S’accrocher

Il y a plus ou moins deux heures, CNN a officialisé la nouvelle que j’attendais depuis 4 jours : Joe Biden et Kamala Harris vont faire leur entrée à la Maison Blanche et en déloger Donald Trump et Mike Pence. Leur histoire m’inspire cet article. Joe Biden a bientôt 78 ans, il a perdu sa première femme et une petite fille de 18 mois dans les années 70. Il s’est remarié et il y a 5 ans il a perdu son fils aîné d’un cancer. Aujourd’hui, à 78 ans, il est en coulisses, prêt à monter sur scène pour le plus grand rôle de sa vie. Cela peut paraitre quelque peu désespérant de penser que l’Amérique n’a pas d’alternative à Donald Trump qu’un homme de 78 ans. Mais aujourd’hui, cette élection me remplit d’optimisme. Parce que cet homme est un survivant et qu’il prouve que tant qu’on vit, rien n’est jamais terminé. Parce qu’il a à ses côtés une femme de couleur, la première à occuper cette fonction. Parce que c’est l’occasion pour les Etats Unis et le monde de renouer avec la décence, la vérité scientifique et la tolérance. Parce qu’ils se sont accrochés et que cela vaut la peine de s’accrocher.

Pour le moment, nous devons tous nous accrocher. Nous accrocher en attendant que la vague fléchisse. Nous accrocher face aux images de terrorisme, de conflits en Arménie et ailleurs, d’hôpitaux bondés…

Aujourd’hui, je retiens cette élection qui réinstalle de l’espoir pour le monde. Je m’accroche à cet espoir. Parce que je vois des gens se donner corps et âme pour prendre soin des autres. Parce qu’un magasin de producteurs locaux va s’installer dans ma rue, dans ma petite ville que je ne trouve pourtant pas très engagée pour l’écologie. Parce que mon école de musique ne ferme pas et va m’aider à supporter ce confinement. Parce que c’est l’automne et que la lumière est superbe. Parce qu’après cette tempête, je compte vivre beaucoup de belles choses.

S’accrocher. S’accrocher les uns aux autres. S’accrocher et s’accorder tant que possible. S’accrocher et remettre l’ouvrage sur le métier autant de fois qu’il le faudra. S’accrocher et continuer à rêver. S’accrocher et ne pas céder. S’accrocher à son centre de gravité. S’accrocher à ce qui nous fait du bien. S’accrocher et ne pas relâcher nos efforts. S’accrocher et prendre exemple. S’accrocher et patienter. S’accrocher parce que c’est la seule voie…

Courage à tous et à tous, plus ou moins sensibles à l’actualité, plus ou moins impactés par la situation sanitaire, plus ou moins effrayés ou émerveillés d’être tous ensemble sur ce grand bateau…

Et pour conclure, cette superbe chanson de Jacques Brel, « La Quête » :

Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d’une possible fièvre
Partir où personne ne part

Aimer jusqu’à la déchirure
Aimer, même trop, même mal
Tenter, sans force et sans armure
D’atteindre l’inaccessible étoile

Telle est ma quête
Suivre l’étoile
Peu m’importent mes chances
Peu m’importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l’or d’un mot d’amour

Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s’éclabousseraient de bleu
Parce qu’un malheureux

Brûle encore, bien qu’ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s’en écarteler
Pour atteindre l’inaccessible étoile

Journal de Confinement 2: 22 – 29 mars

Lundi 23 mars : Animer une réunion d’équipe avec neuf personnes sur microsoft teams : Check !

Mais après « j’ai la tête qui éclaaaaaaate j’voudrais seulement dormir… ». Non je plaisante, c’est toujours la forme.

Durant mes moments de pause aujourd’hui, la reine Victoria succède à Elizabeth I et je poursuis mes coloriages apaisants.

L’après midi coups de fils professionnels pour m’assurer que les choses ne partent pas en vrille, ça a l’air d’aller.

Le soleil est toujours avec nous, je décide d’aller marcher jusqu’à un bois dont le parking a apparemment été fermé aux voitures car il y avait des regroupements. Je ne sais pas ce que les gens ne comprennent pas…  Du coup, lorsque j’y pénètre enfin après presque 5 kilomètres, j’y suis accueillie par un calme absolu. Une riveraine s’y débarrasse de ses herbes tondues me confirme que c’est fermé en bas près des parkings et des étangs mais que je devrais pouvoir le traverser et rejoindre la route en contrebas. Je me lance. En temps normal, cette situation, moi seule dans un bois, m’insécuriserait. Parce que je suis une femme. Parce qu’on entend trop de faits divers, de joggeuses violées… Aujourd’hui, je me sens en communion totale avec la nature et avec moi-même.  Je compatis avec ceux qui s’ennuient, moi je chéris ce temps qui me permet de déplier mes pensées, de me soulager du fardeau de la course permanente, de renouer avec ma créativité…  Dommage qu’il faille une crise sanitaire pour jouir de ce calme.

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Les bois sont si tranquilles, je fais le moins de bruit possible pour ne pas déranger la musique que joue la nature en sourdine. Tout se ressemble autour de moi et si je ne connaissais pas l’endroit, je pourrais imaginer qu’il s’étend à l’infini. Les petites touches vert tendre sur certains arbustes sont les seuls témoins de l’éveil du printemps alors que la « golden hour » sème la confusion et que l’on pourrait s’imaginer en automne. Le temps est suspendu et le calme est grand à l’intérieur de moi. Je me dis que je suis prête à voyager seule et que j’ai de la chance, après des années parfois tourmentées, comme tout le monde, d’être arrivée à ce stade de ma vie où je suis heureuse d’être confinée avec moi-même… Je retrouve mon chemin et la balade se poursuit et se conclut en plein soleil en longeant le fleuve pour rentrer.

De retour, réponse à quelques messages professionnels, souper sain et ablutions.

Je lis la presse et j’apprends avec soulagement que depuis samedi le nombre de cas avérés et de décès diminuent en Italie. Les articles fleurissent qui disent que le confinement n’aurait pas dû être la solution mise en place par les autorités. L’avenir nous confirmera si c’était un pis-aller comme l’affirment beaucoup de médecins et de spécialistes de la santé publique, mais quelle que soit la méthode, heureusement, elle semble commencer à porter ses fruits.

La soirée est consacrée à l’écriture et à quelques leçons de néérlandais.

Demain je vais reprendre ma voiture pour aller au travail. C’est mon tour de permanence. Là-bas j’aurai même un jardin. Je suis contente de quitter mon domicile, mais en même temps, je me suis faite à cette bulle où je ne suis un danger ni pour moi-même ni pour les autres et demain, il va me falloir croiser d’autres humains. Pas le choix, telle est ma mission…

Mardi 24 mars

Journée de travail au bureau, la première depuis mercredi dernier. Je me lave les cheveux,première fois depuis lundi 16. Oh my God, ils sont si volumineux et légers, je peine à les discipliner. Normalement une cure de sébum doit durer 1 mois, nous verrons donc ce que produisent 8 jours d’abstinence. Je compte espacer le plus possible durant le confinement. Comme on ne peut pas m’approcher, j’espère faire illusion.

En partant, je me concède deux viennoiseries à la boulangerie en bas de chez moi, mon péché consumériste de la semaine.

Journée au ralenti au bureau, nous gérons les choses par téléphone, nous mettons souvent des emplâtres sur des jambes de bois, mais on ne peut rien faire de plus actuellement. Le soleil nous accompagne toujours et je fais le plein de lumière au jardin.

Retour, souper frugal. Je repense à mes mots d’hier. Je me demande si je dois me sentir coupable de me sentir bien. Je vois la rage des médecins qui scandent que nous ne sommes pas en vacances. Ils ont raison, mais je décide de m’absoudre. Je travaille, je respecte toutes les recommandations (et ici nous pouvons toujours faire de l’exercice, même avec un ami, et moi je le fais seule) et je respecte profondément le travail et la souffrance des autres. Je pense que c’est leur faire honneur que de mettre à profit ce temps qui nous est donné à nous, bien portants contraints à ralentir, pour nous replier en nous-mêmes, prendre soin de notre santé et conserver notre bonne humeur. Je vois la créativité et les messages bienveillants fleurir autant que la nature et cela me réchauffe le cœur, moi souvent si désespérée par l’humanité. J’espère qu’un peu de cette conscience collective et de cette nouvelle présence aux autres et au monde qui nous entoure pourra survivre à la crise.

19h21, j’ai été distraite car j’écrivais un mail en même temps et lorsque je relève la tête, Stéphane Bern est en train de nous emmener sur les traces de la chambre d’évacuation des latrines de Catherine de Médicis. Véridique, il examine le reliquat de ce qu’ils supposent être un préservatif en boyau de mouton. Grandeur et décadence… Ouf, il ressort de là et nous voilà en Ecosse sur les traces de Marie Stuart. Je suis fan de Secret d’Histoire c’est fait. Ouille maintenant un vieux hallucine dans un château en ruine et voit Marie Stuart en train de se brosser les cheveux…comme le dit la voix off il « entretient une relation unique avec son fantôme ». Ahem !

Comme vous l’aurez compris, mon moment culture est aujourd’hui encore consacré à une reine. Je fonctionne par phases…demain Marie Stuart peut-être, ou Laurent le Magnifique… J’aimerais tant retenir tout cela, mon manque de culture historique m’ennuie beaucoup.

