« Le chateau d’Eppstein » d’Alexandre Dumas

Une fois n’est pas coutume, je change drastiquement de registre pour parler d’un livre méconnu d’un grand auteur classique. Il s’agit à nouveau ici d’un roman que l’ont pourrait classer dans la catégorie du conte gothique. J’ai déjà parlé de ce genre que j’affectionne ici. Je dois avouer que j’ai eu un peu de mal avec certains passages du livre qui se trainent en longueur. Il n’y a vraiment pas beaucoup de rebondissements et l’on passe beaucoup de temps dans les pensées du jeune baron d’Eppstein. Les passages fantastiques sont néanmoins sobres et captivants. Alexandre Dumas réussit à nous faire frissonner dans la fameuse chambre rouge qui communique avec la crypte. Et bien sûr, je ne vais même pas me permettre de commenter la qualité de l’écriture.

J’ai été surprise et contente de découvrir Alexandre Dumas d’une autre façon. Adolescente, j’avais dévoré ses romans de cape et d’épée « Les trois mousquetaires » et « Vingt ans après », ainsi que « La Reine Margot ». Ce sont selon moi des classiques intemporels et je pense que des générations d’adolescents pourraient encore se passionner pour ces romans historiques, épiques, mêlants intrigues amoureuses et récits de capes et d’épées. Celui ci était plus confidentiel, à part dans la bibliographie de Dumas, mais néanmoins très intéressant, poétique même. Si j’ai le temps, j’aimerais un jour découvrir également « Le Comte de Monte Cristo », qui compte lui aussi beaucoup de fans. Et vous, avez vous lu Dumas?

« Bournville »-« Le Royaume Désuni » de Jonathan Coe

En cette semaine post-couronnement, il est très opportunément question d’un de mes auteurs favoris, j’ai nommé Jonathan Coe, dont j’ai lu le dernier roman « Le Royaume désuni ». Je l’ai lu en anglais, langue dans laquelle il est intitulé « Bournville », du nom d’une ville, ou plutôt une cité-jardin,  entièrement construite par une communauté Quaker à la fin du 19° siècle pour abriter la fabrique de chocolat « Cadbury » et ses employés.

Le roman est structuré en un prologue et 7 chapitres qui suivent les personnages d’une même famille et leur entourage alors qu’ils vivent de près ou de loin les grands évènements de l’histoire anglaise de 1953 (couronnement d’Elizabeth) à mai 2020 (75° anniversaire de la libération) en passant par la victoire à la coupe du monde de 1966, disputée à domicile. Que dire ? Ce roman est à la fois une saga familiale, un récapitulatif historique, une réflexion sur l’identité anglaise et son rapport à l’Europe et à la Monarchie (des thèmes chers à Jonathan Coe et exploités dans presque chaque roman), une critique de la vie politique et diplomatique et une galerie de personnages savoureusement croqués, juste assez cocasses pour nous amuser et pouvoir rester totalement réalistes. On s’y retrouve baladé à toutes les époques, des rues de Londres, à la banlieue de Birmingham, sans oublier de faire un détour par le Pays de Galles. On y apprend également pourquoi le chocolat « Cadbury », emblématique de son pays, ne s’est jamais dégagé de marché outre-Manche (alors qu’il est très bon !). Et enfin, on y croise en caméo d’autres personnages de l’univers de Coe. Si ce roman ne fait pas partie de la saga de la famille Trotter (comme Le cercle fermé, Bienvenue au club et Le cœur de l’Angleterre), on y trouve des allusions à des membres de la famille et également un cross over avec « Expo 58 ». Cela m’a donné envie de relire tous ces romans dans l’ordre tant le souci du détail est poussé loin. Jonathan Coe adresse sans cesse des clins d’œil au lecteur et à ses personnages fétiches.

Comme vous l’aurez compris, j’ai adoré ce roman qui a fait vibrer mon cœur d’amatrice de culture britannique. Il m’a amusée et il m’a instruire. Il m’a émue et m’a donné envie de voyager et de lire encore davantage. Et, soyons francs, c’est déjà pas mal ! Vivement le prochain roman de Jonathan !

« Trio » de William Boyd

Bonjour à toustes, je vous reviens avec un roman anglais intitulé « Trio » de William Boyd. J’avais commencé ce livre en été. Je n’avais pas pu le finir et ce pour des raisons indépendantes de sa qualité. J’ai pris un risque avec lui, je l’ai repris là où je l’avais laissé, sans relire les 100 premières pages déjà lues. Défi relevé : je lui ai fait honneur en quelques jours et je n’ai globalement pas eu trop de mal à raccrocher à l’histoire.

