Bilan culturel de juillet

Bonjour à tous, me voici de retour pour le rituel mensuel. Ce mois-ci, j’ai avec plaisir consacré davantage de temps à la lecture. L’été est pour moi une saison qui s’y prête. Je suis naturellement une couche tard – lève tard et c’est encore accentué l’été avec la lumière qui nous accompagne tard dans la soirée. Comme je lis principalement avant de m’endormir, cela m’aide à lire davantage. Par contre ne parlons pas du supplice de la sortie du lit les jours de travail.

Ce mois-ci, j’ai donc pu terminer 3 romans qui sortent un peu de mes habitudes de lecture. Un classique et deux romans contemporains qui se ressemblent plus qu’on ne pourrait le penser :

  • « Le dixième homme » de Graham Greene
  • « Dans la forêt » de Jean Hegland
  • « Station Eleven » d’Emily St John Mandel

Je voulais lire un roman de Graham Greene. Comme j’avais vu le film de Brighton Rock, mon choix s’est porté sur « Le dixième homme ». En fait, il présentait surtout l’avantage d’être disponible à ma bibliothèque. C’est un livre qui n’est pas très long (212 pages dans l’édition que j’ai lue). Il présente la particularité de n’avoir été publié qu’en 1983 alors qu’il a été écrit en 1944, commandé par la Metro Goldwin Mayer pour servir de base au scenario d’un film qui ne sera jamais tourné. L’histoire est simple : durant la guerre, les Allemands détiennent 30 otages et leur intiment un soir l’ordre de désigner eux-mêmes trois d’entre eux qui seront fusillés le lendemain matin. A l’issue du tirage au sort, l’un de ceux désignés offre sa fortune à qui voudra prendre sa place. Un homme accepte le marché et se sacrifie alors pour assurer l’avenir de sa sœur et de sa mère. Il devient « le dixième homme ».  Ce début est assez rapide et l’essentiel du roman se concentre ensuite sur les conséquences de ce choix sur celui qui a survécu et sur la famille de celui qui est mort. Au-delà d’être un suspense assez haletant (cela pourrait toujours faire un excellent film d’époque), les thèmes abordés sont le pardon, la culpabilité, le sens de la vie, le mensonge… Car passé le soulagement de voir sa vie épargnée, on se rend bien vite compte que le protagoniste s’est condamné à une demi-vie, dépossédé de ses biens, de son honneur et de son identité. J’ai beaucoup aimé cette lecture et je vous la recommande. Je n’ai pas du tout trouvé cela daté.

« Dans la forêt » est un roman publié discrètement par Jean Hegland en 1996. L’autrice a essuyé de nombreux refus avant que son texte soit accepté par une petite maison d’édition. Il a finalement connu un succès national aux Etats-Unis et a été adapté au cinéma en 2014. Ce n’est qu’en 2017 qu’il a été traduit en Français et il connait en ce moment un beau succès en librairie, plus de 20 ans après sa rédaction. Son accueil timide il y a 20 ans de même que son succès actuel s’expliquent peut-être par son thème. Il s’agit de deux jeunes femmes, deux sœurs de 17 et 18 ans qui vivent, comme le titre l’indique, dans une forêt au moment où la société telle que nous la connaissons s’effondre. Il n’est pas mentionné comment cela est arrivé mais dès le début du livre on comprend que depuis quelques semaines ou mois, il n’existe plus d’internet, d’électricité et que bientôt on ne peut plus trouver d’essence ni de nourriture dans les rayons des supermarchés de la ville voisine. L’histoire relate donc l’apprentissage de cette nouvelle vie pour Eve et Nell qui doivent plus que jamais apprivoiser la forêt et ses ressources, se prémunir des maladies et intrusions tout en soignant leur relation entre lutte pour la survie et moments de renoncement. J’ai eu du mal à rentrer dans cette histoire où, de prime abord, il ne se passe pas grand-chose. La véritable aventure est ici avant tout intérieure, à mesure que s’opère chez Nell, la narratrice, un changement complet de perspective, de rapport à l’autre, à la vie et à la nature. Un roman que j’ai finalement beaucoup aimé et qui m’a captivée passées les premières dizaines de pages. Cela m’a aussi évidemment énormément fait réfléchir et fait prendre conscience à quel point je manque de connaissances et de compétences en termes de survie. Inquiétant à l’heure actuelle.