Je m’arrête ici, je vais sans doute poursuivre mon apprentissage du néérlandais avant de m’octroyer un épisode de série puis un livre et au lit. Pas de sport aujourd’hui, il me faudrait courir demain pour compenser toutes ces canneberges enrobées de chocolat que je m’offre au quotidien. On n’est jamais vraiment seul lorsqu’on a du chocolat…si ?

Mercredi 25 mars

Finalement il n’y aura eu ni sport ni pratique de la langue de Vondel hier.

J’ai entendu du bruit à ma fenêtre alors qu’il faisait noir et c’était des gens qui applaudissaient tandis que les cloches de la collégiale retentissaient. J’ai ouvert la fenêtre, applaudi et par là vu la tête de voisins dont j’ignorais jusque là l’existence. Une fille a joué quelques accords de guitare. Poésie… Je reçois de la poésie par mail aussi, ça fait du bien.

Ce matin, je traite quelques urgences à distance, j’alterne entre des tâches domestiques, du travail, de la culture. L’élu du jour est Voltaire. Je savoure le jus de 3 oranges bio de Sicile offertes par mon papa avant que nous soyons confinés. Quel goût merveilleux.

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La journée est une alternance de travail, de création, de moments d’apprentissage…

Après une première partie de journée productive, je suis prête pour aller courir. Je pars à travers champs, je me risque dans les bois où cette fois, d’autres joggeurs solitaires foulent les sentiers et parfois les inventent. J’ai perdu mon chemin et me retrouve à enjamber un tronc. Je quitte l’ombre des arbres et rejoins le soleil du bord du fleuve. Je suis en forme, mais cela se corse et je suis clémente avec moi-même lorsque je termine en marchant énergiquement. Avec le soleil, j’ai reçu un implacable vent de face sans espoir d’y échapper sur 3 kilomètres. J’ai donc été plus vite cette fois-ci mais un peu moins longtemps.

De retour, petite conversation avec ma filleule et sa sœur en vidéo. Je leur fais écouter mes voisins qui s’animent de soir en soir vers 20h, jouent de la trompette et de la guitare. Elles se montrent créatives elles-aussi et me font voir leurs productions du jour.

La soirée se termine avec le dernier épisode de la saison 4 d’Outlander, le début de l’écriture d’un article ainsi que quelques chapitres de ma lecture cocoon du moment « Rendez-vous avec le crime » de Julia Chapman.

Outlander notes: A Sam Heughan promo; new Richard Rankin quotes
Moi quand les gens ne respectent pas le social distancing…

jeudi 26 mars

Nouvelle réunion sur microsoft teams, nous sommes de plus en plus à l’aise. Mon directeur me fournit une attestation pour que je puisse me déplacer en cas de crise.

Comme hier, je me consacre au travail et aux emails professionnels, à Marie-Antoinette et au néérlandais. J’avance bien et même si je ne suis plus capable de tenir une conversation, je m’aperçois que toute une série de règles de grammaire et de conjugaison sont bien ancrées chez moi. Je fais peu d’erreurs et tout cela se dérouille peu à peu. J’espère garder cet état d’esprit lorsque, une fois le confinement terminé, j’aurai à nouveau des moments de vacances à la maison et des jours de congé en semaine ou même le dimanche. Trop de jours souvent passés certes à me détendre, mais également à faire des déplacements dispensables et à ne rien entreprendre pour apprendre de nouvelles choses.

Je sors faire une marche avec une personne qui a besoin de soutien, couverte par mon attestation. Même si cela sort de mon cadre actuel de travail, j’ai le sentiment que c’est utile et qu’une autre relation se tisse, tout en restant professionnelle.

Je vais faire des courses et me gâte avec une pizza 4 fromages bio que je garnis d’une tomate supplémentaire. Je m’octroie également un coca zéro (cohérence quand tu nous tiens). Malheureusement je crame à moitié la pizza mais ça va elle est tout de même mangeable.

Je m’informe, les hôpitaux de l’est de la France et de la région parisienne font face à un tsunami. Je crains que la même chose arrive ici. De toute façon, même si les services ne sont pas débordés, les patients qui décèdent ne revoient jamais leur famille. Je crains également pour les maisons de repos et pour ma marraine qui y réside et doit être tout à fait déconnectée… J’ignore même si elle a compris quelque chose et si elle nous reconnaitra lorsque nous pourrons retourner la voir…

Je m’arrête ici et vais me changer les idées en terminant mon article sur les Pays Bas et en regardant un film…

Vendredi 27 mars

Aujourd’hui je m’octroie un réveil plus tardif, je me sens vidée, hello la jolie période du mois. Je n’ai cependant pas trop à me plaindre et généralement je parviens à vivre tout à fait normalement, je suis juste plus fatiguée durant 24h.

Je sors pour aller à la poste envoyer une petite carte d’anniversaire à ma filleule qui aura 3 ans lundi. Je prends le temps d’insérer dans l’enveloppe un bouquet de bisous volants et invisibles 🙂 Ensuite direction le supermaché…il me faudrait vraiment du papier toilette… Première tentative, il y a une file monstre, les gens ont presque tous des masques… Où ont-ils eu ces fichus masques…on me dévisage comme si j’étais une pestiférée. Je rebrousse chemin et cherche une autre crèmerie. All right moins de monde ici, je ressors avec le Saint Graal…que j’ai dû demander à la caisse car il est rationné. J’étais presque gênée de le demander, comme si on dealait de la meth. Non mais…

Ici, comme je ne dois pas bouger, j’accueille l’abattement et offre à mon corps une sieste après ma quête victorieuse. Stéphane Bern et Napoléon ne font pas le poids…Je suis éveillée par un appel professionnel et en profite pour traiter quelques affaires courantes avant le weekend tant que je suis à nouveau opérationnelle.

16h15 départ pour une balade avec S. Je fais le plein de rayons de soleil, de vent de bord de Meuse, de cris d’oiseaux… Au retour arrêt à la librairie, je vais bientôt manquer de matériel de coloriage, mais je ne trouve pas ce qu’il me faut.

Sophie Wilmès annonce le prolongement des mesures jusqu’au 19 avril (officiellement mon anniversaire se fera en confinement) et probablement jusqu’au 3 mai. Panique à bord, je boycotte amazon et prends donc un peu de temps mais ouf, je refais mon stock : carnets de coloriage à la fnac (j’aurais voulu soutenir un libraire indépendant, mais ils ne livrent pas) et fournée de stabilo pen 68 chez ava pour élargir ma palette. Ok j’ai tout ce qu’il me faut.

Soirée Koh Lanta…les gens sont fous…je suis bien contente d’être seule !

Samedi…combien déjà…ah oui 28

Je suis contente car les statistiques de mon blog sont bonnes et mon article sur le weekend aux Pays Bas est apparemment beaucoup lu même si je ne reçois pratiquement aucun j’aime ni commentaire. Difficile de savoir si le contenu ne plait pas ou juste si les personnes ne prennent pas la peine de le signaler. Quoi qu’il en soit, ça me fait plaisir.

Jour de weekend donc…fini de procrastiner avec le ménage…mais d’abord un peu d’écriture, notamment ce journal que je complète en regardant du coin de l’œil des tutos broderie sur youtube. Alors que j’ai zéro matériel. Et si je me faisais livrer ? Est-ce anti confinement ? Ou au contraire est-ce bien de soutenir l’économie et de faire vivre les commerces qui livrent encore. J’ai des envies créatives. Je me rends compte que le rythme de la vie active anesthésie cet élan en moi et cela me frustre plus que je ne l’imagine.

Une playlist de rock and pop 2000’s plus tard et l’essentiel est fait. Merci à Damon Albarn, Gwen Stefani, Liam Gallagher et Chris Martin pour l’accompagnement de mon ménage chorégraphique. Demain, la salle de bain !

L’heure est venue d’aller courir. Je ne sais jamais à l’avance comment je serai, mais aujourd’hui, je suis bien. Je sens que je vais un peu plus rapidement que les deux, trois dernières fois et me demande si je vais tenir. Je déroule et pourtant au début j’ai le vent de face. 5km, je coince un peu. Mais je me rappelle que j’ai les jambes et qu’il n’y a pas de raison que je n’aie pas le souffle, il y a juste des moments comme ça dans un run où je me sens plus lourde. Je décide de me dire que mon second souffle va arriver, je continue, je bifurque vers un chemin qui m’emmène plus loin de chez moi, je ne me laisse pas le choix…et bam 10km à du 6’45’’ au km. Je suis satisfaite. Je ne comprends pas pourquoi ma forme n’est pas plus constante, mais c’est ainsi.

De retour, je m’offre un plaisir qui trainait au fond d’un tiroir depuis ma dernière visite chez lush il y a deux ou trois mois…elle s’appelle Twilight et c’est une bombe de bain….détente.

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Le film du jour est « Whiplash » et c’est un coup de maître, je vous en parlerai dans mon prochain bilan.

L’heure est venue de me glisser dans des draps propres avec mon livre doudou qui m’emmène dans les montagnes du Yorkshire.

