Une belle journée

Le bonheur est fugace. Et nous peinons souvent à le reconnaitre comme tel. Il y a quelques jours, je me suis dit que j’étais heureuse. Pas aux anges, pas comblée, mais heureuse. Pourtant je n’ai pas ce que l’on entend par « tout ce qu’il faut » pour être heureuse. Mais que faut il finalement et après qui ou quoi courrons nous ? Je ne saurais le dire exactement, mais je me suis sentie ce jour là le cœur léger, ayant renoué avec une forme d’insouciance et d’avidité pour la vie qu’il m’a souvent été difficile de ressentir ces dernières années. J’ai encore beaucoup de choses à régler dans ma vie, des démons à chasser, des peurs à dépasser, etc… Mais je me lève le cœur léger (même si je hais les matins) et je me couche généralement fatigué et trop tard mais sans craindre que la nuit tombe. Je reçois et donne de l’amour à des gens avec qui je vis des relations constructives. Mon job n’est pas le job de mes rêves, mais il a du sens pour moi et correspond à mes valeurs à défaut de me passionner. Je suis en bonne santé. Je suis raisonnable et pas trop matérialiste, ce qui me permet de dire que l’argent n’est pas un problème. Enfin, j’ai la chance et le temps d’être impliquée dans des projets qui me passionnent et me font me sentir vivante. Je me suis dit qu’il fallait que je fixe ce sentiment, pour m’en souvenir les mauvais jours, mais aussi parce que l’écrire c’est l’ancrer, encrer pour ancrer même si c’est de l’encre numérique…

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Et cette journée était particulièrement jolie, ce 14 octobre. De façon à m’en souvenir et à faire une expérience lue dans beaucoup de livres de développement personnel et de blogs, je liste en conclusion les bonheurs du jour :

  • me retrouver dans les bois baignés de lumière, encore tamisée par les feuillages mais où le sol commence à vraiment crépiter sous nos pas
  • refaire le monde au soleil avec des amies, échanger sur nos vies, nos projets
  • porter une blouse pour laquelle j’ai eu un coup de cœur, que je me suis autorisée à acheter car elle est d’une couleur que je ne porte jamais (en accord avec ma politique d’achat plus raisonnée concernant les fringues) et me sentir belle dedans
  • bosser sur mon projet au jardin, sous un soleil de fin d’après midi
  • ne pas me dépêcher, m’autoriser à reporter une tâche à un autre jour afin de profiter au mieux de celui qui est là
  • programmer une balade à vélo avec mon père
  • écrire cet article devant la télé, en pyjama, à la lumière des bougies et d’une guirlande lumineuse offerte par maman
  • savourer un carré de chocolat

J’imagine que c’est plus difficile à faire lors des jours maussades et c’est dans ces cas là qu’il faut avoir le courage de le faire pour un effet à long terme, s’entrainer à toujours chercher au moins une petite chose. Mais bon, je vais m’arrêter là et juste être satisfaite, sans toujours penser que je pourrais m’astreindre à plus.

Less is more: le bilan

Me voici avec mon « bilan dépuratif ». J’ai mis du temps à me décider à écrire cet article et je pense que la principale raison (outre le fait que je suis une procrastinatrice de niveau olympique) c’est que cela ne s’est pas passé comme je l’avais prévu. Et c’est un autre problème que j’ai, à savoir tendance à reporter/mettre de côté/abandonner/renoncer aux choses si je ne peux pas les faire d’une façon qui me satisfait, c’est-à-dire que je trouve parfaite ou conforme à ce que j’avais annoncé. Et je me rends compte que cela me pousse à ne pas suivre certains chemins alors que j’en ai envie, simplement parce que j’ai peur de la déception, du manque de légitimité ou de crédibilité…que ce soit de moi-même ou des autres. Bref, voici donc ce qu’il s’est passé. Les premiers jours c’était facile, il me suffisait d’ouvrir un tiroir ou une armoire pour trouver un objet à virer, et ce alors que cela faisait quand même plusieurs mois que je me débarrassais ponctuellement d’affaires que je n’utilisais plus ou que j’avais en double. Mais en fait, cela concernait surtout les fringues et pas tant les objets. Je me suis dit que cela allait être vraiment une promenade de santé. Sur la deuxième quinzaine du mois d’août, j’ai laissé partir (à la poubelle, à la récup ou en stock brocante) :

  • Une boite à lunettes de soleil défraichie (ok, dégueulasse)
  • 5 bougeoirs/photophores (une autre de mes passions, j’ai dû faire des choix)
  • Un gros livre de cuisine (soyons réalistes…je ne cuisine pas)
  • 3 sacs
  • Un tapis de bain qui ne va pas avec la couleur de ma salle de bain
  • Une lanterne décorative
  • Un cadre
  • Une toile
  • Un porte clefs
  • Deux vieux téléphones portables et leurs chargeurs
  • Une paire de pompes

Ensuite…j’ai repris le travail, ma motivation a sans doute baissé et honnêtement j’avais exploré les options faciles. Je m’étais dit que je ne compterais pas les fringues, mais finalement j’ai décidé que je pouvais le faire. Arrêter de se mettre des limites, surtout quand je me les impose et qu’elles ne concernent que des accords pris avec moi-même. Je ne veux plus que le perfectionnisme soit une excuse pour ne pas faire les choses, ce dont je parlais plus haut. Pour ce qui est de la suite de mon mois de désencombrement, je déclare donc recevable la masse de vêtements que j’ai soit mise de côté pour un vide dressing (programmé et organisé, ce qui ne part pas sera donné) soit pour le recyclage. Et il y a plus d’une pièce pour  chacun des 15 jours qui restaient à mon défi, oh oui bien plus.

Bilan : je suis assez satisfaite au final. J’ai récupéré de la place (au sens physique du terme) mais aussi, comme j’en parlais l’autre fois, de l’espace mental. D’une part parce que cela m’a amenée à davantage de lâcher prise, d’autre part parce que (concernant les vêtements), je ne vois plus mon armoire en bordel tous les jours et je n’ai plus plein de pensées désagréables à son sujet (« tu en as trop », « il faut changer d’armoire », « mais ça coûte cher », « rien ne va avec ça », etc…). Moins de temps dépensé à des pensées stériles et futiles. J’ai aussi acheté moins de vêtements pour l’automne qu’à l’accoutumée. J’y réfléchis à deux fois, je pense aux sous bien sûr, mais aussi à mes projets et valeurs derrière. Ai-je besoin d’un énième pull gris ou ferais je mieux d’attendre de trouver ce cardigan moutarde qui manque à ma garde robe quitte à mettre le prix s’il vient d’une boutique plus chère ?

Pour la suite, je ne sais pas encore. J’ai envisagé de refaire cela une fois par an ou une semaine par saison peut-être. Mais je pense que la façon la plus simple et la plus libre (et n’est-ce pas ce que je recherche) est sans doute de créer chez moi un « sac de désencombrement » dans lequel je mettrai les candidat(e)s à l’exil. Je pourrai ensuite faire le point à chaque fois que je le verrai se remplir. Affaire à suivre…