« Bournville »-« Le Royaume Désuni » de Jonathan Coe

En cette semaine post-couronnement, il est très opportunément question d’un de mes auteurs favoris, j’ai nommé Jonathan Coe, dont j’ai lu le dernier roman « Le Royaume désuni ». Je l’ai lu en anglais, langue dans laquelle il est intitulé « Bournville », du nom d’une ville, ou plutôt une cité-jardin,  entièrement construite par une communauté Quaker à la fin du 19° siècle pour abriter la fabrique de chocolat « Cadbury » et ses employés.

Le roman est structuré en un prologue et 7 chapitres qui suivent les personnages d’une même famille et leur entourage alors qu’ils vivent de près ou de loin les grands évènements de l’histoire anglaise de 1953 (couronnement d’Elizabeth) à mai 2020 (75° anniversaire de la libération) en passant par la victoire à la coupe du monde de 1966, disputée à domicile. Que dire ? Ce roman est à la fois une saga familiale, un récapitulatif historique, une réflexion sur l’identité anglaise et son rapport à l’Europe et à la Monarchie (des thèmes chers à Jonathan Coe et exploités dans presque chaque roman), une critique de la vie politique et diplomatique et une galerie de personnages savoureusement croqués, juste assez cocasses pour nous amuser et pouvoir rester totalement réalistes. On s’y retrouve baladé à toutes les époques, des rues de Londres, à la banlieue de Birmingham, sans oublier de faire un détour par le Pays de Galles. On y apprend également pourquoi le chocolat « Cadbury », emblématique de son pays, ne s’est jamais dégagé de marché outre-Manche (alors qu’il est très bon !). Et enfin, on y croise en caméo d’autres personnages de l’univers de Coe. Si ce roman ne fait pas partie de la saga de la famille Trotter (comme Le cercle fermé, Bienvenue au club et Le cœur de l’Angleterre), on y trouve des allusions à des membres de la famille et également un cross over avec « Expo 58 ». Cela m’a donné envie de relire tous ces romans dans l’ordre tant le souci du détail est poussé loin. Jonathan Coe adresse sans cesse des clins d’œil au lecteur et à ses personnages fétiches.

Comme vous l’aurez compris, j’ai adoré ce roman qui a fait vibrer mon cœur d’amatrice de culture britannique. Il m’a amusée et il m’a instruire. Il m’a émue et m’a donné envie de voyager et de lire encore davantage. Et, soyons francs, c’est déjà pas mal ! Vivement le prochain roman de Jonathan !

Chronique littéraire: « Un bûcher sous la neige » de Susan Fletcher

Aujourd’hui, je viens vous parler de mon dernier coup de cœur littéraire ou plutôt d’un coup de cœur tout simplement. Il est venu à moi dans une box kube. Si vous ne connaissez pas le concept, il s’agit d’un abonnement mensuel (on peut aussi le faire en one shot, en offrant une carte cadeau ou pour soi-même, il existe également des coffrets thématiques mais je vous conseille de visiter leur site) à une box qui comprend un livre, ainsi que des goodies et souvent un thé à découvrir et/où une gourmandise. Le livre est choisi par un libraire indépendant sur base d’envies de lectures (style recherché, auteurs favoris, derniers livres lus) renseignée auparavant. Vous pouvez aussi choisir de recevoir l’un des trois livres chroniqués chaque mois par les fondateurs de Kube. Pour ma première box, j’avais renseigné des envies et j’ai donc reçu un roman qui se passe en Ecosse au XVII siècle.

Je vous laisse lire la quatrième de couverture : « Au cœur de l’Ecosse du XVII siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d’une prison putride, le révérend Charles Leslie, venu d’Irlande, l’interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Depuis sa geôle, la voix de Corrag s’élève au-dessus des légendes de sorcières et raconte les Highlands enneigés, les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse. Jour après jour, la créature maudite s’efface. Et du coin de sa cellule émane une lumière, une grâce, qui vient semer le trouble dans l’esprit de Charles »

J’ai d’abord été dubitative face à ce roman parlant de solitude et d’une époque tellement révolue, mais finalement, j’ai été happée en quelques pages par le personnage de Corrag, jeune femme au cœur pur condamnée pour sa différence, l’écriture parfois lyrique de Susan Fletcher et l’atmosphère générale du roman. Les chapitres alternent entre la longue « confession » de Corrag, de sa fuite depuis l’Angleterre à son témoignage à propos du massacre du clan Mc Donald, et les lettres écrites par le révérend Leslie à sa femme, empreinte au fil du temps de plus en plus d’empathie envers la soi-disant sorcière.

Ce roman m’a plu car il mêle un côté historique (le contexte politique de l’écosse est brièvement résumé en fin d’ouvrage et permet de s’y retrouver) et un autre très contemplatif. Corrag fait à certains moments quasi corps avec la nature et certains passages sont d’une beauté bouleversante. Je ne me suis pas du tout ennuyée malgré les longs passages descriptifs qui nous transportent vraiment dans un autre temps et d’autres lieux et aident à comprendre qui est Corrag. Ce roman est aussi un hymne à la tolérance face à la différence, à ces gens en marge, que nous ne comprenons pas, qui sont pourvus d’une sensibilité différente. Bref, si vous aimez l’Ecosse, que vous êtes fan d’Outlander, que vous chercher un roman hivernal avec un personnage féminin dont la fragilité est toute la force et que vous êtes sensibles à la nature, ce roman est fait pour vous. Il me tarde maintenant de découvrir davantage de romans de Susan Fletcher et je remercie Kube et Manon G. , la libraire au nez fin qui a choisi un livre parfait pour moi.

Bilan culturel de mai

Les beaux jours sont enfin arrivés, les possibilités de sorties aussi et, malheureusement, le surcroit de travail (espérons que ce dernier soit temporaire). J’ai donc déserté mon blog près d’un mois. Voici mon bilan du mois de mai alors que juin est déjà bien entamé.

Le premier mai, le cinéma de ma ville participait à l’opération « Still Standing for Culture » et a ouvert illégalement ses portes le temps d’une journée. J’y suis allée, respectant strictement les consignes (et, surprise, personne n’est contaminé dans les cinémas et les théâtres chaque fois qu’on fait un test) et j’ai vu « Drunk » de Thomas Vinterberg. Une claque, j’ai adoré, c’est pourquoi je vous conseille de courir le voir à présent que les cinémas sont rouverts en France et en Belgique et qu’il est programmé un peu partout. De mon côté, je lui consacrerai dans les prochains jours un article rien que pour lui. Parce qu’il le vaut bien.

Au niveau des séries, j’ai terminé « Murder » qui m’aura bien accrochée et accompagnée en soirée durant deux mois (90 épisodes tout de même). Il faut reconnaitre que la série est addictive, les comédiens, Viola Davis en tête, sont excellent et les scénaristes ont une imagination inépuisable et sont de véritables architectes/mécaniciens du suspense et des retournements de situation. Reste que ça devient de plus en plus tiré par les cheveux, ils sont dans des situations inextricables et le grand nettoyage/déballage final m’a à la fois déçue et laissée de marbre tant c’était devenu too much.  

J’ai regardé « Leonardo » en italien sur raiuno. Il s’agit d’une co production européenne (qui devrait donc bientôt débarquer sur les chaines françaises et belges) qui met en scène Leonardo da Vinci aux prises avec des accusations de meurtre sur une de ses amies. Ces accusations n’ont jamais existé et on ne peut pas dire que le suspense soit insoutenable donc, mais le reste est assez bien respecté : les différents voyages et commissions de Leonardo, la genèse de La Cène et de La Joconde y sont abordés. Et puis une belle brochette d’acteurs là aussi, Aidan Turner (mon chouchou de Poldark) en tête.