Enfin, j’ai eu un véritable coup de cœur pour « Station Eleven ». J’en avais eu un l’été dernier pour « Rebecca » (chroniqué ici) et depuis cette lecture, c’est le premier livre qui me captive ainsi. Il s’agit d’un roman post apocalyptique. Sans trop en dévoiler, je dirai juste qu’il ne s’agit pas d’une catastrophe écologique, mais rien de surnaturel non plus. Les chapitres alternent entre ce qui est le présent des personnages, à savoir l’an Vingt de la nouvelle ère, et de nombreux flash backs sur ce qui a précédé la chute de la civilisation et sur la façon dont les survivants se sont organisés après celle-ci. On y suit principalement une fanfare itinérante qui joue du Beethoven et du Shakespeare sur les routes depuis des années. Les chapitres se centrent sur des personnages qui ont connu une personne en commun, morte elle avant la chute.  Comme le précédent, ce roman fait un peu froid dans le dos et questionne notre pouvoir de résilience. Y sont abordées de nombreuses questions métaphysiques : les souvenirs sont ils un poids ou une force ? faut-il continuer à enseigner le monde d’avant aux enfants ? « Survivre ne suffit pas », tel est le leitmotiv de la fanfare. Je ne peux trouver le mot pour bien vendre ce roman mais je le conseille grandement, il est tout simplement magnifique, poétique, captivant. J’adore ce style de narration, éclatée au début et dont les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu sans effort, harmonieusement. Je lirai assurément les autres ouvrages de cette jeune autrice canadienne, des polars qui plus est.

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En parlant d’Eleven, admirez mon sens de la transition puisque je viens de regarder la troisième saison de « Stranger Things » (pour ceux qui ne regardent pas, Eleven est l’héroïne de la série, je ne vous ostracise pas, je n’ai jamais regardé Game of Thrones) et je voudrais épouser les frères Duffer ! Ou en tout cas l’un des deux. Quel bonheur cette série, j’ai l’impression que cette saison était la meilleure, mais j’avoue ne pas m’être repassée les deux premières saisons. J’ai tellement adoré, c’est bourré de références pop (et historique, les russes et les américains en prennent tous pour leur grade) qui me plongent dans une grande nostalgie, surtout le dernier épisode… « l’histoire sans fin », « retour vers le futur », mon âme d’enfant est toute émue. L’esthétique est folle, cela se clôture sur du David Bowie…on veut ma peau manifestement. J’ai ri (quelqu’un peut-il être plus drôle que Steve Harrington ? Seriously ?) eu peur et j’ai même versé une larme… Bref je suis prête pour la suite, mais il nous faut maintenant ronger notre frein durant quelques bons mois, si pas plus d’un an. Bon, revoir « Dark » saison 1 et regarder et comprendre la saison 2 devrait sans doute m’occuper un bon bout de temps.

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Girl Power!
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Funniest gang on earth

