Bilan culturel de juillet
Bonjour à tous, me voici de retour pour le rituel mensuel. Ce mois-ci, j’ai avec plaisir consacré davantage de temps à la lecture. L’été est pour moi une saison qui s’y prête. Je suis naturellement une couche tard – lève tard et c’est encore accentué l’été avec la lumière qui nous accompagne tard dans la soirée. Comme je lis principalement avant de m’endormir, cela m’aide à lire davantage. Par contre ne parlons pas du supplice de la sortie du lit les jours de travail.
Ce mois-ci, j’ai donc pu terminer 3 romans qui sortent un peu de mes habitudes de lecture. Un classique et deux romans contemporains qui se ressemblent plus qu’on ne pourrait le penser :
- « Le dixième homme » de Graham Greene
- « Dans la forêt » de Jean Hegland
- « Station Eleven » d’Emily St John Mandel
Je voulais lire un roman de Graham Greene. Comme j’avais vu le film de Brighton Rock, mon choix s’est porté sur « Le dixième homme ». En fait, il présentait surtout l’avantage d’être disponible à ma bibliothèque. C’est un livre qui n’est pas très long (212 pages dans l’édition que j’ai lue). Il présente la particularité de n’avoir été publié qu’en 1983 alors qu’il a été écrit en 1944, commandé par la Metro Goldwin Mayer pour servir de base au scenario d’un film qui ne sera jamais tourné. L’histoire est simple : durant la guerre, les Allemands détiennent 30 otages et leur intiment un soir l’ordre de désigner eux-mêmes trois d’entre eux qui seront fusillés le lendemain matin. A l’issue du tirage au sort, l’un de ceux désignés offre sa fortune à qui voudra prendre sa place. Un homme accepte le marché et se sacrifie alors pour assurer l’avenir de sa sœur et de sa mère. Il devient « le dixième homme ». Ce début est assez rapide et l’essentiel du roman se concentre ensuite sur les conséquences de ce choix sur celui qui a survécu et sur la famille de celui qui est mort. Au-delà d’être un suspense assez haletant (cela pourrait toujours faire un excellent film d’époque), les thèmes abordés sont le pardon, la culpabilité, le sens de la vie, le mensonge… Car passé le soulagement de voir sa vie épargnée, on se rend bien vite compte que le protagoniste s’est condamné à une demi-vie, dépossédé de ses biens, de son honneur et de son identité. J’ai beaucoup aimé cette lecture et je vous la recommande. Je n’ai pas du tout trouvé cela daté.
« Dans la forêt » est un roman publié discrètement par Jean Hegland en 1996. L’autrice a essuyé de nombreux refus avant que son texte soit accepté par une petite maison d’édition. Il a finalement connu un succès national aux Etats-Unis et a été adapté au cinéma en 2014. Ce n’est qu’en 2017 qu’il a été traduit en Français et il connait en ce moment un beau succès en librairie, plus de 20 ans après sa rédaction. Son accueil timide il y a 20 ans de même que son succès actuel s’expliquent peut-être par son thème. Il s’agit de deux jeunes femmes, deux sœurs de 17 et 18 ans qui vivent, comme le titre l’indique, dans une forêt au moment où la société telle que nous la connaissons s’effondre. Il n’est pas mentionné comment cela est arrivé mais dès le début du livre on comprend que depuis quelques semaines ou mois, il n’existe plus d’internet, d’électricité et que bientôt on ne peut plus trouver d’essence ni de nourriture dans les rayons des supermarchés de la ville voisine. L’histoire relate donc l’apprentissage de cette nouvelle vie pour Eve et Nell qui doivent plus que jamais apprivoiser la forêt et ses ressources, se prémunir des maladies et intrusions tout en soignant leur relation entre lutte pour la survie et moments de renoncement. J’ai eu du mal à rentrer dans cette histoire où, de prime abord, il ne se passe pas grand-chose. La véritable aventure est ici avant tout intérieure, à mesure que s’opère chez Nell, la narratrice, un changement complet de perspective, de rapport à l’autre, à la vie et à la nature. Un roman que j’ai finalement beaucoup aimé et qui m’a captivée passées les premières dizaines de pages. Cela m’a aussi évidemment énormément fait réfléchir et fait prendre conscience à quel point je manque de connaissances et de compétences en termes de survie. Inquiétant à l’heure actuelle.
Enfin, j’ai eu un véritable coup de cœur pour « Station Eleven ». J’en avais eu un l’été dernier pour « Rebecca » (chroniqué ici) et depuis cette lecture, c’est le premier livre qui me captive ainsi. Il s’agit d’un roman post apocalyptique. Sans trop en dévoiler, je dirai juste qu’il ne s’agit pas d’une catastrophe écologique, mais rien de surnaturel non plus. Les chapitres alternent entre ce qui est le présent des personnages, à savoir l’an Vingt de la nouvelle ère, et de nombreux flash backs sur ce qui a précédé la chute de la civilisation et sur la façon dont les survivants se sont organisés après celle-ci. On y suit principalement une fanfare itinérante qui joue du Beethoven et du Shakespeare sur les routes depuis des années. Les chapitres se centrent sur des personnages qui ont connu une personne en commun, morte elle avant la chute. Comme le précédent, ce roman fait un peu froid dans le dos et questionne notre pouvoir de résilience. Y sont abordées de nombreuses questions métaphysiques : les souvenirs sont ils un poids ou une force ? faut-il continuer à enseigner le monde d’avant aux enfants ? « Survivre ne suffit pas », tel est le leitmotiv de la fanfare. Je ne peux trouver le mot pour bien vendre ce roman mais je le conseille grandement, il est tout simplement magnifique, poétique, captivant. J’adore ce style de narration, éclatée au début et dont les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu sans effort, harmonieusement. Je lirai assurément les autres ouvrages de cette jeune autrice canadienne, des polars qui plus est.