J’ai enfin regardé la saison 2 de « qui a tué Sara ? » et disons que m’entrainer l’oreille à l’espagnol est le plus grand bienfait de cette série par ailleurs d’assez mauvaise facture. Et je pense qu’une saison trois va nous être infligée mais que j’y réfléchirai à deux fois.

Au niveau littérature, j’ai désormais une belle pile de livres à lire. J’en ai demandé et reçu pas mal pour mon anniversaire. Suite à une critique lue en ligne, j’ai commencé à lire « Le Cherokee » de Richard Morgiève. Voici ce qu’en dit le résumé : 1954, USA : alors qu ‘il fait sa tournée de nuit à la première neige, sur les hauts plateaux désertiques du comté de Garfield, dans l’Utah, le shérif Nick Corey découvre une voiture abandonnée. Au même moment, il voit atterrir un chasseur Sabre, sans aucune lumière. Et sans pilote. C’est le branle-bas de combat. L’armée et le FBI sont sur les dents. Quant à Corey, il se retrouve confronté à son propre passé : le tueur en série qui a assassiné ses parents et gâché sa vie réapparaît. Corey se lance à sa poursuite. Mais les cauchemars ont la dent dure… Et on peut tomber amoureux d’un agent du FBI. Je ne suis pas allée au bout. Ce bouquin est vraiment étrange. En allant lire sur internet, j’ai compris qu’il y avait deux sortes de personnes : ceux qui l’érigent au rang de roman culte et ceux qui abandonnent en cours de route. Il est je pense truffé de références que je ne maitrise pas et le style m’a perdue… Il a reçu plusieurs prix donc j’imagine que c’est à chacun de se faire une idée. Pas pour moi en tout cas.

Plus léger, j’ai lu « Cœurs brisés, jambes cassées » de Maria Ernestam dont j’avais déjà lu « les oreilles de Buster » (chroniqué ici). J’ai apprécié ce livre qui est pour moi un roman de Noël (oui la saison est mal choisie mais je l’avais sous la main lorsque j’ai abandonné le Cherokee) sympathique mais où je n’ai pas retrouvé la causticité et la fêlure que j’avais fini par apprécié dans les oreilles de Buster. Néanmoins, la lecture fut plaisante et légère. Elle l’aurait encore plus été en période de fêtes sous un plaid avec un bon thé.

Voilà, c’est tout pour ce bilan printanier. Je n’ai pas vécu de grands transports comme vous pouvez le constater, le génialissime « Drunk » mis à part. Mais les vacances, les livres en attente et les cinémas ouverts vont sans doute rentre l’été plus intense à bien des niveaux.

Bilan d’avril: Sapiens, The dig et le retour d’Emily St John Mandel

Hello,

Ce mois d’avril a été le plus frais depuis 35 ans et on l’a bien senti passer. Comme la vie sociale n’est pas encore vraiment déconfinée (on peut se voir dehors mais il a fait froid), ça a laissé le temps à la lecture et au visionnage. Alors quel est le bilan de ce mois ?

Ce mois ci j’ai terminé une série netflix et j’ai regardé un film et un documentaire.

J’ai regardé la série mexicaine « qui a tué Sara ? » dont je dirais que le principal mérite est de m’avoir fait pratiquer la compréhension à l’audition de l’espagnol. J’adore le cinéma espagnol et argentin, mais niveau séries je suis souvent déçu. Je trouve souvent cela « too much ». Tout va trop vite, trop fort, c’est sulfureux, c’est mafieux, la richesse est démesurée, la violence aussi. Je me suis même lassée sur certains aspects de « la casa de papel » même si il y a un plaisir intellectuel dans cette dernière et que l’iconographie fait mouche. Ici, comme dans « la disparition de Soledad » l’intrigue fonctionne (une deuxième saison risque de suivre vu la fin de celle-ci), les méchants sont détestables, il y a l’un ou l’autre personnage un peu plus dense, mais je nourris également une antipathie certaine pour la victime. Cette Sara a un vilain air de peste il faut bien le dire. Bref, à quand de nouvelles séries anglaises ou une production hispanophone à la hauteur de son cinéma.

Je suis arrivée, je ne sais absolument plus comment, sur le documentaire « Evelyn » d’Orlandon Von Einsiedel. Evelyn était le jeune frère d’Orlando et il s’est suicidé il y a une dizaine d’années. Face au deuil impossible de sa famille, Orlando documente un trail qu’il réalise avec son frère et sa sœur sur les traces du disparu. J’ai tellement été touchée par cette œuvre à la fois personnelle et universelle que j’ai décidé d’en rédiger une chronique que je publierai à part. J’ai d’ailleurs décidé de sortir mes coups de cœur des bilans pour leur donner davantage de visibilité.

Enfin, sur netflix à nouveau, j’ai visionné « The Dig » un film anglais au casting impeccable (Ralph Fiennes, Carey Mulligan, Johnny Flynn et Lily James pour ne citer qu’eux) qui narre l’histoire vraie (mais romancée) d’une femme férue d’archéologie qui fait appel aux services d’un autodidacte pour explorer des tumulus (tumuli ?) sur sa propriété. Le tout durant la seconde guerre mondiale. Tout y est : le jeu d’acteur, la reconstitution d’époque, la romance, la campagne anglaise, la quête envers les éléments (la météo, les accidents de chantier) et les opportunistes (les pontes des grands musées qui veulent raffler la mise et reléguer au second plan l’homme modeste et cultivé qui les a devancés. A regarder absolument, même si vous n’y connaissez rien en archéologie ou si cela ne vous intéresse pas. On en ressort tout ému.

Historical drama 'The Dig' uncovers fascinating true story | Lifestyle |  oleantimesherald.com
Ralph Fiennes et Carey Mulligan
The Dig: How accurate is The Dig on Netflix on the Sutton Hoo treasure find  | Films | Entertainment | Express.co.uk
Johnny Flynn et Lily James

Plus atypique, j’ai écouté une conférence gratuite d’Aurélie Valognes sur son processus de création littéraire. Je n’ai lu aucun de ses romans et je ne sais pas si j’aimerais, mais je trouve toujours cela inspirant d’écouter les artistes parler de leur travail et de comment cela se passe en coulisses. Et il faut bien le dire, l’histoire d’Aurélie Valognes fait un peu rêver.

Je n’ai toujours pas terminé la brique « Sapiens » de Yuval Noah Harari, mais j’ai emprunté à la bibliothèque sa version BD. Je ne crois pas qu’elle couvre tout l’ouvrage de référence mais c’est un sacré morceau. Je ne suis pas du tout une fan de BD à la base, mais je dois dire que lire Liv Strömquist m’a encouragée et que je m’aperçois que cela fonctionne super bien pour vulgariser. C’est digeste et truffé d’humour. Les auteurs arrivent à en faire un périple puisque le tout est raconté du point de vue de Harari qui raconte l’histoire à sa nièce. Une réussite, j’attends la suite (mais j’ignore si elle est prévue).

Sapiens tome 1 - BDfugue.com

Pour terminer, j’ai lu deux romans. Le premier, « Le cœur cousu de Carole Martinez, a été un coup de cœur pour l’amie qui me l’a prêté. Pas pour moi. Je dois reconnaitre l’incroyable imagination de l’auteur qui nous emmène en fait dans un conte lui-même fait de sous contes qui racontent l’histoire des femmes d’une même famille dans une époque indéterminée (le début du 20° siècle ?) et qu’on situe en Andalousie et en Afrique du nord. J’ai peiné à être touchée par ces personnages achétypaux et presque surnaturels. La prose très chargée et très poétique pour un roman ne m’a pas non plus transportée. Je l’ai trouvée belle mais je suis restée en dehors. A chacun de se faire une idée.