Niveau ciné, je suis allée voir « Rocketman » le biopic musical sur John Lennon et j’ai adoré. J’avais un a priori positif car je suis fan des deux films Kingsmen et donc de Taron Egerton qui joue Elton John dans Rocketman. Pour ceux qui ont vu Kingsmen, il est amusant de se rappeler le caméo hilarant de Sir Elton dans le second opus. Je me demande si c’est à cette occasion qu’Elton a pensé que ce jeune acteur pourrait l’incarner… Bref, pour en revenir au film, ce fut un excellent moment. On y découvre la jeunesse de Sir Elton, enfant sensible et délaissé, qui n’a véritablement reçu d’amour que de sa grand-mère. Musicalement, on se régale aussi puisque les meilleures chansons nous sont proposées. Cela donne lieu à des moments façon comédie musicale. Le reste du temps, le film est plus classique, les acteurs ne chantent pas les dialogues. Ce sont plutôt des capsules où la narration s’arrêtent et personnellement cela ne m’a pas dérangée, j’ai trouvé cela très originale. J’ai été touchée par l’histoire d’Elton. J’ai vu qu’il était producteur du film et je ne sais pas jusqu’où il a planché sur le scenario, mais le film ne m’a pas semblé édulcoré dans la mesure où l’on voit tout de sa descente aux Enfers. Je ne vous cache rien, Elton John est toujours vivant, donc cela se termine plutôt sur une note d’espoir. Mention spéciale à Jamie Bell (que je n’avais absolument pas reconnu) dans le rôle du meilleur ami et parolier d’Elton John, Bernie Taupin. J’ai été émue par cette histoire de l’amitié d’une vie et par la performance des acteurs. Richard Madden (vu dans Bodyguard) n’est pas mal non plus en producteur peu scrupuleux. Il se fait tailler un costard lui par contre. Et enfin, détail qui n’en n’est pas un : les légendaires mises en scène et costumes sont reconstitués et on en prend plein les yeux. A voir, sur grand écran si vous en avez encore la possibilité !

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Jamie Bell et Taron Egerton

Je conclus cet article avec un autre film vu à la télévision. En le regardant, je me suis aperçue que je l’avais déjà vu, probablement au cinéma, mais que j’avais oublié. Il s’agit de « Mr Holmes » de Bill Condon avec Ian Mc Kellen. On y suit un Sherlock de 93 ans, désormais à la retraite, qui se plonge dans sa mémoire défaillante à l’aide du jeune fils de sa gouvernante, pour résoudre une enquête qui le hante depuis des décennies. Parallèlement, l’homme et l’enfant cherchent à résoudre le mystère qui entoure la mortalité étrangement élevée de la colonie d’abeilles dont s’occupe le vieil homme. Ce film est inspiré d’un roman de Mitch Cullin et qui reprend le célèbre personnage de Sir Arthur Conan Doyle. C’est un film gentillet dirais-je, mais il ne ravira pas les puristes. En effet, Holmes, même affecté par le grand âge, est bien différent du personnage (quelque peu dénué d’affects et cocaïnomane, dont Benedict Cumberbatch propose une interprétation plus fidèle dans la série de la BBC) créé par Conan Doyle qui l’aurait sans doute renié. A voir par un après-midi pluvieux en repassant avec une tasse de thé à portée de main, ce que j’ai fait.

Voilà, c’est tout pour ce mois-ci. Je retiendrai principalement « Station Eleven », « Stanger Things » et « Rocketman ». Et vous, quoi de neuf ?

Voyage en Croatie (3): Ugljan

Bonjour, me revoici pour la suite et fin de mon voyage en Croatie. En réalité, je ne raconte pas les étapes chronologiquement puisque nous avons alterné les excursions longues, le temps passé à Zadar et, ce qu’on peut appeler les excursions courtes. Il s’agit des trois après-midis que nous avons passées sur l’île d’Ugljan qui se situe juste en face de Zadar. Son nom signifie l’île aux oliviers et il n’est absolument pas à remettre en question.  Elle en est recouverte, mais les figuiers parviennent néanmoins à se tailler une part de gâteau. Cette île fait 22km de long et 4km à son endroit le plus large. Au centre, c’est le maquis, le royaume des oliviers et des fleurs des champs. Il doit être fascinant de venir à la fin de l’été lorsque les olives et les figues sont mûres.

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Muline est sur la crique face à Rivanj

Sur la côté, les petits villages s’enchainent, ils sont sept je pense et sont presqu’entièrement  situés face à Zadar. De l’autre côté on trouve des petites criques et un relief plus escarpé qui fait face à l’archipel des Kornatis. Nous avons passé un après-midi à Kali, un autre à Preko et enfin le troisième, le jour avant de repartir, à Muline.

La traversée dure une petite vingtaine de minutes et ne coûte presque rien. On arrive alors à proximité du village de Preko. Pour aller à Kali, une marche de 3 km nous attend en longeant la mer et en admirant les jardins et potagers impressionnants des habitants. C’était manifestement la saison des artichauts. Kali n’est pas très touristique, mais c’était une étape importante pour nous car mon père y a passé une partie de ses étés enfant et adolescent et nous allions retrouver son cousin.