Dimanche 29 mars

Lever tardif, pour une fois le changement d’heure ne m’inquiète pas et je ne suis pas en rush pour aller à la salle de sport avant 14h…matinée canapé et je termine mon roman. Opération limitation des écrans.

Fini le soleil, ça ne rigole pas aujourd’hui. Ce n’est pas grave car à 16h, je fête l’anniversaire de ma filleule sur microsoft teams, à l’heure où nous aurions dû nous réunir in real life. Pour l’occasion je sors m’acheter un Merveilleux pour que nous mangions une douceur tous ensemble. J’en profite pour marcher un peu et suis surprise par le vent glacial qui me fait mal aux joues. Lorsqu’il commence à NEIGER, je remonte chez moi.

14h49 Mon Dieu, j’adore « Grace & Frankie ». Jane Fonda est une déesse ! Tout le monde doit voir cette série, c’est tellement plein de punchlines hilarantes !

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Une photo de qualité médiocre pour une série de grande qualité

16h-17h : réunion de coronanniversaire en vidéoconférence. Nous chantons et mangeons du gâteau en même temps mais pas ensemble. Nous sommes en sept endroits différents (dont un de garde en service au poste de police qui doit quitter pour aller verbaliser des personnes qui contreviennent aux mesures de confinement grrr) et c’est très amusant. Nous nous promettons un bon gateau tous ensemble lorsqu’on pourra sortir.

Cette semaine se termine devant Marie de Médicis puis sans doute l’Inspecteur Barnaby ce soir. Je vais également pouvoir entamer « Une brève histoire de l’humanité », qui devrait, contrairement à ce qu’indique son nom, m’occuper pendant un bon moment.

Et vous comment allez-vous? Au travail plus que jamais? En télétravail? Bien? En manque de contacts sociaux? Courage à tous, prenez soin de vous et sauvez des vies en restant chez vous…

 

Journal de Confinement 1 : 16 – 22 mars

Lundi 16/03 : avant le weekend, j’étais encore chaude, mais là, ça s’est refroidi au fil du weekend et aujourd’hui, je me dis qu’hier était ma dernière visite à mes parents jusqu’à… ? Au travail, il manque deux personnes qui ont des symptômes. Pas spécialement du Covid 19, mais peu importe, les consignes sont claires. Au moindre éternuement…

Réunion interminable pour savoir comment on va s’organiser. Permanences, travail à domicile, … Heureusement la météo est clémente, je milite pour qu’on poursuive la réunion dehors puisque nous avons la chance d’avoir un jardin. Ca me rappelle le temps du collège lorsqu’on implorait «M’sieur, on peut faire cours dehors ? », lors des premiers rayons de soleil. Faut-il préciser que la réponse a toujours été négative. Mes collègues sont plus collaborants que les professeurs.

Je rentre chez moi. Je réalise que je ne verrai plus ma filleule qui va sans doute fêter son troisième anniversaire en confinement. Si mes amis et parents vont me manquer, c’est facilement supportable avec le téléphone, les mails, messageries… Avec les tout petits, c’est plus difficile…A quand le prochain câlin ? Mon cœur se serre…

Je regarde les news et me sens un peu oppressée. Pourquoi pas faire une petite séance de yoga ?  Je m’y mets face à une vidéo, mais zut je n’ai pas de tapis idoine et sur le parquet ça fait mal aux genoux. Je dois m’en procurer un avant que tout ferme. Ah il y en a au boulot je pense, j’en emprunterai un demain avant de ne plus pouvoir y aller…

Après un épisode d’Outlander, je me couche et règle mon réveil car même si je ne vais pas bosser, je dois pouvoir répondre au téléphone si ma collègue de permanence appelle.

Or with a few people I am really close to..and of course, my cats

Mardi 17/03 : C’est la Saint Patrick, pas de fête pour les Irlandais je suppose. A 6h du matin, je vois que j’ai reçu un message d’une amie qui est au Canada. C’est étrange comme un destin commun nous pousse à nous rassembler. Quelque part ça fait chaud au cœur. C’est le même topo là bas.

Il fait à nouveau plein soleil. Je ne suis pas du matin, mais peut-être serait-il bon que je sorte faire mon jogging ou juste marcher tant que cela nous est autorisé… Je compte bien mettre à profit ce temps qui nous est donné et la fermeture de ma salle de sport pour ne pas me laisser aller et bosser mon cardio.

Je devais aller à la poste, je n’irai pas. C’est non essentiel et j’anticipe la future interdiction de déplacements non essentiels.

Ah si j’avais un jardin…

Je vais à l’épicerie à côté de chez moi. Il me faut du coca zéro…oui lynchez moi, il m’en faut…un peu… La vendeuse a peur de grossir suite à la fermeture de la salle de sport. Je propose de lui prêter mon vélo…

Gestion des urgences, reports et passation d’informations au travail. Tout est si calme dehors. Les gens sont plein de bon sens et même gentils, un Monsieur me propose de mettre un fauteuil pour moi dans son jardin si je viens avec un masque. Emergence des premiers bénéfices du coronavirus ? La bienveillance ? La solidarité ? La simplicité ? La conscience collective ? La sagesse ? Soyons fous.

Au retour, séance de sport en vidéo, ça va beaucoup mieux avec les tapis ramenés du boulot.

J’espère que tous ceux qui avaient besoin de papier toilette ont désormais un stock suffisant car il faudrait vraiment que je fasse des courses demain…

19h37 Devant le JT, en attente de l’annonce du confinement… Je me suis sentie comme effervescente aujourd’hui. A la fois stressée, de bonne humeur, prête à en découdre et oserais-je le dire un peu exaltée de vivre un moment qui sera retranscrit dans les livres d’histoire et qui mobilise l’Humanité contre un ennemi commun. Serait-ce ce qu’il lui fallait ?

Les gens vous mettent constamment la pression pour être plus sociable.

Mercredi 18/03 : Réveillée avant 9h et incapable de rester au lit, ce qui est anormal pour moi. Heureusement grand soleil. J’ai un peu les larmes aux yeux, un peu peur que cela dure longtemps pour moi qui vis en appartement. La Première Ministre autorise toujours le sport en extérieur et on peut même le faire avec un(e) ami(e) si on ne vit pas en famille. Je l’aime bien Sophie Wilmès. Maintenant il faut que je motive S à me retrouver en bord de Meuse pour marcher/courir à deux mètres l’une de l’autre. Ou bien faut-il éviter tant que l’on peut et que l’on supporte la solitude?…

Je pense que je vais faire une cure de sébum. Cela fait des années que j’en entends parler me demandant quand je pourrais bien assumer de rester des semaines sans me laver les cheveux. Bon, il me faudrait un chapeau un peu cool et je crois que je n’ai que des bonnets. Let’s see.

Je vais me préparer et voir s’il y a moyen d’aller chercher des livres à la bibliothèque avant le confinement annoncé à midi. Ensuite, je verrai si je passe au travail ou pas…il va bien falloir y aller à tour de rôle tout n’est pas possible à distance et nous devons pouvoir répondre à des personnes en crise.

La bibliothèque était fermée. Je ferai avec ce que j’ai, ça devrait aller, j’ai tout de même « une brève histoire de l’humanité » qui m’attend et c’est énorme.

Je me sens nerveuse et dispersée, je vais au boulot organiser les choses. Moi qui fais un travail constant pour scinder ma vie privée de mon boulot, voilà que cette épidémie réduit tout à néant. Il faudra que je me fasse un planning strict et que je ne bosse plus après une certaine heure…

Malgré tout je me suis sentie utile. Je rentre, j’enfile ma tenue de sport. Je vais faire une surprise à Mamy. Si j’ai bien compris, outre les déplacements essentiels, on peut être dehors pour faire du sport. Je vais donc chez elle à vélo. Mes pneus sont dégonflés, la flemme et je suis maladroite avec la pompe, tant pis, c’est mou mais j’y vais. Je me poste dans son jardin à 5 mètres de sa fenêtre et je l’appelle. Je lui dis de regarder par la fenêtre. Grand sourire, elle ne s’y attendait pas, elle va bien, elle a le moral, sacrée mamy. Je repars après avoir papoté 15-20 minutes et m’être tenue à une distance au-delà du double de ce qui est recommandé et de plus à l’extérieur.

Enormément de monde fait « de l’exercice », par contre je trouve aussi qu’il y a beaucoup de voitures en circulation, je soupçonne certains de ne pas faire que les déplacements « essentiels ».

C’est étrange ces regards échangés, j’ai la sensation de pouvoir lire dans les pensées des gens, je fais les mêmes sourires de connivence qu’eux, les mêmes moues « désolée je m’écarte un max, vous savez bien »… Un peu comme le matin après une victoire dans un match de coupe du monde, quand tout le monde est crevé et content, mais décuplé, car ici personne ne s’en fout (j’espère) et tout le monde est dans la même équipe.

Retour, douche, séance de yoga…je ne suis pas douée et cette séance va trop vite. Après avoir senti mes jambes qui ne me portaient plus et mon centre de gravité se faire la malle, je décide que c’est bon pour aujourd’hui…évitons de nous faire une commotion et de devoir faire appel aux services d’urgence.

