan d’Outlander, que vous chercher un roman hivernal avec un personnage féminin dont la fragilité est toute la force et que vous êtes sensibles à la nature, ce roman est fait pour vous. Il me tarde maintenant de découvrir davantage de romans de Susan Fletcher et je remercie Kube et Manon G. , la libraire au nez fin qui a choisi un livre parfait pour moi.

Long time no see…

Longtemps sans écrire. Ou plutôt sans poster. Vaincue par la procrastination, la frustration de ne pas parvenir à être régulière, la tendance à ne pas faire du tout les choses si je ne peux les faire bien. Des voyages, des maladies, un spectacle, du scintillant, du douloureux se sont mis en travers de mon chemin.

Et me revoici, j’ignore à quelle fréquence, j’ignore si ce sera avec cohérence, mais mon petit espace virtuel me manquait, alors un peu timidement, j’y reviens. Lect-eur-ice seras tu là?

Cette période est ma favorite de l’année, j’ai de jolis livres à chroniquer, un voyage en Norvège à imager et des ateliers d’écriture à partager.

En mars, j’ai fait un atelier d’écriture avec Eloïse du mot qui délivre. Le thème « Ego et détachement », et voici ce que j’ai produit. Ce sont des exercices et pour le premier, nous avions des mots (proposés par le groupe) à placer, je n’étais donc pas complètement libre…

Ego

Liberté Espace Temps Cadenas Priorité Chemin Choix Auto-examen

Mon Ego, ma priorité politiquement incorrecte. Notre relation est compliquée, parfois j’ai dû te regonfler, tempérer l’idéal que tu exigeais de moi, te questionner, me questionner sur la juste place à te donner. Auto-examen constant il fut un temps. Heureusement, au fil des ans, cette relation s’apaise. Je te connais mieux, tu m’acceptes comme je suis, errant sur des chemins parfois compris de nous seules. Avec le temps, je me donne la liberté de te donner de l’espace, de te laisser susurrer à mon oreille si je m’égare. De me rappeler qui je suis. Je m’interroge, j’examine, je trie les ingrédients et opère des choix qui m’autorisent à revenir à mon essence. C’est en m’étant fidèle que je peux aller dans la vie, libre, sans cadenas, sans chaines, prête à rencontrer tant d’autres egos blessés, bridés, surdimensionnés (mais le sont-ils réellement ?) et à ne pas me sentir menacée.

Tais-toi !

La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt, mais tais-toi, il me plait tant d’avoir la nuit rien qu’à moi !

Tu devrais te faire confiance, mais tais-toi, tu ne m’as pas toujours dit ça et voilà le résultat !

Tu dois tenir tes engagements, tout le monde compte sur toi, mais tais-toi, après tout je ne vivrai qu’une fois.

Tu me dois le respect, mais tais-toi, j’ai décidé que je ne le devais qu’à moi.

Ce n’est pas normal d’avoir peur de tout, mais peux-tu te vanter toi d’avoir combattu tant de monstres invisibles ? Ah, c’est bien ce qu’il me semblait ! Alors tais-toi !

Comme je m’en doutais, la partie « détachement » de l’atelier a été particulièrement agréable à aborder…

A bientôt pour des articles hivernaux comme je les aime…

40

Aujourd’hui, j’ai enfin 40 ans. Enfin oui, car après des mois à ne pas passer une semaine quasi sans que quelqu’un me rappelle que cette année ça allait être mon tour, j’avais hâte d’arriver à cette journée et de voir si subitement, j’allais constater les ravages du temps. Il est encore trop tôt pour savoir si je vais y survivre, mais je constate que comme pour les 20, comme pour les 30, pas grand-chose ne change, ni pour moi ni pour les autres. Si ce n’est le regard que l’on nous porte, que l’on se porte à soi-même aussi, mais peut-on dissocier les deux ?

Cette année j’ai tout fait pareil, pas de grande fête, pas de tenue extravagante, pas d’envies démesurées. Pourtant j’en fais un article me direz-vous…eh bien oui tout de même, car ces 40 ans riment, à quelques mois près, avec mes 15 ans dans l’asbl où je travaille. Et cette stabilité ça me travaille. Je réfléchis depuis des mois à ce que je veux garder dans ma vie, voir fructifier, élaguer, cultiver, ce dont je veux me délester.

Mon amie Nuria, qui ne me lira probablement pas car elle est espagnole et ne connait pas l’existence de ce blog, termine souvent ses posts instagram très spirituels par des hashtags tout aussi spirituels, tels que « si te hace feliz aumenta la dosis » (ça sonne tellement mieux en espagnol, comme à peu près tout d’ailleurs). J’aime planifier, j’ai un côté control freak et pourtant, je n’ai jamais réussi à avoir de plan bien défini pour ma vie. Quel métier faire ? Où vivre ? Vivre seule ou non ? J’ai navigué à vue et continue à le faire, cela répond sans doute tout de même à un besoin de liberté.