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Pour aller à Preko, il faut parcourir quelques centaines de mètres à l’opposé de Kali lorsqu’on arrive au port. Preko est un peu plus « touristique ». Le cousin de mon père nous a dit qu’en juin-juillet c’était la folie, mais début juin, tout paraissait si calme et serein. Nous avons cependant repéré énormément de petites maisons disponibles à la location pour les touristes. A Preko, on trouve des petits restaurants face à la mer, un bar, on peut également louer des vélos et il y a un supermarché. Le jour où nous y sommes allés, mon père et moi avons décidé de faire 8km à pieds pour monter jusqu’à un ancien fort/monastère  (San Mihovil) qui domine l’île et depuis lequel on peut admirer l’archipel des Kornatis. Nous avons ensuite passé la fin de journée étendus sur nos serviettes près du bar face à une autre petite île.

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Enfin, notre troisième excursion nous a menés à Muline. Pour ce faire, nous avons dû prendre une navette durant 30 minutes après le trajet en bateau. J’ai eu l’impression que ce bus parcourait l’île de long en large et qu’il n’y avait qu’une seule ligne, mais je me trompe peut-être. Une fois arrivés, nous avons mangé à la Pansion Stivon, sur une terrasse déserte qui donnait sur une crique non moins déserte. Seuls quelques bateaux à l’ancre à plusieurs dizaines de mètres du rivage rappelaient la civilisation. Je pense que je n’avais jamais connu une telle paix sur une plage en haute saison. Quel bonheur et quelle chance nous avons eue de pouvoir profiter de ce calme absolu durant plusieurs heures. Rien que le bruit des flots et la conscience de vivre un moment rare. J’en garde un souvenir ému.

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Pour conclure ce voyage, je dirais que je n’ai pas ressenti de connexion profonde avec le pays, même s’il m’a conquise. J’ai remarqué que les Croates étaient en moyenne plus grands que les italiens et les belges. Une drôle d’observation, mais étant plutôt grande, c’est une chose qui m’a frappée. Il était également étrange pour moi d’entendre mon père parler une langue à laquelle je ne comprenais rien et c’est aussi pour ça que, malgré la ressemblance qu’il peut y avoir entre la Dalmatie (occupée durant longtemps par les italiens) et l’Italie, je m’y suis sentie étrangère. J’espère tout de même y retourner un jour…

Présentement, mon prochain voyage commence le 30 juillet. En route pour Vérone (toujours sur les traces de ma famille), Florence (la ville de mon coeur, où j’ai étudié durant un an) et le Val d’Aoste (pour en prendre plein les yeux). Et vous, quels sont les pays ou les endroits où vous vous êtes sentis chez vous ou, au contraire, totalement dépaysés?

Voyage en Croatie (2): Sibenik et les parcs nationaux

Une des choses que je voulais absolument faire en Croatie, c’était visiter les parcs nationaux de Plitvice et Krka. Ce sont des parcs où l’on randonne dans un entrelacs de rivières et cascades qui serpentent et relient entre elles des lacs, le tout au sein d’une forêt luxuriante. Le plus spectaculaire étant Plitvice, nous avons choisi de commencer par Krka. A noter qu’il pleut souvent à Plitvice, donc nous avons établi notre programme en fonction de la météo. Les deux fois, nous avons loué une voiture pour la journée pour une soixantaine d’euros.

En allant à Krka, nous nous sommes arrêtés à Sibenik, une ville située à l’embouchure de la riviere Krka. Ce qui fait le charme de cette ville est le dédale de petites ruelles et escaliers escarpés qui surplombe la digue et mène jusqu’à la forteresse Saint Michel, que nous avons également visitée. La cathédrale Saint Jacques et les jardins du monastère, un peu plus haut, valent également le détour.