J’ai également lu, « Dernière nuit à Montréal » d’Emily St John Mandel. J’avais adoré « Station Eleven » de cette même autrice. Ce roman est un roman noir, un autre genre donc. Je l’ai aimé sans l’adorer.

Dernière nuit à Montréal de Emily St John Mandel - Poche - Livre - Decitre

On y retrouve le thème de la quête et de l’errance. Tout y est très lent et si cela rend l’atmosphère des rues glacées de Montréal très dense et vivante, tout en contraste avec le courant d’air qu’est Lilia, cette jeune femme après laquelle court le narrateur sans jamais parvenir à la saisir. En parallèle, on suit l’histoire de Lilia, petite fille enlevée par son père à l’âge de 7 ans et en cavale depuis. Pourquoi l’a-t-il enlevée ? Cet évènement résonne comme une onde se choc et ne laissera pas indemnes ceux qui s’y trouvent mêlés. Un bon suspense teinté de spleen. A ne pas lire si vous êtes déprimés par contre.

Voilà, c’est tout pour ce mois ci, mais hier je suis retournée au cinéma, dans le cadre de Still Standing for Culture (et c’était calme, distancié et masqué) et j’ai hâte de vous parler du chef d’oeuvre que je suis allée voir, « Drunk » de Thomas Vinterberg.

Bilan culturel de janvier: documentaires et coup de coeur littéraire

Quoi de neuf en ce mois de janvier ? Balades sous la pluie, séries sous la couette, télétravail et patience, je pense que nous en sommes tous là.

J’ai passé moins de temps devant les écrans en ce mois de janvier, après un mois de décembre assez scandaleux. J’ai fait d’autres choses à la place, mais ça j’en parlerai un autre jour. Néanmoins, en janvier, j’ai regardé :

  • Un documentaire sur le Prince Philipp (le Duc d’Edimbourg) et un autre sur Elizabeth 2. Après ça et The Crown, je deviens assez incollable.
  • Un documentaire sur Selma Lagerlöf. Pour ceux qui ne la connaissent pas, il s’agit de l’auteure suédoise des aventures de Nils Holgersson (mon enfance a été bercée par les dessins animés tirés de son œuvre. Qui les a vus ?). Je savais qu’elle avait été la première femme à recevoir le Prix Nobel de littérature, mais j’ignorais à quel point elle était pionnière et en avance sur son temps. Elle a fait carrière en dépit de l’avis de son père, ne s’est jamais mariée, est devenue riche et a fréquenté plusieurs femmes. Une femme remarquable.
  • Bien sûr, comme on a commémoré les 74 ans de David Bowie et les 5 ans de sa disparition, j’ai pu regarder un documentaire sur lui aussi, réalisé à l’occasion de ses 50 ans.
  • J’ai regardé un classique qui trainait dans un coin de ma liste mentale des films à voir : La vie est belle de Frank Capra. Pas celui de Benigni donc, mais un film de 1946 avec James Stewart, souvent diffusé aux alentours de Noël. Un film dur et aussi extrêmement émouvant. Je n’avais jamais été autant émue par un film datant de cette époque, le noir et blanc, les intrigues m’empêchant sans doute de me connecter vraiment aux personnages. Ici on passe du désespoir à la magie avec une ode à la solidarité. Je comprends que cela soit devenu un classique de Noël. Dans la foulée, j’ai regardé un documentaire sur Frank Capra arrivé avec ses parents aux états unis quand il était petit et qui a adopté sa nouvelle patrie encore davantage que l’inverse. Je n’ai vu que ce film, mais il parait que sa carrière a été bercée par le rêve américain, lui-même l’ayant vécu. Pas totalement un mythe donc.
La Vie est belle (It's a wonderful Life) de Frank Capra - 1946 - Shangols
  • Comme 68 millions de foyers, j’ai regardé la première série des Chroniques des Bridgerton. Et…comment vous dire ? Il faut arrêter de citer Jane Austen et Donwton Abbey comme références, car cette série n’en a ni l’esprit, ni le scénario, ni la classe ni même le respect de l’histoire. J’aurais dû me méfier, c’est produit par la même société que Grey’s Anatomy et je déteste cette série. L’époque n’est qu’un prétexte à d’interminables regards langoureux et dialogues sur le mariage le mariage le mariage. On a flanqué un ou deux personnages un peu féministes sur le côté, mais c’est désespérément creux. L’amatrice de Period Drama que je suis n’approuve pas du tout, mais manifestement beaucoup y ont trouvé leur compte.
  • J’ai regardé la saison 7 de mon bien aimé Morse toujours aussi torturé. Seulement trois épisodes pour cette septième saison. L’une de mes préférées je pense avec son intrigue au long cours, des passages à Venise et plus d’airs d’Opera que jamais.
Endeavour' Recap: Season 7 Episode 1 | WTTW Chicago
Shaun Evans en smoking, yes please 🙂

Au rayon littérature, j’ai lu deux livres. J’ai adoré le premier Elegie pour un Américain de Siri Hustvedt (la femme de Paul Auster). Il coche beaucoup de cases sur la liste des choses qui me plaisent :

  • Une histoire d’immigration
  • Un personnage principal qui est psychiatre et toute une réflexion sur le métier et la question de la santé mentale du thérapeute
  • Un style irréprochable
  • Un secret de famille
  • New York
  • Des personnages denses qui se dévoilent peu à peu dans toute leur humaine complexité.

J’ai adoré et j’ai saoulé mes collègues avec ce livre pendant une bonne semaine. Je ne l’ai jamais dit, mais pour ceux qui l’auraient deviné, je travaille dans le champ de la santé mentale, c’est pourquoi je suis particulièrement sensible à certains points. Siri Hustvedt est elle-même thérapeute, mais le livre est accessible. Ce n’est pas le livre d’une psy, mais celui d’une écrivaine de grand talent qui sait utiliser ses connaissances de la psyché humaine.

Il était difficile pour Antonin Varenne et sa Toile du Monde de passer ensuite. J’ai trouvé ce court roman assez insipide. J’avais été attirée par le contexte  et l’époque (l’exposition universelle de Paris en 1900), mais je n’ai pas véritablement accroché. L’exposition n’est qu’un cadre, on n’y apprend pas grand-chose (oui je sais c’est un roman mais je m’attendais à une effervescence particulière) et je n’ai pas aimé le personnage principal…Bref.

Et sinon, dans mes oreilles ce mois-ci, il y a eu beaucoup de choses, mais j’ai apprécié écouter Harry Styles, Taylor Swift, Lana del Rey et Sir Paul Mc Cartney. Je ne mentionne même plus David…

Harry Styles flamboyant sur la couv' de Vogue shootée par Tyler Mitchell
26 ans et il a tout compris

Je suis assez contente de ce bilan, car même si j’ai perdu du temps devant Bridgerton, j’ai aussi regardé des émissions intéressantes. Et j’ai gardé du temps pour d’autres activités, intellectuelles ou non.

Et vous, comment avez-vous débuté cette année ? Les confinements vous ont-ils également amené à changer vos habitudes et/où à céder à l’appel du canapé ?

Bilan culturel d’avril

Je vous retrouve aujourd’hui pour dresser mon bilan culturel d’avril. Sans surprise, il n’y aura ni musée, ni pièce de théâtre, ni film récemment diffusé dans des salles désormais plus obscures que jamais. J’ai hâte et peur de savoir ce qui va être mis en place pour la reprise de la culture, grande oubliée des aides liées au confinement et toujours dans le flou total quant à des conditions de reprise. La santé avant tout, mais j’ai hâte de pouvoir retourner au théâtre et au cinéma. S’ils doivent rouvrir avec des petites jauges, j’y serai, masquée et désinfectée s’il le faut, pour les soutenir.