Le trio dont il est question ici, n’est pas un trio amoureux, mais un trio de solitudes. Des personnages qui gravitent autour ou sont au centre d’une production cinématographique dans les années 60 : la femme du réalisateur qui se rêve écrivaine et se noie dans l’alcool, le producteur qui a toutes les peines du monde à ne pas se faire entuber par ses associés tout en se débattant avec son homosexualité longtemps refoulée et la jeune star américaine qui tente de tourner la page d’un mariage toxique et cherche l’amour et un second souffle en Angleterre. Ces personnages se croisent finalement assez peu, mais gravitent dans les mêmes cercles.

J’ai beaucoup aimé ce roman qui conjugue des qualités de narrations à des aspects qui me plaisent en tant que lectrice :

  • Les années 60 et le monde du cinéma et des artistes est dépaysant et donne envie de revoir ses classiques
  • Des personnages un peu pathétiques, énervants parfois, mais attachants la plupart du temps et qui vont tous trois devoir faire des choix et entrer en transformation au cours du roman, avec des issues diverses. Le monde intérieur de chacun est si bien développé qu’il est facile de se mettre dans leur peau
  • Une écriture dynamique pour former un tout cohérent
  • De jolies références et réflexions sur ce qu’est être acteur, écrivain, ou travailleur de l’ombre.
  • Du suspense car vraiment on ne sait pas comment chacun va se dépatouiller avec son sac de nœud
  • Une bonne dose d’humour et de situations cocasses sans être grotesques.

Si vous êtes sensibles à ce que j’énumère ici et que vous avez envie de quelque chose de bien écrit et typiquement british – du fond et un vrai questionnement existentiel avec ce qu’il faut de lumière et d’humour – je vous conseille vivement ce roman. Avez-vous déjà lu William Boyd ?

« Succès mortel » de Miranda James

Cette semaine, je reviens avec la lecture d’un nouveau cosy mystery sélectionné pour moi par cube. Il s’agit du premier tome de la série « le chat du bibliothécaire », intitulé « succès mortel ».

Cette série n’est pas anglaise, mais américaine. Je l’ai préférée à « petits meurtres à Endgame » car elle respecte les critères du genre : une petite communauté, des lieux réconfortants (la maison du narrateur, les librairies, la bibliothèque), la présence d’un animal (un Maine Coon, coqueluche de la ville) et, bien entendu, du mystère et un enquêteur non professionnel. J’avais un peu senti venir le dénouement, mais l’intrigue était tout de même bien ficelée.

Je ne sais pas si je lirai d’autres tomes de cette série car ce roman n’arrive pas à la hauteur de ce que j’ai lu de mieux dans le genre, à savoir la série « Les détectives du Yorkshire » de Julia Chapman. Ce fut néanmoins une lecture agréable et rapide, parfaite avec un mug de thé le weekend.

« American Predator » de Maureen Callahan et quelques réflexion sur les contenus « True Crime »

La chronique d’aujourd’hui concerne un ouvrage « True crime », un genre très à la mode et controversé car accusé de glamouriser la violence et les auteurs de violence, surtout malheureusement à l’encontre des femmes. Moi-même je consomme ce contenu, mais je suis néanmoins interpellée par cet attrait et notamment la polémique autour de productions netflix, telles que « You » et « Dahmer ». L’une est une fiction, l’autre une série inspirée de faits réels et je ne les ai regardés ni l’un ni l’autre. Je pense que j’étais un peu à saturation et que le fait que j’ai pu abondamment lire combien le public trouvait les protagonistes beaux, attirants et suscitant l’empathie m’a un peu effrayée. Penn Badgley (qui campe le personnage principal de « You ») et Evan Peters (tour à tour érigé en sex symbol par certains et accusé d’être trop sexy pour incarner un tueur en série par d’autres) ont je pense eux-mêmes déclaré ressentir un certain malaise vis à vis de communautés de fans fantasmant sur les personnages qu’ils incarnent. Je ne sais pas quel est votre avis à ce sujet ni si vous en avez un, mais c’est une question qui me travaille. Le féminicide est enfin en passe de devenir un sujet politique et en même temps, j’ai le sentiment que tout une industrie en tire profit et que nous, public, femmes et hommes, sommes en quelque sorte fascinés par ces crimes.