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Saint James vue depuis le fort Saint Michel

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Lorsque nous nous dirigeons vers le parc national, il est déjà plus de 15h. Un tarif réduit est appliqué à partir de 16h (150 kunas au lieu de 200 en haute saison), mais nous décidons de ne pas attendre. Une fois le billet acheté, un petit bus nous emmène jusqu’au point de départ de la balade (c’est une boucle donc aucun risque de s’égarer), ça descend et les virages sont très serrés donc je déconseille de le tenter à pieds.  Les bus sont fréquents de toute façon. La balade fait ensuite environs 4km de long. Nous avons pris notre temps, pris des photos aussi. Il y a des aires de repos et également, face à la chute la plus imposante, à mi parcours, un endroit où l’on peut se restaurer. Ca casse un peu le charme, mais bon, il faut bien faire son beurre et j’avoue avoir craqué pour une douceur à prix réduit. Mon verdict sur l’endroit c’est waouh. A deux pas du littoral, il est tout à fait étonnant de se retrouver ainsi plongé dans une forêt si dense et un relief accidenté. L’eau change de couleur à chaque angle de vue à cause de la végétation, du soleil, de la nature du sol. Marcher sur ces pontons en bois au milieu de la rivière est vraiment captivant et également apaisant et ressourçant. Je recommence chaudement la visite de ce parc national. Attention, ce n’est pas donné. Pour économiser, il est possible en été de venir après 16h et de profiter du tarif réduit. Vous aurez néanmoins le temps de faire la balade, en tout cas en été.

Deux jours plus tard, nous nous mettons en route pour Plitvice, à 1h30 de route de Zadar plus ou moins. Comme le recommande le guide du routard, nous choisissons de commencer la visite par les lacs supérieurs (il y a deux entrées) car la plus haute chute (70m) s’y trouve et est dans l’ombre l’ombre fin d’après-midi. Plusieurs circuits pédestres sont possibles. Nous choisissons de visiter les lacs supérieurs et inférieurs, c’est-à-dire une balade de 8 km dans laquelle est comprise une traversée d’un des lacs en bateau, ainsi que le retour au point de départ en navette. Au final, ce n’est pas loin de 6h que nous passerons dans ce parc qui compte 16 lacs reliés par des cascades. Nous ne sommes que début juin, mais il y a déjà une certaine affluence. De toute façon, autant y aller lentement et profiter au maximum. Car oui, on en a pris plein les yeux, j’ai été soufflée par la beauté de l’endroit, les nuances de bleu, la composition de chaque tableau dont la nature nous a régalés. C’était tout simplement magnifique et l’un des endroits les plus beaux qu’il m’ait été donné de voir, au rayon nature en tout cas. Je ne m’attendais absolument pas à tant de beauté, cela m’a rappelé des clichés que j’ai vus d’Afrique ou d’Amérique et cela m’a confirmé qu’il n’est pas nécessaire de courir le monde pour que la beauté du monde s’offre à nous, nue et innocente. Je vous laisse profiter de quelques modestes clichés qui ne nécessitent ni mots ni retouche.

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Voilà, suite et bientôt fin au prochain épisode… Et vous, quelle merveille de la nature vous a le plus ébloui?

Bilan culturel de juin

Bonjour à tous,

Petit intermède dans mes récits de voyages passés et à venir pour vous parler de ma consommation littéraire et autre en ce mois de juin. Enfin, surtout littéraire car je ne suis toujours pas allée au cinéma en juin (mais j’y suis déjà allée ce mois-ci et plein d’autres films me font envie) et niveau séries, j’ai principalement continué des choses déjà entamées avant. Par contre, en Croatie j’ai renoué avec un temps de lecture quotidien conséquent et c’est donc avec plaisir que je vais pouvoir parler de plusieurs romans.

J’ai notamment et finalement terminé « Duma Key » de Stephen King. Le premier livre de cet auteur mythique que je lisais. J’avais déjà tenté 22/11/63 qui avait été encensé par la critique et les amateurs, mais il m’était tombé des mains assez rapidement. C’est une amie qui m’a offert Duma Key lors d’un souper à 4 après les fêtes où chacune proposait un livre et repartait avec le livre d’une autre. J’ai donc mis presque deux mois à terminer Duma Key, livre dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, contrairement à plein d’autres de l’auteur. Voici la quatrième de couverture de l’édition du Livre de Poche :

Duma Key, une île de Floride à la troublante beauté, hantée par des forces mystérieuses, qui ont pu faire d’Edgar Freemantle un artiste célèbre… mais, s’il ne les anéantit pas très vite, elles auront sa peau ! Dans la lignée d’Histoire de Lisey ou de Sac d’os, un King subtilement terrifiant, sur le pouvoir destructeur de l’art et de la création.