Je suis en cours de lecture de deux livres actuellement (oui, un pour les après-midi et l’autre dans mon lit le soir) et je n’en ai terminé deux en avril, un classique et un contemporain.

Je me suis tout d’abord lancée dans un recueil de nouvelles plus ou moins longues d’Edgar Allan Poe, intitulé « Le Chat Noir et autres histoires ». Il s’agit du deuxième volume d’une série de trois publié par les éditions Gallmeister, spécialisées dans la littérature américaine (Etats-Unis). Tout d’abord, je dois reconnaitre que dans ma tête Poe était Britannique…j’ignore pourquoi ce biais ethnocentré. Il a toujours été présent dans ma carte du monde (mal situé cependant) littéraire. Cité dans d’autres livres, dans des séries (The Following notamment, où le tueur en série est un spécialiste de l’auteur), des articles… J’avais l’idée d’un auteur ténébreux et d’une littérature inquiétante et je n’ai pas été détrompée par ce recueil ni par la biographie de Poe lue sur wikipedia. J’y ai appris que :

  • Ses parents sont morts alors qu’il était petit. Allan est le nom de sa famille adoptive. Il avait un frère et une sœur qui n’ont pas fait de vieux os
  • A 26 ans il a épousé sa cousine, âgée alors de 13 ans. Il l’a chérie toute sa vie sans qu’on sache si leur union avait été consommée. La jeune femme est décédée à 24 ans.
  • Poe est mort 3 ans plus tard, à l’âge de 40 ans. Sur les portraits, il a l’air d’en avoir 20 de plus.
  • Beaucoup de personnes de sa famille ont connu des maladies graves et en sont mortes. Son père était alcoolique et Edgar aussi.
  • On ignore les causes de sa mort, il a connu des épisodes de grande dépression (et des rumeurs de folie) et il consommait beaucoup d’alcool et de substances variées.
  • Il est considéré comme le précurseur du roman policier, de la science fiction et du fantastique.
  • Il a vécu une partie de sa vie en Angleterre, d’où ma confusion peut-être

Edgar Allan Poe Festival Schedule, Riverhead: Oct. 31- Nov. 2 ...
Tout un programme…

Ca donne envie hein ! Alors je n’ai jamais trop accroché aux nouvelles et aux recueils, c’est comme les courts métrages. Mais ici, je dois dire que j’ai tout dévoré. Enfin, cela m’a pris du temps tout de même car les récits sont extrêmement denses, truffés de références (mais j’ai abandonné au bout d’un temps les notes de bas de pages qui me ralentissaient et que je ne maitrisais de toute façon pas tant elles sont pointues et obscures même pour l’éditeur). On distingue clairement les prémisses du Sherlock Holmes et du Watson de Sir Arthur Conan Doyle. Certaines nouvelles font peur, insinuent le malaise et ne m’ont en tout cas pas laissée indifférente. La langue est très recherchée (bravo aux traducteurs également, l’un des premiers a été Baudelaire, ce qui n’est pas étonnant vu son goût du morbide). Certains contes (étiquetés comme sadiques, cruels, horrifiques dans la table des matières) se terminent bien et d’autres très mal. Les personnages sont soit de fins déducteurs soit de pauvres âmes s’aventurant aux confins de la folie. J’ai beaucoup aimé le meurtre de Marie Rouget où le détective amateur (et d’une perspicacité presque surhumaine) s’attache à démonter l’un après l’autre les raccourcis et les présomptions hasardeuses publiées dans la presse. Il dissipe par là peu à peu le voile opaque qui entoure le crime et invite le lecteur à ne pas s’engouffrer dans des hypothèses fondées uniquement sur la probabilité. J’ai trouvé qu’à l’époque où règnent les fake news et les contre vérités dans la presse de l’immédiateté, ce texte était d’une pertinence et d’une modernité surprenantes.

Le Chat noir et autres histoires - Edgar Allan Poe - éditions ...

J’ai également lu « la disparition de Stephanie Mailer » de Joël Dicker. C’est le troisième livre de lui que je lis après le tour de force de « la vérité sur l’affaire Harry Québert » et, dans un style tout autre « les derniers jours de nos pères » qui avait été un coup de cœur. Ici, Dicker repart sur le roman policier. J’ai dévoré le livre en trois jours, c’est un véritable « page turner ». Je lui ai cependant trouvé quelques défaut, c’est à mon sens le moins bon des trois que j’ai lus.

Les + :

  • Une intrigue menée au cordeau et dont on ne voit pas les ficelles
  • L’ambiance, le point fort de l’auteur qui, bien que Suisse, parvient une nouvelle fois à nous immerger complètement dans l’atmonsphère de New York et du New Jersey. On a envie de mettre sa plus belle robe et d’aller à un garden party face à l’Atlantique.
  • Le rythme toujours soutenu
  • La double temporalité, comme dans la Vérité sur l’affaire Harry Québert, qui nous fait voyager entre le présent et 20 ans auparavant.

Les moins :

  • Chaque chapitre est écrit du point de vue d’un personnage. Certains sont récurrents, mais tout de même 8 points de vue différents, ça fait beaucoup. En plus des deux époques, on s’y perd et c’est laborieux à certains moments. Et encore, je l’ai lu d’une traite. On ne sait pas pourquoi on a le point de vue de certains personnages et pas d’autres…
  • Le caractère très caricatural de certains personnages. C’est vraiment le point faible pour moi. Il y a des personnages très bien construits, notamment les policiers, mais certains autres sont vraiment grossiers et pas du tout creusés. La maitresse vraiment atroce sans qu’on sache pourquoi, le critique littéraire imbu de lui, l’ex flic complètement hallucinant. Je trouve vraiment que c’est très inégal et manque de subtilité. C’est ce qui m’a le plus déçue et surprise car il ne m’avait pas du tout habituée à cela.
  • Des moments extrêmement convenus, des répliques aussi… Cela va sans doute de pair avec le point précédent.
  • La fin m’a aussi laissée dubitative, mais c’est sans doute une question de personne.

En résumé, un très bon moment qui change les idées et nous emporte complètement. Une architecture à nouveau remarquable, mais un style que je ne comprends pas toujours, à se demander si l’ensemble du livre a finalement été écrit par la même personne, entre réalisme et farce. A vous de juger. Je sais que beaucoup de gens ont lu ces romans, je serais vraiment curieuse d’avoir vos avis. J’ai « Le livre des Baltimore » sur ma PAL donc je reviendrai surement bientôt vous en parler.

Concernant, les films, j’ai regardé « Love Wedding Repeat » sur netflix, le jour de mon anniversaire. C’est une sympathique comédie, pleine de quiproquos durant un mariage qui se passe à Rome. C’est un bon divertissement et j’ai apprécié retrouver des acteurs anglais que j’apprécie tels Freida Pinto (« slumdog millionaire »), Eleanor Tomlinson et Jack Farthing (dans un rapport avec avec des caractères bien différents de ceux qui ont été les leurs durant les 5 saisons de Poldark). Tout ça m’a donné envie d’assister à un beau mariage et d’aller en Italie, mais aucun des deux n’est au programme.