A 40 ans comme à 20, je m’assois toujours à même le sol dans les gares si le train a du retard et que je suis fatiguée. A 40 ans comme à 15, je fais toujours la grasse matinée. A 40 ans comme toujours, je porte quelquefois des vêtement dont j’ignore moi-même s’il sont vraiment beaux, littéralement un exercice de style. A 40 ans comme à 10, je n’imagine pas ma vie sans mes parents. A 40 ans comme à 18, j’attends toujours ma lettre d’admission à Hogwarts (oui j’étais déjà un peu vieille je sais). A 40 ans, j’ai toujours les mêmes amis que quand j’avais 3, 10, 12, 18, 23, 30 ou 35 ans. Je les accumule sur mon chemin, c’est peut-être cela finalement mon projet familial atypique. Quel réconfort de ne pas évoluer parfois, d’éprouver la solidité des liens, la force de l’habitude et le détachement toujours plus grand du regard des autres.

Et maintenant ? Et maintenant, je veux encore plus de tout cela, je veux m’asseoir dans de nombreuses gares, fouler de nombreux quais qui m’emmèneront aux quatre coins de l’Europe et peut-être au-delà. Je voulais aller en Andalousie et en Cornouailles avant mes 40 ans. Ce n’est que partie remise. A la place cette année, un autre rêve, la Norvège. Le pays le plus cher d’Europe en pleine inflation spectaculaire d’à peu près tout. Après nous les mouches dit-on ! Je veux encore plus de théâtre, de moments complices avec mes partenaires, de stress en coulisses, de nuits trop courtes, de projecteurs qui font mal aux yeux et de fierté. Je veux oser mes propres projets professionnels, me prendre au sérieux, proposer des choses et des façons de faire en totale conscience et confiance envers qui je suis et ce que je suis capable d’apporter. Je veux être avec les gens que j’aime, enfants, amis, parents, aînés, fabriquer des souvenirs pour dans 5-10-15-20-50 ans même. Je veux parler espagnol, jouer de la guitare, écrire, courir et jardiner, le tout sans pression ni échéance. Je pense que je tiens le bon bout. Et si l’univers m’envoie une petite maison à prix raisonnable avec un petit jardin et une petite pièce bureau-bibliothèque, ce sera la cerise sur le gâteau.

Et vous, est-ce que les chiffres ronds vous mettent la pression ou vous font philosopher ?

Et pour conclure, juste comme cela, une capture du superbe film qu’est « Boyhood »…

Toutes mes vies… (atelier d’écriture)

La semaine dernière, j’ai suivi un atelier d’écriture intime avec le mot qui délivre. Le thème « toutes mes vies ». Nous avons passé deux heures sur un exercices pour délier notre plume puis deux consignes plus conséquentes. Je me risque à publier ici le premier exercice ainsi que la première consigne. Si cela vous tente de faire pareil en commentaire, je me ferai un plaisir de vous lire…

Qu’est-ce qu’une vie ?

Une vie c’est un cadeau non sollicité pour celui qui le reçoit, parfois aussi pour celui, celle, ceux qui le conçoivent.

Une vie c’est un nouvel éphémère chaque matin.

Une vie c’est une table pas si rase sur laquelle il faut trouver où poser ce qui va nourrir l’envie de continuer.

Une vie ce n’est jamais tout à fait la nôtre. Une vie c’est se cogner à celle des autres.

« Une vie » c’est un roman de Maupassant (que je n’ai pas lu).

Une vie c’est au moins une chose qu’on a en commun.

Une vie c’est fait de hasards, de coïncidences, de nuits d’insomnies à faire des choix pour les défier, de matin gonflés de sommeil à force de ne pas y arriver…

La Liste de toutes mes vies

Ma vie de solitude choisie, d’introversion heureuse, d’intensité intérieure

Ma vie d’amie enthousiaste, entourée de mes frères et sœurs nés d’autres ventres

Ma vie d’éternelle étudiante, d’assoiffée d’apprentissages, d’incorrigibles éclectismes

Ma vie choisie sans enfant à moi, à écouter ceux des autres, à chérir ma filleule comme si elle était mon sang, à chérir mon enfance, à ne pas vouloir grandir

Ma vie de petite fille d’immigrés, au cœur morcelé, au cœur dont certains bouts ont la saveur de l’olive et des racines adriatiques

Ma vie d’énergies alternées, paressant sans culpabilité ou m’agitant avec avidité

Ma vie sur les planches, grisée par la poussière des coulisses, vivant pour le pouls agité des soirs de première, pour l’éblouissement des projecteurs, pour la transmission des mots

Ma vie pour la transmission finalement. Ma vie pour les histoires. Pour le lien tissé jour après jour. Pour les passages du clair à l’obscur.

Ma vie par procuration, héroïne de romans ou de films

Ma vie faite de petites absurdités et de grandes révélations

Ma vie d’amoureuse qui compose pour l’aimer aussi fidèlement que librement, pour rester libre d’être fidèle à moi-même.