Mes cheveux sont dégoûtants, jusque quand vais-je tenir cette cure de sébum ? Il faut que je fasse des courses, je mettrai un bonnet. Je sens que mes cheveux ne seront pas la chose la plus effrayante durant cette « virée shopping », je redoute un peu j’avoue…

Souper léger…j’ai mangé n’importe comment aujourd’hui. Ca y est, y a plus d’horaires, je retourne à l’état sauvage (ou je ne me respecte plus, tout dépend du point de vue). Ca me rappelle un peu mes périodes d’examens. Toujours à culpabiliser, ne pas pouvoir sortir et faire un max de trucs improductifs à la maison. Bon, je vais me faire une to do list professionnelle et une autre maison, je ferai le bilan…

Un peu de lecture et d’écriture, un bon thé (je vais enfin avancer dans l’écoulement de mon stock) et puis netflix and sleep ! Sereine ce soir.

Jeudi 19/03

J’ai dormi un peu plus tard aujourd’hui, j’ai surtout trouvé une position qui ne me fait pas mal au dos. Mon rendez-vous ostéo du 6 avril sera-t-il maintenu ? Mystère.

Beau soleil à nouveau. C’est beaucoup plus calme en bas de chez moi. Les gens doivent avoir fait leurs provisions car c’est le premier jour depuis le we qu’il n’y a pas de file (avec distanciation sociale) à la boulangerie et à la crèmerie.

Je me mets au travail, c’est très bizarre de parler avec mes usagers depuis mon salon. Je les appelle en numéro privé. C’est insolite…la distance n’est plus la même non plus, on échange de personne à personne sur la façon dont nous vivons cela. Je pense que les gens n’ont jamais autant communiqué depuis longtemps, depuis avant les nouvelles technologies peut-être. Technologies qui se révèlent bien utiles.

Je me risque dehors pour aller faire des courses. A mon arrivée, le magasin bio est désert. C’est le temps de midi. Ca se remplit peu à peu et je suis contente de passer à la caisse. Personne ne m’approche. Désespoir, même au magasin bio où tout est cher, il n’y a plus de papier toilette. J’envoie un sms à ma collègue pour lui dire que je vais devoir aller cueillir des feuilles…mais il n’y a pas encore beaucoup de feuilles.

Re travail. J’ai quand-même réussi à faire avancer des choses par téléphone et par mail, notamment sur un dossier épineux qui aurait sans doute requis de se parler en personne. Je soigne plus que jamais ma communication écrite. Ouf, ça devrait se calmer.

Je voulais courir avec S. mais elle a déjà couru ce matin. Je vais donc aller marcher avec elle. Je ferai une video de fitness pour compléter en rentrant et je courrai demain. Le ciel est gris maintenant, nous croiserons sans doute moins de facteurs de risques (les autres êtres humais) qu’hier.

Nous allons marcher, je lui ai demandé de me prêter un sécateur pour pouvoir couper quelques branches et me faire un arbre de Pâques. Il fait gris et il y a moins de monde qu’hier.

Vidéo avec ma filleule, sa grande sœur et leur maman, ma chère amie. Cela me réchauffe le cœur, elles sont créatives en matière de bisous volants et ma toute petite, qui va bientôt fêter ses 3 ans en confinement, embrasse même le téléphone de sa maman pour me faire un câlin. Elles me manquent déjà.

Séance de sport car j’ai besoin de fatigue physique et la marche ne m’a pas suffi. Je termine vers 20h…je ne vois personne aux fenêtres mais j’applaudis tout de même seule dans mon salon avant une douche bien méritée.

Vendredi 20/03 : Ce sont les 40 ans d’une amie, elle s’en souviendra toute sa vie. Finie la pression sociale à faire une fête. Il fait gris aujourd’hui. Je bosse un peu, je m’informe et la situation en Italie me fait énormément de peine.

En France, ça commence à chauffer aussi et l’intervention d’un médecin en colère sommant les gens de rester chez eux me fait culpabiliser car je voudrais aller courir, seule bien sûr, sans mettre personne en danger… Si on me dit d’arrêter je le ferai, mais c’est encore autorisé. Au moins aujourd’hui, comme il fait moche, je vais croiser peu de monde, moins que d’habitude.

Je me suis réinscrite sur Babbel pour faire du néérlandais, c’est sur ma « to do list confinement ». Je regarde un épisode de Grace & Frankie et cela me fait rire mais cela commence aussi à me faire bizarre de lire et regarder des programmes où les gens évoluent selon leur bon gré, comme si l’idée d’une nouvelle normalité était vraiment en train de s’implanter dans mon esprit.

10km en 1h12, lentement mais surement ? Il fait très gris, il y a beaucoup moins de monde. Je suis satisfaire car cela fait des semaines que je ne courais plus, notamment à cause des tempêtes qui se sont succédées tous les weekends de février. J’ai perdu en vitesse mais pas en endurance.

Retour, petit bain, coma d’1h30…vidée je suis finalement.

Je fais mon arbre de Pâques et je me rends compte que j’ai peut-être fait une erreur de casting niveau branches.  Il fait un peu la gueule, il me fait même un peu peur, n’a-t-il pas l’air de m’en vouloir ?

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J’ai un peu pitié même…

Soirée devant Koh Lanta, comme quoi, même au grand air, les gens sont prêts à s’entretuer.

Samedi 21/03 : Le printemps est arrivé…  Je suis sereine en imaginant la planète qui respire, mais alarmée par ce qu’il se passe en Italie.  Les chiffres grimpent ici aussi.

Mon père passe au magasin en bas de chez moi et je le reçois sur le seuil, à deux mètres de distance.

J’expédie quelques corvées et je sens déjà que je vais procrastiner sur toute une série de tâches qui figurent sur ma liste. Bon si ça dure encore beaucoup de semaines, je finirai bien par être à cour de distractions et par me réjouir de vider et dépoussiérer mes placards.

Le soleil sort un peu et moi aussi. En route pour une marche dans la campagne. Je frappe à la fenêtre de mes amis pour leur dire bonjour, je découvre des alternatives à mes chemins habituels et des points de vue que je ne connaissais point. Je vois aussi des gens qui trichent, des ados principalement. Il y a aussi les paranos, le nez dans leur écharpe qui même à trois mètres ne détournent pas le regard, en mode « on ne sait jamais si ça se transmettait en se regardant ».

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Soirée lecture et Outlander…everything is so quiet…

Dimanche 22/03 : Super, des rediffs de Friends…les épisodes du mariage de Ross et Emily quand Monica et Chandler tentent de cacher leur relation et que Chandler est tout le temps obligé d’embrasser Rachel et Phoebe. Qu’est-ce que c’était bon quand même cette série…

Appel de M. confinée chez ses parents. Si proches et pourtant si loin…

Quelques tâches domestiques et quelques vidéos youtube. Je décide de me cultiver et me lance dans le « Secrets d’Histoire » consacré à Elizabeth 1. Je le regarde par petits bouts tout au long de la journée.

Je sors courir 6 km, je voulais faire plus, mais je n’ai pas les jambes d’il y a deux jours. Frustration. Je vois des gens qui ne respectent pas les mesures de confinement. Des ados (ça je peux leur pardonner), des groupes d’enfants dans les ruelles des villages (alors que les maisons ont des jardins et une taille appréciable, je précise), un con qui ne freine pas alors que je traverse un passage pour piéton, des motards dans les chemins où je cours. Regain de misanthropie. Comme j’ai encore de l’énergie à évacuer, je me fais une petite séance de hiit en vidéo.

Je continue à me cultiver avec Stéphane Bern et je renoue avec le coloriage de mandalas. Je vais sans doute finir le livre que ma maman m’avait offert lors d’un arrêt maladie de près de trois mois en 2016. Je me sens extrêmement calme et tout stress m’a quittée.

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Tellement relaxant, et ça change des écrans…

Conversation vidéo avec mon amie C. Ca fait du bien de « voir » les gens. Ce confinement va peut-être me convertir aux échanges médiatisés.

Re coloriage et it’s blog and Barnaby Time.

Bonne nuit, bonne semaine et, de grâce, respectez l’effort collectif, ceux qui prennent des risques pour le bien de tous et les consignes en vigueur dans votre pays.

L’humanité au temps du Corona

Bonjour, ne me remerciez pas pour le jeu de mot en allusion à un célèbre roman (dites moi si vous avez la référence). Je voulais écrire un article sur mon état d’esprit du moment. Sur comment je vois dans cette épreuve collective un sursaut possible pour l’humanité, de l’espoir retrouvé dans notre capacité à être solidaires (malgré les comportements cons et égoïstes de certains), sur à quel point je sens mon coeur et mon sang italien vibrer de fierté et d’amour lorsque je vois des vidéos de chants sur les balcons de Naples, Rome, Florence…, sur cet étrange soulagement que j’éprouve à l’idée d’un ralentissement forcé par quelque chose de plus fort que nous. Je n’en dirai pas plus et je vous partage ici l’édito de Francis Van de Woestyne publié hier sur La Libre Belgique. Je le trouve si bien écrit et si inspirant. Prenez soin de vous et des autres, ralentissez et profitez des choses simples.

Voici le texte complet:

Trois semaines, au moins. Et sans doute plus. Sans école, sans café, sans bar, sans restaurant. Sans serrer la main d’un ami, sans embrasser une amie. Sans aller rendre visite à ses grands-parents. Sans faire la fête entre copains, sans dîner de famille. Sans aller au théâtre, au cinéma, au concert. Sans se dépenser dans une salle de sport, sans jouer au tennis, à l’intérieur.