Bande-annonce du film Netflix "LOVE WEDDING REPEAT" (2020)

J’ai aussi regardé « Réparer les vivants » qui trainait sur mon disque dur depuis des lustres. C’est un film de Katell Quillévéré, basé sur le roman éponyme de Maylis de Kerangal. Ce film est très beau et m’a fait verser des larmes. Il s’agit d’un film qui parle du don d’organe. On y suit en parallèle le parcours de Simon, 17 ans, victime d’un accident de la route, et de Claire, 50 ans, en attente d’un cœur. C’est d’ailleurs avant tout une histoire de cœur lumineuse. Car c’est lui le centre de l’histoire, le cœur de Simon, la décision de ses parents de le donner. L’équipe médicale qui accompagne cette démarche et prend soin du cœur et des coeurs. Et enfin l’histoire de Claire, qui ne sait plus si elle doit y croire, boostée par ses deux garçons adultes qui veulent désespérément que leur mère vive. Une tranche de vie, triste et pleine d’espoir à la fois. Je suis fière d’avoir fait la démarche de m’enregistrer officiellement comme donneuse d’organe auprès de ma commune. En Belgique la démarche est très simple, il suffit d’aller signer un papier à la commune. Cela enlève à vos proches le poids de devoir se positionner en cas d’accident, même si bien sûr j’espère faire de vieux os avec mon vieux cœur.

Le film de la semaine] Réparer les vivants, discrètement ...
D’accord avec tout ça…

Enfin, j’ai regardé trois séries, en tout cas j’ai terminé des saisons de ces séries ou la série entière. Je n’aime pas binger lorsque je trouve une série que j’aime. Je dilue et j’en regarde souvent plusieurs en parallèle. J’ai mes petits rituels, les comédies lorsque je mange et les séries historiques en soirée, ce genre de chose.

J’ai terminé, enfin, « The Good Place » et ça a été dur d’en faire le deuil. Ironique pour une série qui parle de vie après la mort. J’ai adoré le développement des personnages, l’humour, les références à la pop culture, mais aussi à la philosophie. C’est à la fois très farfelu, coloré et joyeux, mais extrêmement profond puisque sont questionnés notre finitude et nos aptitudes au changement et à vivre la meilleure vie que nous pouvons. A consommer sans modération !

The Good Place saison 4 : un aperçu de l'ultime saison

J’ai aussi regardé la quatrième saison d’Outlander qui a enfin débarqué sur netflix. Je n’ai rien de particulier à en dire. Je regrette un peu que l’histoire se déroule désormais aux Etats Unis, mais je reste fan de la romance, de l’accent écossais et des paysages.

Enfin, j’ai consacré une grande partie de mon mois d’avril à ingérer les trois saisons de « The Last Kingdom », une série au casting international qui se passe au moment des guerres entre Saxons (pour l’unification de l’Angleterre) et les Vikings danois qui tentent d’envahir l’île. J’en ai entendu et lu du bon, notamment au niveau du respect de l’histoire. Je faisais des allers retours entre netflix et wikipedia où j’en ai appris sur la situation de la Grande Bretagne au 9° siècle. Le héro est un jeune saxon, Uhtred, qui, alors qu’il est enfant, est arraché à la cité dont il est l’héritier par les Vikings. Il est élevé par eux et possède donc une double culture. Pour les Vikings il est un Saxon et pour les Saxons, il est un Viking. Les intrigues et trahisons sont complexes. C’est violent. Beaucoup de personnages meurent et c’est parfois difficile à regarder. J’ai aimé suivre cette série qui m’a appris beaucoup de choses, mais parfois c’était trop. Trop de retournement d’alliances, trop de morts. Les hommes sont vaniteux et se trahissent. C’est difficile de s’attacher aux personnages je pense simplement parce que la vie à l’époque n’avait pas la même valeur que maintenant. Cela m’a fait relativiser la violence du monde actuel. A l’époque, la vie ne tenait vraiment qu’à un fil. La mort pouvait venir de l’envahisseur, d’un ami qui avait prêté une double allégeance, d’un marché ou de l’ambition de monter sur le trône. Néanmoins, il faut reconnaitre que la série est assez addictive, les acteurs sont charismatiques et il y a même des personnages féminins d’envergure…à voir si c’est vraiment historiquement crédible où si ça vise à rallier les audiences féminines. Une chose m’a dérangée par rapport à Alexander Dreymon, l’acteur allemand qui joue Uthred, c’est sa manière de parler. Il emploie un phrasé et un accent assez particuliers, ne parlant ni comme les Saxons, ni comme les Vikings. Cela n’a rien à voir avec un accent allemand non plus. J’ai trouvé cela exagéré, même si je suppose que c’est voulu, qu’on lui demande de jouer ainsi. J’imagine que c’est une façon de souligner qu’il n’appartient à aucune terre et aucun roi, mais parfois c’est fatigant. J’ai lu pas mal de théories à ce sujet mais aucune venant de lui ou de l’équipe. Avez-vous vu cette série et entendu cette troublante manière de parler ?

Reposted from @arselingsarmy - SEASON 3👑 | Alfred and Uhtred ...
Le roi Alfred of Wessex et Uhtred

Voilà, c’est tout pour le mois d’avril. J’espère que certains auront eu le courage de lire cet article jusqu’au bout, il faut croire que je suis inspirée en ce moment et que j’ai un peu plus de temps pour écrire. Et vous qu’avez-vous regardé/lu ? Connaissez-vous les séries/films/livres que j’évoque ?

Voyage en Italie (2): Ode à la Toscane

Mon histoire avec la Toscane commence il y a déjà 16 ans, mais c’est comme si c’était hier. J’ai la chance de pouvoir y passer 9 mois, d’y effectuer ma quatrième année d’université. A Florence. Il serait cliché de dire que ce fut la plus belle année de ma vie, mais je mentirais si je disais que je n’y ai pas vécu des émotions uniques et inégalées. Je n’en garde aucun mauvais souvenir, même si je suppose que j’ai vécu des moments difficiles. Ils ont été dilués dans le bonheur bu à la tasse et le temps a fait le reste.  Ce fut pour moi comme un saut dans le vide, une expérience de liberté délicieuse et parfois vertigineuse. Pourtant j’étais sereine, je ne me souviens pas avoir ressenti d’angoisse. Par contre je me rappelle très bien avoir pleuré toutes les larmes de mon corps lorsqu’il a fallu repartir. Qu’il a été déchirant de quitter cette ville, ce pays, ces personnes magnifiques que j’avais rencontrées, cette parenthèse qui m’a changée et surtout révélée à moi-même sur bien des plans. J’en suis revenue parlant une nouvelle langue, avec des amis aux quatre coins de l’Europe et même du monde, décidée à me lancer dans le théâtre alors que je n’osais pas et me promettant que je ne perdrais jamais de vue l’idée qu’il faut toujours avoir une vision large et ouverte de la vie et que celle que je mènerais ne serait pas ordinaire.

DSCN0363
Piazza Santa Croce depuis les marches de l’église

J’ai parfois failli à cette promesse. Le travail a succédé aux études et la routine qu’il impose, même si on a la chance d’en faire un qu’on aime, émousse bien souvent la petite flamme qui brûle en moi, en nous. Les vicissitudes de la vie, les épreuves, les moments durs aussi… Les promesses d’amitiés éternelles sont elles aussi difficiles à tenir, mais je garde une place pour chacune de ces personnes dans ma mémoire. J’ai la chance d’être encore en contact avec plusieurs d’entre eux et je sais que je me dois un voyage au Canada pour revoir une personne avec qui j’ai beaucoup partagé. J’ai beaucoup voyagé par la suite pour voir ces amis et je suis retournée religieusement à Florence chaque année jusqu’à 2011. Puis la vie a fait que je m’en suis tenue éloignée durant 8 ans. Ce n’est que cet été que j’y suis retournée, pour la deuxième étape de mon roadtrip. Je trépignais surtout depuis que j’avais lu « retour à Montechiarro », sublime roman de Vincent Engel dont j’ai parlé ici et .

