Anxiété

L’anxiété est une vieille compagne de route pour moi. Dès l’enfance, je l’ai sentie planer, comme une mauvaise fée qui se serait penchée sur mon berceau. Elle circule dans la famille et parmi les belles choses qui m’ont été léguées, elle figure avec sa moche dégaine et m’a souvent gâché de beaux moments, voire des relations. Elle me susurre à l’oreille des croyances vénéneuses déguisées en vérité. Des mensonges qui me conduisent à me sous estimer, à me faire endosser la casquette de metteuse en scène de scénarii catastrophe et à éviter toutes sortes de dangers imaginaires. Elle s’est déjà manifestée sans que je m’y attende, un matin d’été au réveil. Elle s’invite lorsque je tiens à quelqu’un ou quelque chose que j’ai peur de perdre. Comme je crains de la voir surgir, je la provoque parfois et elle ne manque pas d’apparaitre avec son cortège de pensées paralysantes et dévalorisantes. J’aimerais penser que je l’ai vaincue pour de bon, mais d’outre tombe elle me commande de ne pas être si présomptueuse. Et pourtant, je finis toujours par gagner. Bien sûr j’y perds des plumes, bien sûr certaines cicatrices sont douloureuses, mais je ne renie pas les apprentissages que je tire de ces croisades. Cette année, avec le confinement, j’ai eu l’occasion de beaucoup réfléchir et de me sentir « alignée », pleinement consciente de qui je suis, de ce que je veux et de comment y parvenir. Puis, le monde extérieur, un monde extérieur aux apparences trompeuses et chargé d’une menace nouvelle, a rouvert ses portes et tout cela a vacillé à nouveau. Une nuit, ma vieille ennemie m’a rendu visite. J’ai senti la chambre tourner à nouveau. J’ai eu la tentation de fuir, de me reconfiner en moi-même. Et puis je me suis levée. J’avais à faire, quelqu’un avait besoin de moi et je me devais d’honorer mon engagement envers cette personne et envers moi-même. Envers la femme que je suis devenue, envers la professionnelle fiable et solide que je suis. Depuis, le chemin se poursuit et plus de visite surprise. Pourtant, rien n’est plus facile qu’avant. Pourtant ma tanière est confortable et me fait de l’œil. Mais j’ai décidé de grandir encore, d’éclore un peu plus chaque jour, de prendre le risque de tomber en sachant que j’ai les épaules pour me relever (et surtout les jambes) et que, si je tends la main, il y a fort à parier que quelqu’un la saisira.

Belgique, 29 juillet 2020

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