Trois semaines, au moins. Pour aider sa voisine, qui ne peut plus se déplacer, à faire ses courses ; pour prendre en charge, de temps en temps, les enfants de son frère, de sa sœur. Pour aller se balader en forêt, épier le printemps qui s’éveille. Pour lire ou relire Proust, Yourcenar, Philippe Roth.

Trois semaines, au moins. Et sans doute plus. Pour réfléchir au sens de la vie, à notre manière de consommer, de nous déplacer. Pour nous rendre compte du magnifique système de soins de santé dont nous pouvons tous profiter. Pour admirer le travail des médecins traitants, des urgentistes, des pédiatres, des infirmières, des radiologues, de secrétaires médicales, de ceux et celles qui font de notre médecine un exemple.

Trois semaines, au moins, pour reprendre confiance, malgré tout, dans le système politique belge, malmené par quelques inconscients, incapables de s’entendre, privilégiant les intérêts partisans, sur l’intérêt général. Un entêtement qui pourrait prendre fin dans les heures ou les jours qui viennent. Fallait-il vraiment une pandémie pour que la Belgique dispose enfin, d’un gouvernement d’urgence, après neuf mois de tergiversations, d’irresponsabilité ?

Trois semaines pour vivre autrement. Sans dévaliser le petit épicier du coin ou la grande surface. Pour ne pas tomber dans cette folie qui a poussé des milliers de personnes à se ruer sur le thon, la farine, les sardines et… le papier WC.

Peut-être, finalement, garderons-nous de cette période une nouvelle sagesse, peut-être donnerons-nous un nouveau sens à notre vie. Pas pendant trois semaines. Mais pour longtemps, pour la vie, peut-être…

 

 

Les petits gestes écolos estivaux (4)

Bonjour à tous et à toutes,

J’ai eu la chance de passer une semaine en Croatie il y a dix jours. En observant les habitudes des personnes sur place et mes propres nouvelles résolutions, j’ai eu envie d’écrire un petit article compilant les efforts plus ou moins grands que nous pouvons faire pour être des estivants et des vacanciers un peu plus responsables. Tout de suite, voici ma petite liste :

  • Tout d’abord, il n’est pas obligatoire de partir en vacances et la vie vaut la peine d’être vécue même si on n’a pas l’envie/le temps/les moyens de partir en vacances. Ceci méritait d’être dit car j’ai parfois l’impression (et même vécu) que lorsqu’on dit aux gens qu’on ne part pas, ils nous regardent avec un peu de commisération comme si on leur annonçait qu’on était atteint d’une maladie grave. Ne pas partir peut aussi être un choix et c’est sans nul doute un choix très éco responsable. Découvrir les jolies choses autour de nous dans un rayon de 100km (rayon à déterminer) peut être un challenge sympathique…
  • Privilégier les transports en commun ou la voiture. J’ai moi-même pris l’avion pour aller en Croatie, je voyageais avec ma maman qui ne supporte plus les longs trajets en voiture. Cependant, avec les vols low cost (qui ne paient le prix juste ni au personnel ni à la planète d’ailleurs), on oublie souvent que certaines destinations sont tout à fait praticables en voiture et/ou en train (même si l’offre est bien insuffisante pour concurrencer l’avion malheureusement). Je pourrais aller en Croatie en voiture une prochaine fois, je vais en Italie en voiture cet été et je suis allée au Danemark l’an dernier en voiture. J’aimerais beaucoup faire l’Angleterre comme ça et j’ai un peu honte quand je pense que, dans le passé, j’ai pris l’avion pour aller dans des endroits comme Berlin ou Marseille (je vis en Belgique). Aujourd’hui, je ne ferais clairement plus les mêmes choix.
  • Emportez vos sacs réutilisables. On m’a dit que la consommation d’emballages plastiques était la plus dramatique dans les pays plus lointains et moins « développés ». Naïvement, je pensais qu’en Europe, l’effort était global. J’ai bien déchanté en Croatie, pays tout à fait développé. Ils emballent tout dans du plastique et ne comprennent pas que l’on refuse. En tout et pour tout, j’ai vu une dame au supermarché sortir son propre sac en tissu. Je me revois ici il y a quelques années. Donnons l’exemple et soyons des touristes qui n’en rajoutent pas en en tout cas. J’avais un sac avec moi et ma maman aussi, cela nous a suffi et nous avons relevé ce challenge.
  • Dans la même veine, investissez dans une gourde. J’avais mis 30 euros dans une gourde en inox qui maintient le liquide frais durant 24h et c’était un bonheur de boire de l’eau fraiche après des km de marche en plein soleil ou lorsqu’on est dans une voiture surchauffée. La mienne est une chilly et je vois aussi beaucoup de qwetch. Ca évite aussi de payer des consommations et de s’arrêter pour chercher un magasin. Je suis assez fière de ne pas avoir acheté une seule bouteille en plastique durant ces vacances.
  • Toujours en parlant de boissons, refusez les pailles en plastique. Attention, exercice périlleux puisqu’il faut souvent y penser au moment de commander. A glisser dans son sac ou à avoir chez soi lors des barbecues, soirées cocktails et autres : les pailles en bambou ou en inox. Accompagnées de leur petit goupillon de nettoyage (souvent vendu avec), elles feront parfaitement l’affaire et comme les enfants réclament souvent des pailles, c’est une bonne façon de les sensibiliser.
  • Utiliser de la crème solaire bio. Je ne l’ai pas encore fait car j’ai un spray à terminer, mais c’est le next step. Ca évite de se tartiner la peau de perturbateurs endocriniens et autres joyeusetés et ça évite de les évacuer dans la mer, les rivières ou la douche pour qu’ensuite on finisse par les boire ou manger des poissons qui en ont consommé.
  • Après les pailles, investissez dans de la vaisselle en bambou (ou alternative) pour les repas sur la terrasse ou les barbecues. Si vous n’avez pas envie de faire courir de risques au service en porcelaine reçu lors de votre mariage, ce n’est pas une raison pour remplir un sac poubelle de plastique à usage unique à chaque réception.

Voilà, ce sont les idées qui me sont venues en tête lors de la préparation de cet article. Je suis sûre qu’il y a beaucoup de choses à dire encore, mais c’est déjà pas mal. Si vous en avez d’autres, n’hésitez pas à en parler dans les commentaires. N’hésitez pas non plus à partager ou liker cet article et à parler de ces initiatives autour de vous. Sensibiliser les autres, c’est aussi faire une part du travail.

Dans quelques jours, l’été commencera officiellement. Beaucoup d’entre vous s’en réjouissent (pour ma part, ce n’est pas la saison que je préfère) et je nous le souhaite à tous détendu, serein et propice aux beaux projets.

Si vous voulez (re)lire mes précédents articles sur les gestes écolos, voici les liens:

Petits gestes écolos 1

Les gestes écolos (2)

Les gestes écolos 3: électricité et menstruations

 

Pitié pour la nation…

Il y a quelques années, une amie qui voyageait aux USA m’a envoyé une carte postale sur laquelle figurait un poème inspiré de Khalil Gibran. Je l’ai affiché sur mon frigo et il n’a pas bougé depuis. Comme beaucoup, j’ai voté ce weekend. Mon pays s’avère aujourd’hui pratiquement ingouvernable et un raz de marée inquiétant va venir grossir les rangs du parlement européen. Je ne me livrerai pas à une analyse, je n’ai pas les compétences nécessaires, ni l’énergie. L’art et les mots sont une de mes plus grandes sources de réconfort. Je vous partage juste ce poème, suivi de ma traduction personnelle car je n’ai pas pu en trouver une sur le web… Bonne lecture !

« PITY THE NATION »
(After Khalil Gibran)

Pity the nation whose people are sheep

And whose shepherds mislead them

Pity the nation whose leaders are liars

Whose sages are silenced

And whose bigots haunt the airwaves

Pity the nation that raises not its voice

Except to praise conquerors

And acclaim the bully as hero

And aims to rule the world

By force and by torture

Pity the nation that knows

No other language but its own

And no other culture but its own

Pity the nation whose breath is money

And sleeps the sleep of the too well fed

Pity the nation Oh pity the people

Who allow their rights to erode

And their freedoms to be washed away

My country, tears of thee

Sweet land of liberty!

 

“PITIE POUR LA NATION”

(d’après Khalil Gibran)

Pitié pour la nation dont les habitants sont des moutons

Et dont les bergers font fausse route

Pitié pour la nation dont les dirigeants sont des menteurs

Dont les sages sont réduits au silence

Et où les bigots hantent les ondes

Pitié pour la nation qui n’élève pas la voix

Sauf pour louer les conquérants

Et acclamer les brutes comme des héros

Et qui souhaite diriger le monde

Par la force et la torture

Pitié pour la nation qui ne connait

Aucune autre langue que la sienne

Et aucune autre culture que la sienne

Pitié pour la nation

Dont le souffle est l’argent

Et qui dort du sommeil de ceux qui ont trop bien mangé

Pitié pour la nation Oh pitié pour le peuple

Qui laisse ses droits s’éroder

Et ses libertés s’effacer

 

Lawrence Ferlinghetti

ready to frame!