DSCN0471
La pension du Bonheur

Je ne peux décrire ce que j’ai ressenti en arrivant sur place, à la pension Bencistà (littéralement pension « on y est bien »), un bijou d’endroit lové parmi les cyprès et les oliviers sur la douce pente des collines menant à Fiesole. De là, vue sur la ville. J’ai immédiatement ressenti un bien-être d’une intensité surprenante, une vague de sérénité et de gratitude, un ancrage nouveau et pourtant familier. Je ne pratique par le yoga, mais je dirais que tout était aligné pour que je me sente bien. J’ai tout reconnu, comme si j’effleurais après longtemps le visage d’un être cher qui n’aurait pas pris une ride. Le bruit des cigales avec en arrière fond la musique d’un violon, cette lumière unique, reflétée par la pierre médiévale et le marbre de Carrare, le vent et le soleil qui cogne sur ma peau. J’étais rentrée chez moi. Ce qui est merveilleux avec Florence, ce n’est pas seulement la ville, les pavés, l’ombre des Médicis et le raffinement, c’est aussi cet écrin de collines dans lequel elle se loge. Il est impossible de chercher à trouver le meilleur angle de vue sur l’une ou les autres sans se retrouver rapidement étourdi et pris de vertige. Je me suis demandé comment j’avais pu me priver de cela pendant tant d’années et pourtant cela a certainement rendu les retrouvailles encore plus belles.

DSCN0401
Vue sur San Miniato depuis le Forte Belvedere

Je ne vous ferai pas le guide touristique de Florence. C’est une ville qui recèle tant de merveilles. Pour ma part, j’ai fait la guide pour mon père et me suis également promenée seule. J’ai visité Santa Croce et me suis rappelée d’une multitude de bonnes soirées passées assise avec des amis sur les bancs de sa place. Je suis retournée au Forte Belvedere, un lieu magique pour moi, sur les hauteurs (attention ça monte) où se tiennent des expositions temporaires. J’ai eu le plaisir de jouir d’un Palazzo Vecchio libéré d’échafaudages. Je ne l’avais jamais trouvé si beau. Enfin, j’ai revu une amie très chère et fait la connaissance de son mari et de sa petite fille. Je me suis offerte un moment dans le jacuzzi de la pension ainsi qu’un massage. Après des mois d’économies, j’ai décidé que je méritais le meilleur et je me le suis accordé. Aujourd’hui, je ne rêve que d’une chose : retourner à la Pensione Bencistà et me gaver à nouveau d’art, d’histoire, de beauté et de douceur de vivre. Retrouver cette petite chambre occupée cinq nuits, un coin de paradis tendu de draps blancs, où il suffisait d’ouvrir une fenêtre pour mettre les pieds dans un petit jardin avec vue sur Santa Maria del Fiore. A bientôt ma belle Florence, à jamais dans mon cœur.

DSCN0419

Les bonnes adresses :

  • Pour dormir, la Pensione Bencistà : une découverte inattendue sur booking, un signe du destin, ce n’est pas un hôtel mais une demeure datant du 14° siècle convertie en pension familiale depuis 5 générations. Les prix ne sont pas prohibitifs et je suis tombée amoureuse de l’endroit, on s’y sent comme à la maison, un lieu de vie plus qu’un lieu de passage.
  • Pour manger des pâtes à midi à deux pas du cœur historique : Salsamenteria de Ciompi , généreux, simple, authentique et délicieux.
  • Pour manger le midi et le soir : Trattoria ZaZa
  • A Fiesole (petit village sur les hauteurs, facilement accessible en bus et d’où la vue est à couper le souffle) : Buca delle fate , mes papilles me réclament encore les gnocchis melon gorgonzola.
  • Pour se faire plaisir/jouer aux américains : un verre chez Tosca & Nino, la petite terrasse de la Rinascente. Vue sur les toits de Florence, plongée sur la piazza Repubblica, le dôme, Orsanmichele et le forte del Belvedere.

DSCN0449

Voyage en Italie (1): Verona

Après la Croatie, maintenant l’Italie. L’été à thématique généalogique. Première étape du périple, la Vénétie de mon grand-père. Plus précisément Vérone où il passa une partie de son enfance, où je m’en vais à la rencontre de bribes d’histoire familiale, de souvenirs et d’êtres humains que je ne connais pas et qui me sont pourtant proches, par le sang, par l’histoire ou par le nom. Rouler 12h30 pour y arriver exténuée. Il fait chaud, très très chaud. 8 ans que je ne viens pas en Italie. 8 ans sans ce pays qui me coule dans les veines, dans lequel  j’ai vécu. A peine passée la frontière suisse s’installe le chaos. Ca me rebute autant que cela m’est soudain familier. Il y a toujours chez moi, la fille du nord, un coin de cœur en jachère, un brin de désorganisation dans l’âme, de la place pour les imprévus, les ralentissements, les risques. Redécouvrir les rives de l’Adige et son étrange couleur verte/grise. Marcher sur les remparts de l’ancienne ville fortifiée, déambuler au milieu des décors d’Aïda que l’on va bientôt installer pour quelques soirées dans les arènes emblématiques de la ville où ont lieu chaque été des opéras en plein air. La Piazza Bra juste en face et ses maisons colorées. Puis la piazza delle Erbe reliée par un étroit passage à la majestueuse Piazza dei  Signori, surplombée par la Torre dei Lamberti. Y découvrir une statue de Dante, l’ami toscan que je ne pensais retrouver que quelques jours plus tard. Retrouver des cousins et des oncles, quelques uns. On nous en promet plus, mais il fallait prévenir. En attendant, virée improvisée sur le lac de Garde dans une voiture conduite par un homme de 89 ans, petite frayeur grisante. Faire connaissance avec des gens qui portent le même nom que moi, alors que nous ne sommes plus que 4 ici au nord. Emotion. La pizza…comment font-ils pour lui donner ce goût ? De retour tard dans la nuit heureuse. Le lendemain montée au Castel San Pietro grâce au funiculaire remis à neuf. Vue panoramique et promenade outre Adige. Merci Vérone et à bientôt j’espère. Ce voyage commence bien.

Quelques recommandations :

  • Prévoir deux jours pour visiter Vérone, voire trois si vous souhaitez entrer dans les musées et églises
  • Restaurant : Osteria de Monte Baldo un vrai bon plan économique où prendre un repas ou un apéritif, dans le quartier de la piazza dei Signori.
  • Glace : la gelateria Savoia qui se trouve via Roma, à proximité de la Piazza Bra. Une maison familiale qui existe depuis 1939 où vous pourrez emporter un cornet en admirant les gâteaux glacés et réalisations plus fines des artisans glaciers
  • Le funiculaire et un dîner à la terrasse panoramique Re Teodorico, les prix sont un chouïa plus élevés, mais restent néanmoins plus que corrects, faut-il rappeler que le rapport qualité prix de la nourriture en Italie doit être le meilleur d’Europe occidentale ?
  • Le ponte Scaligero (beaucoup de bâtiments portent le nom de Scaliger, dérivé de la famille Della Scala qui régna sur Vérone durant 125 ans, aux 13° et 14° siècle) et le Castelvecchio
  • la Piazza Bra, Piazza delle Erbe, Piazza dei Signori

IMG_4545
Vue sur l’Adige et l’arrière du Duomo depuis la terrasse du Re Teodorico

DSCN0273
Dante sur la Piazza dei Signori, à l’arrière la Loggia del Consiglio

IMG_4536
La Torre dei Lamberti vue de la piazza delle Erbe

DSCN0256.JPG

DSCN0230.JPG
Le Ponte Scaligero, construit entre 1354 et 1356

 

Bilan culturel de juin

Bonjour à tous,

Petit intermède dans mes récits de voyages passés et à venir pour vous parler de ma consommation littéraire et autre en ce mois de juin. Enfin, surtout littéraire car je ne suis toujours pas allée au cinéma en juin (mais j’y suis déjà allée ce mois-ci et plein d’autres films me font envie) et niveau séries, j’ai principalement continué des choses déjà entamées avant. Par contre, en Croatie j’ai renoué avec un temps de lecture quotidien conséquent et c’est donc avec plaisir que je vais pouvoir parler de plusieurs romans.