Pour en revenir à l’ouvrage dont je voulais parler aujourd’hui, il relate la quête de divers agents des forces de l’ordre afin d’arrêter le ravisseur d’une jeune fille, dont on va rapidement s’apercevoir qu’il a déjà tué auparavant et pas qu’une seule personne. Il s’agit d’Israel Keyes et ce n’est pas un suspense car l’affaire a fait grand bruit et ses méthodes et sa préparation (il voyageait beaucoup et disséminait des « kits de meurtres » dans différents Etats pour n’y revenir commettre un méfait que des mois ou des années après) sont assez glaçants. Cet ouvrage est aussi haletant qu’écoeurant parfois. L’enquête est soignée et l’autrice a dû visionner les vidéos de la police et interroger les agents durant des heures et des heures pour nous livrer un résultat aussi complet. La jeunesse de Keyes est également documentée abondamment et donne des pistes pour comprendre l’horreur puisque, comme la plupart des tueurs en série, on découvre sans surprise qu’il n’a pas bénéficié d’une vie familiale « équilibrée » et favorisant le bon développement d’un enfant. Au final un ouvrage modèle du genre, assez malaisant, mais, pour en revenir à ce que je disais plus haut, c’est sans doute à considérer comme une réussite. Pour ma part, je pense que je vais m’écarter un peu de ce type de contenus et en revenir à des polars et enquêtes de pure fiction (un nouveau Lars Kepler est sorti et cet auteur fait partie de mes favoris) car je me rends compte que le suspense me plait et me détend, mais que j’ai de plus en plus tendance à être écoeurée face aux histoires de tueurs réels.

Nouvelles Ardentes de Jean-Yves Buron

Aujourd’hui, je vous présente une lecture du terroir, celle du recueil de nouvelles de Jean-Yves Buron. Cela faisait un moment que j’étais tentée par cette lecture et j’ai finalement craqué lorsque j’ai trouvé l’ouvrage dans la librairie indépendante du coin de ma rue « L’Oiseau Lire ».

J’ai dévoré ce recueil en quelques heures. Je n’ai pas l’habitude de lire des nouvelles car je reste souvent sur ma faim, mais le fait d’avoir pour cadre commun la ville de Liège m’a donné une impression de microcosme même si les 5 premières nouvelles dépeignent des univers totalement différents et si le style d’écriture est éclectique. Dans chaque nouvelle, on retrouve néanmoins des éléments récurrents : la transmission des ambitions de justices sociale et écologique de l’auteur, une dose agréable d’histoire du patrimoine (on sent l’historien amoureux de sa ville) ainsi qu’une touche plus ou moins importante de surnaturel ou en tout cas de décalé. Un hommage poétique à Boris Vian dans « Lettre à ma fille » m’a également touchée. En lisant la dernière nouvelle, j’aurais aimé qu’elle soit un peu plus développée, mais c’est sans doute parce que je ne suis pas habituée aux formats plus courts.

Je ne regrette pas ma lecture et cela m’a donné envie de soutenir davantage d’auteurs de ma région qui s’engagent dans une démarche d’auto-édition.

Petits meurtres à Endgame d’Alexandra Benedict

Petite lecture complètement hors saison. Je l’ai vu partout partout sur mon instagram durant la période de Noël, j’ai fini par le lire en février et voilà seulement que je livre mon avis. J’abandonne toute idée de cohérence.

Alors celui-ci il cochait aussi toutes les cases de ce qu’on attend d’un cosy mystery de Noël : la campagne anglaise, une demeure familiale mystérieuse, au moins un meurtre, des énigmes, des descriptions culinaires et un arbre généalogique au début du roman. Malheureusement, j’ai été déçue. J’ai trouvé cette histoire de famille à la fois trop tordue et trop prévisible. Je ne vais pas m’étendre sur ce qui était prévisible car beaucoup de gens ont aimé et n’ont peut-être pas vu venir la fin. Mon feeling et mon avis n’engagent que moi. J’ai trouvé qu’il y avait trop de meurtres, pas assez de cosy (et pas suffisamment bien écrit pour que cela devienne un vrai polar), trop d’invraisemblances alors que les idées de départ (les énigmes) étaient bonnes. Il y a beaucoup de bonne volonté à vouloir moderniser le genre en introduisant des personnages issus de la communauté LGBT. Tout va trop vite et au final l’ambiance est malsaine. Bref, j’ai été déçue, probablement parce que j’en attendais beaucoup, j’attendais sans doute un « Testament à l’Anglaise » (le meilleur de Jonathan Coe) version cosy mystery. Je serais vraiment curieuse d’avoir l’avis de personnes qui ont lu ce roman, qu’est-ce qui vous a plu ? Déplu ? Je me sens presque mal de ne pas l’avoir apprécié et je ne suis personne pour critiquer la plume d’un(e) autre, mais je ne peux par dire autre chose.