Bilan culturel d’avril

Nous sommes déjà le 12 mai, il est donc plus que l’heure pour moi de faire mon bilan culturel du mois d’avril. Comme je le disais dans mon article précédent, j’ai été très occupée ce mois. J’ai passé du temps avec des amis et j’avais pas mal d’engagements en soirée avec ma troupe de théâtre, sans parler des représentations.

Au niveau lecture, je n’ai rien à déclarer pour avril. J’ai commencé à lire « Duma Key » de Stephen King, mais j’avance très lentement sans encore avoir d’avis tranché. Je ne sais pas si ça me plait ou non. J’imagine que je vais tout de même parvenir à le lire avant la fin mai.

Je suis allée au théâtre voir Hamlet, avec Thomas Mustin (plus connu sous son nom de scène musical Mustii) dans le rôle titre. C’était une production de l’atelier théâtre Jean Vilar. J’ai un avis mitigé sur cette adaptation. Le texte n’était pas intégral et il était entrecoupé de moments musicaux, en anglais pour la plupart.

Mustii sera Hamlet au Jean Vilar (Ottignies-Louvain-la ...

Les plus :

  • De bons musiciens et de bons chanteurs et des morceaux qui me plaisaient, il y avait même du Bowie
  • Thomas Mustin est une bête de scène
  • La scénographie modulable et pivotante
  • Les monologues essentiels préservés
  • L’histoire reste compréhensible
  • On ne s’ennuie pas du tout

Les moins :

  • Je n’ai pas compris cette « revisite » de l’œuvre, c’était joli et bien fichu mais sans réel plus.
  • Pas compris le pourquoi des choix musicaux…c’était à mon goût mais je n’ai pas saisi si c’était destiné à apporter un plus ou à remplacer des morceaux de texte « coupés au montage »
  • Je ne comprenais pas bien Ophélie et un autre comédien, Polonius je pense
  • L’apparition d’un personnage au parler plus vulgaire qui croire la route d’Hamlet
  • Avec les coupures et les effets, on y perd en émotion. Hamlet était touchant, mais juste quand l’émotion affleurait, il y avait souvent quelque chose, un mouvement, un intermède, qui venait casser le moment.

Au final, j’ai passé un bon moment, même si j’ai eu l’impression d’assister à un exercice de style. Le texte  été en partie expurgé des considérations politiques pour se centrer sur la quête de sens d’Hamlet, sa révolte intemporelle face à la déception que sont les adultes, son tumulte intérieur entre désir de vengeance et tentation de choisir la mort. Cependant, l’émotion manquait, il aurait suffi de pas grand-chose pourtant.

Niveau séries, j’ai regardé deux deuxièmes saisons :

  • Celle d’ « Outlander », dont j’avais déjà parlé ici. La première partie de la saison m’a ennuyée car elle avait lieu en France et ce n’était plus la même ambiance. Heureusement, Jamie et Claire sont ensuite rentés en Ecosse et j’ai beaucoup aimé, même s’il y avait beaucoup de scènes de bagarre.
  • Celle d’ « Ennemi Public » , série belge de la RTBF, que j’ai bien préférée à « la Trève ». La première saison clôturait une intrigue (des meurtres d’enfants dans une petite ville des Ardennes) et en laissait une autre ouverte (la disparition vingt ans plus tôt de la sœur de l’inspectrice Chloé Müller). C’est avec plaisir que j’ai retrouvé Angelo Bison, hypnotique, qui campe un assassin d’enfants en quête de rédemption et accueilli dans un monastère. L’intérêt de la série tient en bonne partie dans son interprétation, on se surprend à avoir de l’empathie pour lui, à croire en son changement, mais je n’en dis pas plus… A ses côtés, Stéphanie Blanchoud (Chloé Müller), Jean-Jacques Rausin (Michaël Charlier), Clément Manuel (frère Lucas), Pauline Etienne (Jessica Müller, adulte) et la jeune Fantine Harduin, entre autres… Une série qui donne l’occasion à des comédiens belges de tourner en Belgique et de jeter des ponts entre théâtre et télévision/cinéma. De plus, le suspense est réellement bien mené et on est vraiment tenus en haleine par la nouvelle intrigue, tout en suivant la vie des habitants de la communauté qui fait face aux conséquences de la première saison… A voir !

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Enfin, sur netflix, j’ai regardé un stand up de Ricky Gervais intitulé « Humanity ». J’ai découvert cet acteur archiconnu outre manche dans la série « After Life », chroniquée ici. J’ai adoré ce spectacle humoristique qui traite de la question « peut-on rire de tout ? » de façon intelligente et drôle. Le comédien y parle aussi de son non désir d’enfants et de son amour pour les animaux. Il y a là tout ce que j’aime, c’est audacieux, engagé, grinçant, extrêmement second degré et cynique. Bien loin de l’humour gras et misogyne des humoristes quinquas français que je ne supporte pas. Je vous recommande chaudement ce spectacle décomplexé et intelligent. Il est très bien sous-titré et lorsqu’on comprend bien l’anglais on saisit également quelques jeux de mots bien fichus.

Voilà, c’est tout pour ce mois d’avril. Je reviens en mai avec de la lecture j’espère, ça me manque. Et vous, qu’avez-vous découvert ? Quelque chose vous donne envie ?

 

Bruxelles: Expo « Révolutions: Records and Rebels 1966-1970 »

Voir refleurir une plante qui ne nous donnait plus spécialement espoir, faire son sac de façon minimaliste et refermer la porte derrière soi sans pesanteur inutile, surprendre un papillon qui s’est lui aussi hasardé à devancer le printemps, prendre le train par un jour ensoleillé, avoir l’impression d’être en mai, télécharger de nouvelles playlists pour le voyage, enclencher « British classics » et démarrer avec « Beautiful ones » de Suede, amour adolescent presqu’oublié, trouver une place à l’étage avec baie vitrée et regarder défiler le paysage, la campagne en jachère, retrouver cette capitale que j’aime, se promener avec une amie de longue date dans un parc inconnu au tomber du jour et poursuivre la soirée à converser sur ce qui fait l’essentiel même si c’est dur, dormir, bruncher au soleil et savourer l’orange pressée par une main amie, sortir, marcher, flâner et se laisser porter jusqu’à destination, se laisser émerveiller, redécouvrir ses sens en portant un regard sur cette non quotidianité pourtant familière, battre le pavé et rentrer en se disant que c’était une belle journée…

Lifestyle: You Say You Want a Revolution? Records and ...

Comme à chaque fois que je me promène dans Bruxelles, je me dis que je n’en profite pas suffisamment. J’y suis allée principalement pour visiter l’exposition Revolutions: Records and Rebels 1966-70. Pour 10 euros, j’ai vécu une expérience immersive (grâce à la technologie Sennweiser : de la musique dans mes oreilles grâce à des écouteurs qui donne une impression que la musique est partout, à 360°) absolument magnifique durant presque 2 heures. Cette exposition a été conçue par les équipes du Victoria & Albert Museum, reconnu pour ses créations de qualité. Nous baignant dans la culture musicale des années 66 à 70 (la crème de la crème à mon humble avis), l’expo nous balade dans la société et les combats de l’époque : émancipation, féminisme, combats pour les droits des minorités ethniques et sexuelles, conquête de l’espace, manifestations estudiantines contre la guerre du Viet Nam, mai 68, etc… Le tout dans une esthétique léchée, qui va des affiches de festivals, aux costumes et au mobilier. On peut même revivre la prestation de Jimi Hendrickx à Woodstock sur écran géant, confortablement affalé sur un coussin fatboy. La fin de l’expo nous parle également des balbutiements de l’informatique et de l’éveil de la conscience écologique. Un triste rappel de ce que nous vivons aujourd’hui et qui montre que l’émancipation salvatrice a malheureusement rapidement fait place à l’individualisme et à la société de consommation que nous connaissons aujourd’hui. Place à de nouvelles luttes donc… Une expo à voir jusqu’au 10 mars (ce qui laisse deux weekends quand même) et que je vous recommande plus que vivement. J’ignore si elle va tourner dans d’autres villes et pays, j’espère que oui.

Voilà, c’est terminé pour aujourd’hui. Si vous avez lu et apprécié cet article (ou pas), n’hésitez pas à commenter, liker et vous abonner à mon blog. Ca fait toujours plaisir d’avoir un retour plus concret que les statistiques anonymes de wordpress.

Ecologie et minimalisme: pourquoi ces efforts?