J’ai notamment et finalement terminé « Duma Key » de Stephen King. Le premier livre de cet auteur mythique que je lisais. J’avais déjà tenté 22/11/63 qui avait été encensé par la critique et les amateurs, mais il m’était tombé des mains assez rapidement. C’est une amie qui m’a offert Duma Key lors d’un souper à 4 après les fêtes où chacune proposait un livre et repartait avec le livre d’une autre. J’ai donc mis presque deux mois à terminer Duma Key, livre dont je n’avais jamais entendu parler auparavant, contrairement à plein d’autres de l’auteur. Voici la quatrième de couverture de l’édition du Livre de Poche :

Duma Key, une île de Floride à la troublante beauté, hantée par des forces mystérieuses, qui ont pu faire d’Edgar Freemantle un artiste célèbre… mais, s’il ne les anéantit pas très vite, elles auront sa peau ! Dans la lignée d’Histoire de Lisey ou de Sac d’os, un King subtilement terrifiant, sur le pouvoir destructeur de l’art et de la création.

Too much, kitsch, drôle, éminemment cinématographique façon série B, il y a du Tarantino chez King. Sabrina Champenois, Libération.

Terrifier son lecteur alors que son récit se déroule en plein soleil dans l’archipel des Keys, lieu paradisiaque à la végétation luxuriante et aux plages blondes, c’est ce que King fait de mieux. Tatiana de Rosnay, Le Journal du dimanche.

Ce que j’en ai pensé : Il faut savoir que le fantastique n’est pas mon genre de prédilection, mais ça vous l’aviez compris. Néanmoins, je suis contente d’avoir terminé ce bouquin assez conséquent. Il démarre en diesel et j’ai trouvé le début lent et même le milieu lent. Peut-être aussi parce que la fatigue me faisait clore les yeux après à peine une quinzaine de pages chaque soir sans vraiment réussir à m’immerger dans le récit. Cependant, je n’ai pas eu envie de laisser tomber comme pour d’autres livres. Je ne saurais dire ce qui a fait la différence, je pense que j’étais tout de même absorbée par l’atmosphère installée peu à peu par l’auteur. Pendant longtemps, j’ai senti quelque chose planer, une forme d’étrangeté, mais c’est seulement vers la fin du roman qu’elle est devenue menaçante puis terrifiante et à la fin, je ne pouvais quasiment plus lâcher le livre. Au final, ça m’a plutôt donné envie d’en lire un autre. A vous de me dire lequel. Etes-vous fan du maître ?

Au rayon séries, j’ai regardé les saisons 3 et 4 de « The Affair », une production de Showtime diffusée par Netflix. J’avais vu les deux premières saisons il y a longtemps (je pensais en avoir parlé ici mais je n’en retrouve pas la trace ) et j’étais ravie que la suite arrive sur Netflix. Je trouve cette série brillante, originale et captivante, bien que parfois, elle s’égare en voulant traiter trop de sujets à la fois. Au départ, le pitch est simple et le titre ne ment pas : on suit la relation extraconjugale de Noah et Allison (Ruth Wilson, vue en psychopathe dans Luther), ainsi que ses conséquences sur leurs vies et celles de leurs conjoints respectifs Helen (Maura Tierney – Urgences) et Cole (Joshua Jackson – Dawson, Fringe). Ce qui la rend exceptionnelle c’est :

  • La qualité incroyable de l’interprétation des acteurs principaux entre errance et résilience
  • La finesse psychologique et la construction des personnages qui traversent passion, deuil et traumatismes avec cohérence.
  • La force de se renouveler, même si certaines trames narratives de la troisième saison étaient évitables, c’est bien plus qu’une série sur une intrigue amoureuse.
  • Le portrait réaliste fait des psys et du travail de reconstruction, ainsi que de la dynamique familiale qui permet toujours une analyse plus poussée des actes posés.
  • Enfin, ce qui fait la particularité de la série et sa signature, le traitement des évènements selon plusieurs angles. Les épisodes sont divisés en deux et montrent au début les points de vue de deux personnes sur des évènements similaires. Par la suite, ce ne sera pas toujours le cas, mais les protagonistes se passent toujours le témoin de l’intrigue, le cédant occasionnellement à un personnage secondaire. C’est très innovant, parfois on ne sait plus où on en est après un épisode, mais cela rappelle surtout le caractère subjectif de l’expérience et la nécessité de prendre du recul avant de juger.

Résultat de recherche d'images pour "the affair"

Bref, sur le fond comme sur la forme, je vous recommande chaleureusement cette série. Attention cependant aux âmes sensibles, il y a pas mal de scènes assez crues et émotionnellement, cela peut aussi être violent. Si vous êtes déprimé, c’est à double tranchant.

Enfin, j’ai lu la trilogie de Douglas Kennedy « La symphonie du hasard ». Voici ce qu’en disait Christine Ferniot pour site de telerama lors de la sortie du premier tome :

Capable du meilleur (La poursuite du bonheur) et du moins bon (La Femme du Ve), Douglas Kennedy se révèle un champion des destins contraires. On s’installe dans ses romans avec l’assurance d’un plaisir confortable, renforcé par son sens de la dissection psychologique. Avec La Symphonie du hasard, le romancier se lance dans un ample projet : un roman fleuve couvrant une vingtaine d’années. Le premier volume de cette épopée américaine paraît ces jours-ci, les deux suivants seront disponibles en mars puis en mai 2018. Unissant petite et grande histoire, autobiographie et fiction, Douglas Kennedy réussit une fresque sociale et familiale pleine de trahisons, de mensonges et de culpabilité. Il choisit pour héroïne Alice, éditrice à New York, qui se souvient de son adolescence, dans les années 1970. Par son entremise, il plonge dans une famille middleclass de banlieue, une fratrie de trois enfants nés des amours d’une mère dépressive et d’un père catholique irlandais rigide et souvent absent.

Racisme, antisémitisme, homophobie, mais aussi éveil politique, coups d’Etat au Chili ou libération sexuelle… Douglas Kennedy lance son kaléidoscope et n’oublie jamais de serrer ses intrigues comme ses personnages en multipliant les détails de la vie quotidienne. On file boire une bière dans un « diner » décoré comme un wagon de train pour parler existentialisme. Van Morrison jaillit dans la sono. Les étudiantes fument des ­Viceroy et s’habillent « baba cool ». ­Richard Nixon prête encore serment sur les marches du Capitole… « Toutes les familles sont des sociétés secrètes », écrit le romancier, et en effet, les ­secrets ne manqueront pas — à commencer par un peu d’espionnage paternel à la solde de la CIA. Quand le premier tome s’achève sur un « A suivre » feuilletonnesque, on peste à l’idée d’attendre trois mois. C’est plutôt bon signe !