Too much, kitsch, drôle, éminemment cinématographique façon série B, il y a du Tarantino chez King. Sabrina Champenois, Libération.

Terrifier son lecteur alors que son récit se déroule en plein soleil dans l’archipel des Keys, lieu paradisiaque à la végétation luxuriante et aux plages blondes, c’est ce que King fait de mieux. Tatiana de Rosnay, Le Journal du dimanche.

Ce que j’en ai pensé : Il faut savoir que le fantastique n’est pas mon genre de prédilection, mais ça vous l’aviez compris. Néanmoins, je suis contente d’avoir terminé ce bouquin assez conséquent. Il démarre en diesel et j’ai trouvé le début lent et même le milieu lent. Peut-être aussi parce que la fatigue me faisait clore les yeux après à peine une quinzaine de pages chaque soir sans vraiment réussir à m’immerger dans le récit. Cependant, je n’ai pas eu envie de laisser tomber comme pour d’autres livres. Je ne saurais dire ce qui a fait la différence, je pense que j’étais tout de même absorbée par l’atmosphère installée peu à peu par l’auteur. Pendant longtemps, j’ai senti quelque chose planer, une forme d’étrangeté, mais c’est seulement vers la fin du roman qu’elle est devenue menaçante puis terrifiante et à la fin, je ne pouvais quasiment plus lâcher le livre. Au final, ça m’a plutôt donné envie d’en lire un autre. A vous de me dire lequel. Etes-vous fan du maître ?

Au rayon séries, j’ai regardé les saisons 3 et 4 de « The Affair », une production de Showtime diffusée par Netflix. J’avais vu les deux premières saisons il y a longtemps (je pensais en avoir parlé ici mais je n’en retrouve pas la trace ) et j’étais ravie que la suite arrive sur Netflix. Je trouve cette série brillante, originale et captivante, bien que parfois, elle s’égare en voulant traiter trop de sujets à la fois. Au départ, le pitch est simple et le titre ne ment pas : on suit la relation extraconjugale de Noah et Allison (Ruth Wilson, vue en psychopathe dans Luther), ainsi que ses conséquences sur leurs vies et celles de leurs conjoints respectifs Helen (Maura Tierney – Urgences) et Cole (Joshua Jackson – Dawson, Fringe). Ce qui la rend exceptionnelle c’est :

  • La qualité incroyable de l’interprétation des acteurs principaux entre errance et résilience
  • La finesse psychologique et la construction des personnages qui traversent passion, deuil et traumatismes avec cohérence.
  • La force de se renouveler, même si certaines trames narratives de la troisième saison étaient évitables, c’est bien plus qu’une série sur une intrigue amoureuse.
  • Le portrait réaliste fait des psys et du travail de reconstruction, ainsi que de la dynamique familiale qui permet toujours une analyse plus poussée des actes posés.
  • Enfin, ce qui fait la particularité de la série et sa signature, le traitement des évènements selon plusieurs angles. Les épisodes sont divisés en deux et montrent au début les points de vue de deux personnes sur des évènements similaires. Par la suite, ce ne sera pas toujours le cas, mais les protagonistes se passent toujours le témoin de l’intrigue, le cédant occasionnellement à un personnage secondaire. C’est très innovant, parfois on ne sait plus où on en est après un épisode, mais cela rappelle surtout le caractère subjectif de l’expérience et la nécessité de prendre du recul avant de juger.

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Bref, sur le fond comme sur la forme, je vous recommande chaleureusement cette série. Attention cependant aux âmes sensibles, il y a pas mal de scènes assez crues et émotionnellement, cela peut aussi être violent. Si vous êtes déprimé, c’est à double tranchant.