Bonjour à tous, je reviens ici avec un petit article motivationnel autour de l’écologie et du minimalisme. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été sensible à l’écologie, la nature, les animaux, le réchauffement climatique. J’ai arrêté très jeune de manger de la viande, bien avant l’engouement actuel pour le végétarisme ou le véganisme. Cependant c’est aussi une période où j’ai beaucoup pris l’avion sans trop me soucier de la planète, Ryanair était alors mon meilleur ami. Par ailleurs, ce n’est que depuis récemment que j’ai un véhicule à temps plein. J’ai longtemps longtemps utilisé les transports en commun pour la plupart de mes trajets. Je prenais aussi beaucoup de bains et me disais que toutes ces heures de train à réduire mon empreinte carbone méritaient bien cette petite récompense. Bref, j’y pensais sans faire de mon mieux. Aujourd’hui non plus, je ne fais pas de mon mieux. Faire de mon mieux signifierait reprendre le train et perdre parfois 45 min/1h à attendre parce que la SNCB a changé les horaires en 2014 et qu’ils ne matchent plus aussi bien ceux de mon boulot, cela signifierait renoncer pour de bon à l’avion (qui est moins cher que le train, j’ai regardé sérieusement pour aller en Toscane, on se fout de qui ?), cuisiner beaucoup plus notamment mes alternatives végétariennes au lieu de les acheter dans du plastique, renoncer pour de bon aux sodas, n’acheter que des marques éthiques ou en seconde main pour m’habiller, etc… On ne peut pas dire que je ne fais rien, au cours des derniers mois, j’ai entrepris beaucoup de petits changements :

  • J’ai décidé d’acheter plus raisonnablement et de donner-jeter-recycler régulièrement
  • J’ai commencé à acheter en vrac et un peu plus bio
  • Je prends moins de bains, même l’hiver, le sport aide car j’ai parfois davantage envie d’une douche
  • J’avais vachement diminué l’avion déjà, je ne l’ai pas pris pendant 5 ans et j’en reparlerai sans doute, mais je n’ai pas pris ryanair depuis 2011, les autres polluent tout autant mais si je peux éviter le foutage de gueule de l’ultra low cost
  • J’ai cessé de surconsommer des vêtements et suis même restée 4 mois sans en acheter. J’ai racheté un peu (5 pièces je pense au total) aux soldes, mais là je pense que c’est reparti pour une petite interruption.
  • Je choisis les contenants en verre plutôt que le plastique, je n’achète plus du tout de bouteilles d’eau, j’ai des sacs à vrac et des mouchoirs en tissu
  • J’ai pratiquement banni le plastique de ma salle de bain
  • J’utilise des détergents homemade ou écolos
  • J’ai changé de fournisseur d’énergie pour passer au 100% vert

Plus plein d’autres petites choses que je fais maintenant sans y penser et qui sont entrées dans ma routine. Certaines choses me demandent des efforts, d’autres pas du tout. Mon état d’esprit oscille entre deux pôles la plupart du temps.

L’un où je me dis que ce n’est pas assez, où j’en veux aux gens dans les centres commerciaux, aux gens qui prennent l’avion comme on prend le bus, à ceux qui sont pour la croissance à tout prix quand je me dis que la fin du monde est proche et que tout cela est bien dérisoire à côté. J’avais lu cet article (que je vous conseille) qui m’avait assez convaincue et impressionnée où un professeur d’université expliquait qu’il ne prendrait plus l’avion…jamais.

Puis il y a des jours de découragement où je me dis que les avions sont remplis de gens qui vont en voyage certes (et que c’est pas mal non plus dans le fond que des personnes aux revenus plus modestes puissent accéder à ce qui était autrefois un privilège) mais surtout de personnes qui voyagent pour le business et font des vols intercontinentaux pour 48h. Que les déchets plastiques des ménages devraient diminuer, mais qu’ils ne sont rien à côté de ceux des entreprises et qu’ils arrangent les lobbys pétroliers. Bref qu’il ne suffit pas de faire des efforts individuels et d’en vouloir aux autres. Car ces efforts ne sont produits en grande partie par une frange de la population, middle class, bobos, écolos, etc… Que les plus riches n’en ont cure apparemment (même ceux qui sont encore jeunes et vont vivre le réchauffement, même ceux plus vieux qui ont des petits enfants…) et que les plus défavorisés, dont les besoins primaires ne sont pas satisfaits (avoir un toit sur la tête, de quoi manger, des soins de santé, une sécurité…) ne peuvent tout simplement pas avoir la disponibilité mentale pour se soucier de ces enjeux là et que c’est bien normal.

Bref, que sans solution structurelle, qui contraint les entreprises et limite notre pouvoir d’achat de certaines choses, de par des règles claires ou simplement l’arrêt de la production de certaines choses, et bien on ne s’en sortira pas. Je ne parle pas de nivellement économique par le bas, mais si on continue à produire de l’huile de palme, la déforestation se poursuit et on continue à en consommer. Si elle est interdite, les entreprises devront trouver autre chose et on devra consommer autrement. On ne devrait plus avoir le choix. Limiter les trajets en avion, non en les réservant aux plus riches, mais en ayant un capital annuel, triennal, quinquennal, peu importe à ne pas dépasser. Les possibilités sont multiples. Elles demandent un gros travail au législateur et le législateur en bon apôtre de la sacro sainte croissance ne le fait pas. Je vous invite à lire cet article sur les travers de l’hyper responsabilisation individuelle qui résume assez bien ma pensée.

Dans ces jours là, la colère se mêle à la peur, se mêle à la tristesse et à un soupçon de misanthropie. Et pourtant, globalement, j’ai le moral, une vie dont je n’ai pas à me plaindre et je poursuivrai dans mes changements. Pourquoi ? Eh bien parce que cela va au-delà de l’écologie. J’ai découvert que j’étais plus heureuse en simplifiant ma vie et en étant davantage consciente de l’origine de ce que je consomme, des savoirs qui nous permettent de vivre de façon plus autonome et moins destructrice. Cela a commencé avec l’envie de désencombrer chez moi. Je sais que je serai amenée à nouveau à déménager au cours de ma vie et c’est fatigant de déménager. J’ai décidé que le jour où ça arriverait, je ne voulais pas m’épuiser, charrier des choses inutiles et passer ma vie avec des caisses d’objets fantômes qui ne verraient plus jamais la lumière du jour et ne feraient qu’occuper mon espace physique et mental. C’est parti d’un objectif de confort personnel à long terme. Puis j’y ai pris goût, j’ai trouvé ça reposant d’avoir un intérieur moins encombré et de savoir ce que j’avais, de mettre en valeur ce qui me plaisait. Ensuite, j’ai lu pas mal de blogs, regardé pas mal de vidéo youtubes inspirantes et c’est devenu un jeu. L’écologie est venue ensuite, j’ai eu un vrai déclic en allant au Danemark et en regardant (3 ans après tout le monde) le film Demain et sa suite Après demain. J’ai cessé d’acheter des vêtements, j’ai commencé à acheter en vrac, limiter le plastique et écrire mes articles sur les gestes écolos.

Au final, je continue parce que cela m’apporte des bienfaits à moi-même si ça ne sauvera pas le monde :

  • C’est mieux rangé chez moi
  • J’ai réalisé de sacrées économies notamment sur les vêtements
  • J’ai le plaisir de soutenir un commerce un peu plus local (je suis loin d’être au top)
  • Ma peau est plus belle
  • Je me sens plus zen
  • Je m’achète de jolies choses durables que je prends plaisir à réfléchir et choisir
  • Cela libère de l’espace mental pour ma créativité
  • Je sors moins souvent la poubelle (donc je paierai moins de taxes aussi)
  • Je passe moins de temps à faire mes courses

Et, chose la plus importante, même si je ne vais pas plus loin pour le moment (parce que c’est mon choix, je vais à mon rythme, cet entre deux me convient et ces fameux changements structurels je les attends quand-même…), je vis en accord avec ce que je pense. L’une des premières choses que je me souviens avoir apprises en arrivant à l’université, c’est la Théorie de la Dissonance Cognitive de Festinger (je vous invite à lire l’article wikipedia à ce sujet, c’est assez ludique et illustré et moi je trouve cela intéressant) qui dit, en gros résumé, que nous ressentons un état de tension interne lorsque nos valeurs, nos cognitions et nos actes ne sont pas cohérents. Par exemple, savoir que ce n’est pas bon de fumer et le faire quand même. Cette théorie dit que face à cet exemple banal, l’humain va typiquement culpabiliser (la tension interne). Pour s’arranger avec cette situation, il va peut-être tenter d’arrêter de fumer (pour que ses actes soient en accord avec ce qu’il sait). Il peut aussi se mettre à changer ses pensées pour que l’acte ne lui semble plus si néfaste, par exemple se dire « il faut bien mourir de quelque chose », « quand j’ai commencé, on ne savait pas que c’était si mauvais », « si j’arrête, je vais grossir et ça aussi c’est mauvais pour la santé », « je fais du sport alors ça compense ». De cette façon, il réduit la tension interne et retrouve du confort. Nous avons tous tendance à rechercher ce confort mental.

Pour moi c’est pareil avec la surconsommation et la pollution. Je suis désormais trop consciente pour faire comme si de rien n’était. Donc mes petits efforts sont finalement assez égoïstes puisqu’ils me font avant tout du bien à moi.

Voilà, je pense que je peux m’arrêter là, vous avez saisi. Cela me fait du bien de déplier ma pensée et de la mettre noir sur blanc. Peut-être penserez vous que je vais trop loin. Moi je pense que se faire du bien à soi, c’est faire du bien à la société et vice versa. Je suis quelqu’un qui vit autant que possible en accord avec de que je sens, avec mes intuitions et mes idéaux. Je pense que cela ne peut que faire du bien de prendre le temps d’identifier ce en quoi vous croyez, ce qui vous fait grandir et ce qui vous fait du bien sans causer de tort aux autres. Qu’en pensez-vous ? Je serais ravie d’avoir vos avis et de savoir ce que cet article vous inspire. Pour ma part, je continuerai à parler d’écologie et de simplicité sur cet espace virtuel sans que cela de devienne le thème principal. Il se fait que ça a pas mal occupé mon esprit ces derniers mois.  Je ne serai jamais parfaite, je ne vise pas à l’être, ni à faire culpabiliser les gens mais à partager ce qui fonctionne sur moi et à vous donner mes bons plans.