Douglas Kennedy est indéniablement un raconteur né, difficile de lâcher un de ses ouvrages. Comme dit plus haut, il y a eu du très bon et du moins bon, tant au niveau des intrigues (qui tendent à se répéter) que du style. Ici, on a un peu l’impression qu’une commande a été passée à l’auteur (mais est-ce une impression en fait?) et qu’il a dû livrer un produit fini rapidement. Je ne veux pas cracher outrageusement dans la soupe. J’ai aimé cette saga familiale (pour le coup tout à fait un de mes thèmes de prédilection) et suivre l’Histoire au travers des histoires et pérégrinations d’Alice. Cependant, j’ai trouvé aussi trop de clichés. Clichés sur la famille, clichés sur l’Amérique, clichés sur l’Irlande. Chaque détail du quotidien était convenu, les choses n’étaient pas bien dégrossies. Et, autre problème, les personnages ne sont pas des plus sympathiques, j’ai eu du mal à être en empathie avec Alice. Je trouvais que malgré ce qu’elle disait et pensait, les choses paraissaient glisser sur elle. Hormis les aléas de l’existence, ce qu’elle veut, elle l’obtient (une admission dans une université, la reconnaissance, un mec…) et ça manque globalement de nuance. Ceci dit, ça s’améliore et devient plus complexe je trouve lors du troisième tome. J’ai fini par m’attacher à Alice et aux personnages hétéroclites qui l’entourent et j’ai été touchée par les réflexions faites sur la façon dont nous pensons nous organiser pour ne pas souffrir, au risque de passer à côté du bonheur. J’en lirais un 4° ou un 5° avec plaisir, malgré cette pauvreté relative dans l’écriture. Si vous devez lire un Douglas Kennedy, je vous conseille « quitter le monde » ou « cet instant là » qui sont les deux ouvrages que j’ai préférés.

Voilà, j’ai beaucoup parlé alors que finalement, j’ai parlé de très peu de choses. Et vous, dites-moi, avez-vous des auteurs fétiches et d’autres qu’il vous faudrait encore absolument essayer ?

Voyage en Croatie (1): Zadar

Bonjour à tous et toutes et merci pour vos retours sous mon dernier article. Cela me fait chaud au cœur de voir que mes articles sont lus et je suis encore plus heureuse s’ils font germer des idées et s’ils vous inspirent.

Me revoici avec un article plus personnel. Comme vous l’aurez constaté, je n’ai pas une ligne éditoriale bien définie, vous trouverez sur mon espace des articles sur la transition vers une consommation plus (éco) responsable, sur la culture et aussi des articles plus personnels, voire inclassables.

Cet article est le premier de plusieurs articles qui parleront de la Croatie. Il est donc à mi chemin entre le culturel et le personnel. Il sera plus personnel que mes articles sur le Danemark car j’ai du sang croate. Beaucoup de gens qui me connaissent l’ignorent et moi-même je ne me suis jamais sentie très connectée à ce pays. C’est la première fois que j’y allais. Je me sens Belge car ma famille maternelle est belge et c’est le pays où je suis née et où je vis. Je me sens aussi italienne car j’ai un patronyme italien, une double nationalité car mon père n’a jamais adopté la nationalité belge. De plus, j’étais très proche de mon Nonno, à qui j’ai consacré cet article, et j’ai étudié, par choix, deux ans en Italie. Je suis extrêmement reconnaissante pour ces belles années qui m’ont profondément marquée, connectée à mes racines et appris la langue. Je devrais me sentir tout autant croate, puisque la mère de mon père est croate, mais non. Pourquoi ? C’est une question intéressante, je suis passionnée par les questions d’identités en général et je me suis forcément interrogée. Je pense que c’est une question de patronyme d’abord. S’appeler Dupont, Rossi ou Ivanovic (aucun de ces noms n’est le mien ou celui de mes parents bien sûr) fait je pense une différence. On est étiqueté différemment aux yeux des autres qu’on le veuille ou non. Je me rappelle que petite, il y a eu une époque où je ne supportais pas qu’on me dise que j’étais italienne. Puis je l’ai revendiqué.  Physiquement aussi, j’ai hérité des yeux marrons de mon grand-père paternel et de ma maman (qui n’est pourtant pas italienne) et non des yeux clairs de ma famille croate. Physiquement, je n’ai rien de slave, je ne connais pas la langue et je ne me suis jamais vraiment sentie attirée par les pays de l’est.

Il y a quelques années, lorsque mes parents y sont retournés en vacances et que mon frère y est allé aussi, la curiosité à fini par me piquer. Et puis bien sûr, depuis 15 ans, énormément de monde est allé en Croatie et j’étais un peu piquée aussi d’entendre des amis et connaissances me parler d’un pays qui renferme une partie de mon histoire et qu’ils connaissaient bien mieux que moi. C’est pourquoi l’an dernier, j’ai demandé comme cadeau d’anniversaire à mes parents un voyage avec eux en Croatie. J’avais envie de découvrir une potentielle connexion au pays au-delà de prendre de simples vacances. C’est ainsi que nous sommes partis pour une semaine à Zadar le 1 juin.

Comme je l’ai dit dans un article précédent, nous avons pris l’avion. Je n’ai toutefois pas voulu prendre ryanair et j’ai été surprise du prix tout à fait démocratique auquel nous avons avons acheté nos billets. Nous avons effectivement payé environs 130 euros aller-retour de Bruxelles avec Brussels Airlines. Nous avions une place numérotée choisie lors de la réservation et le droit à 20kg de bagages en soute + un bagage cabine. Un excellent rapport qualité prix. Un avion plus petit aussi car c’était des rangées de 2×2 sièges. J’étais très surprises car je n’avais jamais eu autant de places pour mes jambes, l’appareil était très confortable.

Zadar est une ville de la côte dalmate. Nous avons séjourné dans la vieille ville qui est située sur une presque île. La ville était fortifiée et une bonne partie des remparts et des portes est préservée. Des vestiges d’un forum romain subsistent également. La ville a pourtant subi la seconde guerre mondiale où elle a été occupée par les Italiens et elle a également été touchée par le conflit qui a déchiré l’ex Yougoslavie et abouti à la création des plusieurs républiques que nous connaissons aujourd’hui dont la Croatie. Face à elle l’île d’Ugljan et derrière celle-ci, l’archipel sauvage des Kornati. Une chose qui m’a marquée en Croatie est qu’il y a tellement d’îles qu’il y a très peu d’endroits sur le continent d’où l’on peut voir l’horizon.

XTAL8882

A Zadar, j’ai particulièrement apprécié :

  • La longue promenade sur le front de mer, entièrement piétonne. Alfred Hitchcock, suite un séjour à Zadar, aurait déclaré que le coucher de soleil qui est observé depuis la promenade était le plus beau du monde.

P1070217

  • Sur cette même promenade, au nord, on trouve l’orgue maritime, un « objet d’art sonore » architectural créé par Nikola Basic  et inauguré en 2005. Je vous invite à aller voir sur youtube et surtout écouter. Il s’agit de tuyaux dans les marches de la jetée et de perforations dans le sol qui communiquent avec ces tuyaux. L’ensemble offre une symphonie permanente aux promeneurs et vacanciers. Mélodie calme par beau temps et qui s’emballe lorsqu’il y a du vent ou au passage d’un bateau. Cela vaut assurément le détour et on y trouve des gens assis à profiter du spectacle à toute heure. Hypnotique et unique.
  • Naroni trg : la place de la liberté au cœur de la ville. On y trouve un musée ethnologique, l’hotel de ville et une loggia. Elle est piétonne comme presque toute la ville et on y trouve deux cafés restaurants. A l’époque où j’y suis allée, la place a été animée plusieurs soirées par des chants et des groupes folkloriques.

P1070681P1070682P1070683

  • L’ascension du campanile de l’église Sainte Anastasie qui offre une vue à 360 degrés sur la ville, la mer, les îles et l’arrière-pays. A ne pas manquer mais attention, une partie est un escalier en colimaçon en acier donc ce n’est clairement pas pour tout le monde. J’ai dû y aller seule…

P1070206P1070646P1070647P1070649

Voilà, c’est tout pour cette première partie. A suivre, l’ambiance des îles, les parcs nationaux et un épilogue sur mon expérience. Et vous, êtes vous déjà allés en Croatie ? Avez-vous des origines étrangères ? Pensez-vous que le nom que vous portez a pu influencer ou non un rapprochement ou un intérêt par rapport à ces origines ?