En parlant d’Eleven, admirez mon sens de la transition puisque je viens de regarder la troisième saison de « Stranger Things » (pour ceux qui ne regardent pas, Eleven est l’héroïne de la série, je ne vous ostracise pas, je n’ai jamais regardé Game of Thrones) et je voudrais épouser les frères Duffer ! Ou en tout cas l’un des deux. Quel bonheur cette série, j’ai l’impression que cette saison était la meilleure, mais j’avoue ne pas m’être repassée les deux premières saisons. J’ai tellement adoré, c’est bourré de références pop (et historique, les russes et les américains en prennent tous pour leur grade) qui me plongent dans une grande nostalgie, surtout le dernier épisode… « l’histoire sans fin », « retour vers le futur », mon âme d’enfant est toute émue. L’esthétique est folle, cela se clôture sur du David Bowie…on veut ma peau manifestement. J’ai ri (quelqu’un peut-il être plus drôle que Steve Harrington ? Seriously ?) eu peur et j’ai même versé une larme… Bref je suis prête pour la suite, mais il nous faut maintenant ronger notre frein durant quelques bons mois, si pas plus d’un an. Bon, revoir « Dark » saison 1 et regarder et comprendre la saison 2 devrait sans doute m’occuper un bon bout de temps.


Niveau ciné, je suis allée voir « Rocketman » le biopic musical sur John Lennon et j’ai adoré. J’avais un a priori positif car je suis fan des deux films Kingsmen et donc de Taron Egerton qui joue Elton John dans Rocketman. Pour ceux qui ont vu Kingsmen, il est amusant de se rappeler le caméo hilarant de Sir Elton dans le second opus. Je me demande si c’est à cette occasion qu’Elton a pensé que ce jeune acteur pourrait l’incarner… Bref, pour en revenir au film, ce fut un excellent moment. On y découvre la jeunesse de Sir Elton, enfant sensible et délaissé, qui n’a véritablement reçu d’amour que de sa grand-mère. Musicalement, on se régale aussi puisque les meilleures chansons nous sont proposées. Cela donne lieu à des moments façon comédie musicale. Le reste du temps, le film est plus classique, les acteurs ne chantent pas les dialogues. Ce sont plutôt des capsules où la narration s’arrêtent et personnellement cela ne m’a pas dérangée, j’ai trouvé cela très originale. J’ai été touchée par l’histoire d’Elton. J’ai vu qu’il était producteur du film et je ne sais pas jusqu’où il a planché sur le scenario, mais le film ne m’a pas semblé édulcoré dans la mesure où l’on voit tout de sa descente aux Enfers. Je ne vous cache rien, Elton John est toujours vivant, donc cela se termine plutôt sur une note d’espoir. Mention spéciale à Jamie Bell (que je n’avais absolument pas reconnu) dans le rôle du meilleur ami et parolier d’Elton John, Bernie Taupin. J’ai été émue par cette histoire de l’amitié d’une vie et par la performance des acteurs. Richard Madden (vu dans Bodyguard) n’est pas mal non plus en producteur peu scrupuleux. Il se fait tailler un costard lui par contre. Et enfin, détail qui n’en n’est pas un : les légendaires mises en scène et costumes sont reconstitués et on en prend plein les yeux. A voir, sur grand écran si vous en avez encore la possibilité !

Je conclus cet article avec un autre film vu à la télévision. En le regardant, je me suis aperçue que je l’avais déjà vu, probablement au cinéma, mais que j’avais oublié. Il s’agit de « Mr Holmes » de Bill Condon avec Ian Mc Kellen. On y suit un Sherlock de 93 ans, désormais à la retraite, qui se plonge dans sa mémoire défaillante à l’aide du jeune fils de sa gouvernante, pour résoudre une enquête qui le hante depuis des décennies. Parallèlement, l’homme et l’enfant cherchent à résoudre le mystère qui entoure la mortalité étrangement élevée de la colonie d’abeilles dont s’occupe le vieil homme. Ce film est inspiré d’un roman de Mitch Cullin et qui reprend le célèbre personnage de Sir Arthur Conan Doyle. C’est un film gentillet dirais-je, mais il ne ravira pas les puristes. En effet, Holmes, même affecté par le grand âge, est bien différent du personnage (quelque peu dénué d’affects et cocaïnomane, dont Benedict Cumberbatch propose une interprétation plus fidèle dans la série de la BBC) créé par Conan Doyle qui l’aurait sans doute renié. A voir par un après-midi pluvieux en repassant avec une tasse de thé à portée de main, ce que j’ai fait.
Voilà, c’est tout pour ce mois-ci. Je retiendrai principalement « Station Eleven », « Stanger Things » et « Rocketman ». Et vous, quoi de neuf ?