Dans le même style, j’ai nettement préféré les deux volumes des « détectives du Yorkshire » (de Julia Chapman) que j’ai eu l’occasion de lire, « Agatha Raisin » (l’une des deux séries de cosy mysteries de M.C. Beaton) , « le cercle des derniers libraires » (de Sylvie Baron qui importe le genre en France) ou encore « le murder club du jeudi » (Richard Osman). Pour les amateurs, Caroline, de la chaine et boutique Caro from Woodland, a fait une vidéo assez complète sur le sujet. Vous pouvez la retrouver ici. Pour ma part, je pense que je lirai volontiers d’autres tomes des détectives du Yorkshire, c’est la série qui m’a le plus convaincue.

Super Hôte de Kate Russo

Nouvelle box Kube, nouvelle lecture, nouvelle chronique.

Cette fois, j’avais choisi de recevoir une des lectures chroniquée par les trois fondateurs de Kube (soit on donne des instructions soi-même, soit on demande à recevoir l’un des livres qu’ils recommandent chaque mois).

Résumé : Bennett Driscoll avait jadis un nom dans le monde de l’art londonien. Depuis que sa femme l’a quitté et que sa fille vole de ses propres ailes, il a décidé de mettre en location sur AirBed sa maison devenue trop grande pour lui. Pas loin de devenir accro aux commentaires laissés sur le site par ses hôtes, Bennett, à cinquante-cinq ans, est retranché dans l’atelier au fond du jardin avec la nette impression de faire du surplace. Est-ce l’image d’Alicia, par la fenêtre, qui le renvoie à sa propre solitude ? Celle d’Emma à ses obsessions et à ses angoisses d’artiste ? Ou celle de Kirstie à son incapacité à rebondir ? Sa rencontre avec Claire, serveuse dans un bar à vins de Soho, est peut-être l’occasion de faire un pas en avant ; encore faut-il lui expliquer pourquoi il est un étranger dans sa propre maison. Dans ce roman au sarcasme et à la liberté de ton savoureux, Kate Russo nous fait presque oublier, par sa légèreté, la profondeur des maux qu’elle dépeint.

Ce livre cochait plein de cases a priori : un personnage d’artiste, un questionnement existentiel, Londres… En plus la couverture m’avait aussi séduite. Au final, j’ai bien aimé mais sans plus. C’est très bien écrit et là n’est pas le problème, mais j’ai été un peu frustrée par le fait que l’autrice nous présente des personnages féminins bien dessinés et vivant un moment charnière de leur vie pour ensuite les zapper lorsqu’elles quittent la maison de Bennett. J’aurais aimé connaitre la suite de leur histoire, les choix qu’elles allaient faire, la façon dont chacune allait se reconstruire. Finalement, elles m’intéressaient autant sinon davantage que Bennett qui est également un personnage sympathique mais dont les choix m’ont parfois laissée perplexe. Au final une bonne lecture détente, mais pas de coup de cœur.

« Le bruit du dégel » de John Burnside

« N’importe qui aurait pu s’aventurer jusque-là, jusqu’à une maison qui ne figure même pas sur le plan et, dans ce cas, je me demande combien de temps la personne en question aurait mis à se rendre compte, d’une façon ou d’une autre, que l’histoire n’est pas le summum de ce qui compte en l’occurrence. Que ce n’est pas un récit unique, ni même multiple, qui fait la réalité. Que ce qui compte c’est l’étoffe du temps et du lieu, tous les évènements survenus un jour menant tous autant qu’ils sont à une rencontre qui ne dut rien au hasard, la chaleur du matin, les chants d’oiseaux et une conversation entre deux femmes qui avaient besoin, chacune à sa manière, de dire tout haut les histoires qu’elles conservaient in petto depuis bien longtemps – des histoires ordinaires, certes, d’amour perdu et de chagrin, et par-dessus tout de choses ni dites ni faites, mais des histoires qui ne font pas moins partie de l’étoffe pour autant. »

Kate, étudiante à la dérive, fait des « enquêtes » cinématographiques dans les rues désertées des banlieues pavillonnaires. Son père vient de mourir brutalement et elle noie son chagrin dans la défonce. Au cours d’une de ses déambulations, elle rencontre Jean, une vieille dame en pleine forme qui coupe son bois et prépare des thés délicats. Jean propose un étrange marché : elle veut bien raconter ses histoires, mais à condition que Kate cesse de boire.

Tandis que Jean déroule le mirage du rêve américain et règle ses comptes avec quelques fantômes, Viêtnam, guerre froide, mouvements contestataires, Kate affronte enfin son deuil impossible et retrouve une place dans le monde.