PS : disais un petit article en première phrase, mais il est super long. J’avais besoin de faire le tour de la question.

Les gestes écolos 3: électricité et menstruations

Bonjour à tous, me revoici avec un article écolo. Cela fait plusieurs semaines que j’attends de vous en parler car beaucoup de choses me trottent en tête, notamment en voyant les marches pour le climat, les mobilisations estudiantines, les jolies initiatives et en face, l’immobilisme des politiques qui ne se décident toujours par à limiter le pouvoir des lobbys et à mettre des contraintes aux multinationales qui détruisent notre planète. Je ferai un article là-dessus bientôt, qui parlera de mon point de vue sur la question, pourquoi faire des efforts, de l’espoir et aussi pourquoi persévérer dans cette voie peut être bénéfique à notre vie, même si cela ne change pas la face du monde. Mais j’y reviendrai, il est maintenant l’heure de parler des changements opérés dans ma vie. Ce qui est bien avec ces changements, c’est que ce ne sont pas des efforts, ce sont juste des choses qu’on fait une fois et qui font déjà la différence.

La première chose, c’est que j’ai fait les démarches pour changer de fournisseur d’électricité. J’ai délaissé un fournisseur classique (Essent, qui reste par contre mon fournisseur de gaz) pour confier mon approvisionnement électrique à Cociter (Comptoir Citoyen des Energies). Pourquoi ? Pas pour payer moins…encore une fois, si je comprends que beaucoup de monde doit regarder à chaque euro, j’ai la chance que cela ne soit pas mon cas et ce n’est pas ici le but de la démarche. Ma motivation est multiple :

  • investir dans une coopérative à taille humaine qui donne du travail aux gens ici, où l’on a directement une vraie personne qui répond à nos questions et est à notre écoute en cas de problème. Quel bonheur de ne pas atterrir dans un call center impersonnel après avoir tapé 3 numéros et été mis en attente plusieurs minutes.
  • être assuré que l’entreprise fournit de l’énergie verte et réinvestit dans les énergies renouvelables exclusivement. Car beaucoup de fournisseurs d’énergie dite « verte » réinvestissent tout de même leurs bénéfices dans le pétrole ou le nucléaire. Cociter a une cote de 20/20 chez Greenpeace.
  • Gagner un peu de sous : bon ça, c’est vraiment symbolique, mais pour souscrire un contrat, la coopérative demande que le client investisse en achetant une action auprès d’une des coopératives partenaires. En fait, Cociter redistribue l’énergie fournie par les éoliennes détenues par des coopératives citoyennes. En achetant les actions (dont le prix varie entre 125 et 250€ selon la coopérative), vous permettez aux coopératives de disposer de fonds afin de développer leur activité et grandir. Vous devenez donc actionnaire et chaque année vous êtes donc susceptible de percevoir des dividendes. Ceux-ci varient bien évidemment et sont plafonnés à 6%. C’est logique de plafonner, le but étant ici de pouvoir développer de nouveaux projets éoliens, de fournir une plus grande quantité d’énergie verte et non d’enrichir les actionnaires. Ceci dit, 6%, si on place une petite somme (le max étant je pense 5000 puisque ce sont des entreprises à taille humaine), c’est toujours plus rentable qu’un compte épargne.
  • Pouvoir admirer les éoliennes que je « finance » puisque j’ai acquis une action dans une coopérative située à une cinquantaine de km de chez moi.

Parc éolien de Chîvremont - Coopératives à la carte

Pour toute info supplémentaire, je vous invite à visiter leur site, ainsi que le site de Greenpeace qui vous informeront mieux que moi. Sachez qu’où que vous soyez en Wallonie, Cociter peut devenir votre fournisseur d’énergie. Si vous n’habitez pas cette région, consultez Greenpeace pour des alternatives près de chez vous ou faites une recherche sur internet, j’ai l’impression que ces initiatives se multiplient et ce serait étonnant qu’il n’en existe pas une qui peut vous satisfaire. Pour ma part, j’éprouve une grande satisfaction à l’issue de ce changement. Je me suis en quelque sortie rendue du pouvoir en posant un choix en accord avec mes valeurs. Je vous invite à examiner sérieusement la possibilité d’opérer vous aussi ce changement, que ce soit pour la planète ou parce que vous en avez marre d’enrichir des actionnaires multimilliardaires dans les pays du golfe par exemple.

Passons maintenant à mon second changement. Attention, sujet sensible puisque ce sujet concerne les règles, le sang, le cycle menstruel, les déferlantes, le débarquement des anglais…bref vous avez compris. Pour faire court, je cherchais une alternative aux protections traditionnelles. J’ai toujours détesté les tampons et en plus il y a des merdes fourrées dedans pour les blanchir. Ils en ont fait des bio mais cela ne règle pas le problème du choc toxique ni le problème que je n’aime pas en mettre (mais ça tout le monde s’en fout). Nous avons assisté à l’avènement de la coupe menstruelle. Une bénédiction pour certaines, écologique, économique, durable, bonne pour la santé. Mais cela ne réglait pas non plus le risque de syndrome du choc toxique, lié à la rétention du sang à l’intérieur du corps. Mais bon, c’est déjà super et tant mieux si cela convient à un grand nombre, mais les techniques invasives, toujours pas pour moi. Me restaient les serviettes hygiéniques. Pas de choc toxique, pas de problème d’insertion, mais de la pollution, des déchets, une sensation désagréable au bout de quelques heures, et toujours plein de merdes pour les blanchir parce que c’est bien connu, les règles c’est sale (dixit les marques et la société). Me restait la solution de pratiquer le flux instinctif libre (googlez pour en savoir plus car là, j’avoue que j’ai la flemme), mais j’ai préféré m’extasier sur la nouvelle découverte qu’internet a un jour livrée à mes petits yeux ébahis : la culotte de règles. Oui une culotte et basta. J’ai reçu plein de questions de mes copines, voici quelques réponses :

  • Elle ne sent pas ? NON
  • Elle ne perce pas ? NON
  • Mais c’est un lange ? NON, à peine plus épaisse qu’une culotte classique, et encore, juste au niveau de la zone inondable.
  • On la jette après combien de temps ? Elle est aussi durable qu’une culotte classique
  • Elle absorbe bien ? OUI

J’avais d’abord repéré les culottes de la marque THINX, qui bénéficiaient de bonnes critiques mais il fallait les acheter aux USA et je ne trouvais nulle part d’infos claires et sûres quant aux droits de douanes. Heureusement, après quelques mois d’attente, de recherche et de fréquentation de chaines youtubes ou sites féminins/istes, je suis tombée sur la cousine française de THINX qui s’appelle FEMPO. C’est une marque qui démarre, créée par deux femmes qui ont lancé leur start up à Paris. Je vous laisse vous renseigner sur leur site internet. Pour l’instant il y  deux modèles, la culotte (30€) et le shorty (32€) en noir. Elles sont en train de développer un modèle flux ++ (mais qu’est-ce qu’un flux ++ ? Moi le modèle normal me convient parfaitement, je tiens sans problème 12h, mais je ne pense pas avoir le pire flux du monde il est vrai.

Personnellement, je suis conquise par ce changement, il est même révolutionnaire pour moi. Je me souviens le plaisir que j’avais après plusieurs jours de règles, à retrouver la sensation du coton sur ma peau lorsqu’elles étaient enfin terminées. Eh bien ici, je ne perds jamais cette douce sensation. Pas d’odeur, pas de fuites, je me sens au sec et nette en permanence. Bien sûr elles sont un peu chères (et encore, ça dépend où vous achetez vos sous vêtements, mais si vous aimez la lingerie, 30 euros on y est vite), mais elles seront vite amorties quand on pense aux boites de tampons ou de serviettes qu’on n’achètera plus, aux poubelles de salle de bain qui ne déborderont plus, aux déchets que cela ne génèrera plus, au produits toxiques qui ne seront plus en contact avec notre peau, à la galère que c’était d’avoir ses règles (déjà) et d’avoir oublié de « refaire son stock » (en plus). Bref, un sans faute pour moi. Attention, le service clientèle est un peu lent, mais ici aussi, c’est à taille humaine et c’est un business qui démarre. Je vous conseille d’être généreuse au niveau des tailles pour être à l’aise car les modèles sont assez serrants, mais personnellement, pendant mon cycle, j’aime cette sensation d’être « contenue ». Pour l’entretien, il faut simplement rincer à l’eau froide (jamais chaude) puis mettre à la machine avec vos autres vêtements. J’ai commandé mon troisième modèle, car tourner avec deux est compliqué, mais je pense qu’avec 4 et une bonne organisation, cela suffira. En tout cas, pour moi c’est la liberté retrouvée, l’essayer, ça  été de suite l’adopter !

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