Enfin, j’ai lu la trilogie de Douglas Kennedy « La symphonie du hasard ». Voici ce qu’en disait Christine Ferniot pour site de telerama lors de la sortie du premier tome :

Capable du meilleur (La poursuite du bonheur) et du moins bon (La Femme du Ve), Douglas Kennedy se révèle un champion des destins contraires. On s’installe dans ses romans avec l’assurance d’un plaisir confortable, renforcé par son sens de la dissection psychologique. Avec La Symphonie du hasard, le romancier se lance dans un ample projet : un roman fleuve couvrant une vingtaine d’années. Le premier volume de cette épopée américaine paraît ces jours-ci, les deux suivants seront disponibles en mars puis en mai 2018. Unissant petite et grande histoire, autobiographie et fiction, Douglas Kennedy réussit une fresque sociale et familiale pleine de trahisons, de mensonges et de culpabilité. Il choisit pour héroïne Alice, éditrice à New York, qui se souvient de son adolescence, dans les années 1970. Par son entremise, il plonge dans une famille middleclass de banlieue, une fratrie de trois enfants nés des amours d’une mère dépressive et d’un père catholique irlandais rigide et souvent absent.

Racisme, antisémitisme, homophobie, mais aussi éveil politique, coups d’Etat au Chili ou libération sexuelle… Douglas Kennedy lance son kaléidoscope et n’oublie jamais de serrer ses intrigues comme ses personnages en multipliant les détails de la vie quotidienne. On file boire une bière dans un « diner » décoré comme un wagon de train pour parler existentialisme. Van Morrison jaillit dans la sono. Les étudiantes fument des ­Viceroy et s’habillent « baba cool ». ­Richard Nixon prête encore serment sur les marches du Capitole… « Toutes les familles sont des sociétés secrètes », écrit le romancier, et en effet, les ­secrets ne manqueront pas — à commencer par un peu d’espionnage paternel à la solde de la CIA. Quand le premier tome s’achève sur un « A suivre » feuilletonnesque, on peste à l’idée d’attendre trois mois. C’est plutôt bon signe !

Douglas Kennedy est indéniablement un raconteur né, difficile de lâcher un de ses ouvrages. Comme dit plus haut, il y a eu du très bon et du moins bon, tant au niveau des intrigues (qui tendent à se répéter) que du style. Ici, on a un peu l’impression qu’une commande a été passée à l’auteur (mais est-ce une impression en fait?) et qu’il a dû livrer un produit fini rapidement. Je ne veux pas cracher outrageusement dans la soupe. J’ai aimé cette saga familiale (pour le coup tout à fait un de mes thèmes de prédilection) et suivre l’Histoire au travers des histoires et pérégrinations d’Alice. Cependant, j’ai trouvé aussi trop de clichés. Clichés sur la famille, clichés sur l’Amérique, clichés sur l’Irlande. Chaque détail du quotidien était convenu, les choses n’étaient pas bien dégrossies. Et, autre problème, les personnages ne sont pas des plus sympathiques, j’ai eu du mal à être en empathie avec Alice. Je trouvais que malgré ce qu’elle disait et pensait, les choses paraissaient glisser sur elle. Hormis les aléas de l’existence, ce qu’elle veut, elle l’obtient (une admission dans une université, la reconnaissance, un mec…) et ça manque globalement de nuance. Ceci dit, ça s’améliore et devient plus complexe je trouve lors du troisième tome. J’ai fini par m’attacher à Alice et aux personnages hétéroclites qui l’entourent et j’ai été touchée par les réflexions faites sur la façon dont nous pensons nous organiser pour ne pas souffrir, au risque de passer à côté du bonheur. J’en lirais un 4° ou un 5° avec plaisir, malgré cette pauvreté relative dans l’écriture. Si vous devez lire un Douglas Kennedy, je vous conseille « quitter le monde » ou « cet instant là » qui sont les deux ouvrages que j’ai préférés.

Voilà, j’ai beaucoup parlé alors que finalement, j’ai parlé de très peu de choses. Et vous, dites-moi, avez-vous des auteurs fétiches et d’autres qu’il vous faudrait encore absolument essayer ?