Avec sa prose magnétique et tendre, John Burnside rend le monde aux vivants et rappelle que seules les histoires nous sauvent.

J’ai beaucoup aimé ce roman, cette rencontre presque fortuite entre deux personnes. Au fil du roman, on se demande qui de Jean ou de Kate sauve l’autre. Kate troque sa sobriété contre des histoires et offre à Jean un réceptacle à l’histoire de sa vie et de ceux qui ont compté pour elle. C’est une histoire de deuil, de transmission, de guérison. L’auteur est écossais mais son roman se déroule aux U.S.A. et évoque souvent l’histoire, certains personnages des récits de Jean s’engageant dans l’armée ou dans la lutte pour les droits civiques. J’ai aussi adoré l’atmosphère feutrée et intimiste du roman. Kate évoque les évènements de sa vie qui se déroulent en parallèle de leurs rencontres, mais le cœur du roman ce sont les échanges entre les deux femmes, dans un café en ville où Jean tente de débusquer les aliments secrets contenus dans les pâtisseries de la patronne ou dans la cuisine de sa maison, nichée au cœur de la forêt et dont la description fait presque monter aux narines l’odeur des beignets aux pommes cuisinés par les deux femmes. Cette maison est un cocon où l’on vit en harmonie avec la nature. Le roman débute en plein été et se referme quasiment sur ton titre. Si je devais lui donner une note, ce serait sans doute un 8/10.

Chronique littéraire: « Un bûcher sous la neige » de Susan Fletcher

Aujourd’hui, je viens vous parler de mon dernier coup de cœur littéraire ou plutôt d’un coup de cœur tout simplement. Il est venu à moi dans une box kube. Si vous ne connaissez pas le concept, il s’agit d’un abonnement mensuel (on peut aussi le faire en one shot, en offrant une carte cadeau ou pour soi-même, il existe également des coffrets thématiques mais je vous conseille de visiter leur site) à une box qui comprend un livre, ainsi que des goodies et souvent un thé à découvrir et/où une gourmandise. Le livre est choisi par un libraire indépendant sur base d’envies de lectures (style recherché, auteurs favoris, derniers livres lus) renseignée auparavant. Vous pouvez aussi choisir de recevoir l’un des trois livres chroniqués chaque mois par les fondateurs de Kube. Pour ma première box, j’avais renseigné des envies et j’ai donc reçu un roman qui se passe en Ecosse au XVII siècle.

Je vous laisse lire la quatrième de couverture : « Au cœur de l’Ecosse du XVII siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d’une prison putride, le révérend Charles Leslie, venu d’Irlande, l’interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Depuis sa geôle, la voix de Corrag s’élève au-dessus des légendes de sorcières et raconte les Highlands enneigés, les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse. Jour après jour, la créature maudite s’efface. Et du coin de sa cellule émane une lumière, une grâce, qui vient semer le trouble dans l’esprit de Charles »

J’ai d’abord été dubitative face à ce roman parlant de solitude et d’une époque tellement révolue, mais finalement, j’ai été happée en quelques pages par le personnage de Corrag, jeune femme au cœur pur condamnée pour sa différence, l’écriture parfois lyrique de Susan Fletcher et l’atmosphère générale du roman. Les chapitres alternent entre la longue « confession » de Corrag, de sa fuite depuis l’Angleterre à son témoignage à propos du massacre du clan Mc Donald, et les lettres écrites par le révérend Leslie à sa femme, empreinte au fil du temps de plus en plus d’empathie envers la soi-disant sorcière.

Ce roman m’a plu car il mêle un côté historique (le contexte politique de l’écosse est brièvement résumé en fin d’ouvrage et permet de s’y retrouver) et un autre très contemplatif. Corrag fait à certains moments quasi corps avec la nature et certains passages sont d’une beauté bouleversante. Je ne me suis pas du tout ennuyée malgré les longs passages descriptifs qui nous transportent vraiment dans un autre temps et d’autres lieux et aident à comprendre qui est Corrag. Ce roman est aussi un hymne à la tolérance face à la différence, à ces gens en marge, que nous ne comprenons pas, qui sont pourvus d’une sensibilité différente. Bref, si vous aimez l’Ecosse, que vous êtes fan d’Outlander, que vous chercher un roman hivernal avec un personnage féminin dont la fragilité est toute la force et que vous êtes sensibles à la nature, ce roman est fait pour vous. Il me tarde maintenant de découvrir davantage de romans de Susan Fletcher et je remercie Kube et Manon G. , la libraire au nez fin qui a choisi un livre parfait pour moi.